Yellowknife face à la crise des sans-abris : la mairesse s’exprime

Un femme regarde la caméra en souriant
Rebecca Alty évoque le rôle limité de la Ville, mais réaffirme son engagement à plaider pour plus de ressources. (Photo : Cristiano Pereira)

Rebecca Alty souligne que la Ville joue un rôle limité dans la gestion de l’itinérance et appelle à une meilleure collaboration entre les gouvernements et les ONG.

Depuis plusieurs semaines, un certain nombre de personnes vivent sous des tentes au centre-ville de Yellowknife, se déplaçant à plusieurs reprises avant d’installer leur campement dans une zone située près de la 51e Rue. Cette situation a mis en lumière la question de l’itinérance à Yellowknife, poussant la ville et la communauté à réagir.

En réponse à cette situation persistante, la Ville de Yellowknife a publié un document détaillant ses récentes initiatives pour lutter contre l’itinérance. Le texte décrit la collaboration de la Ville avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) et diverses organisations non gouvernementales (ONG) afin de fournir un soutien et de rechercher des solutions à long terme pour les personnes sans abri.

Selon la Ville de Yellowknife, malgré des contraintes législatives qui limitent son rôle, elle a pris des mesures telles que l’allocation de fonds aux ONG, la direction du Comité consultatif communautaire sur l’itinérance et la facilitation de la conversion de propriétés existantes en logements publics avec soutien.

Dans une interview accordée à Médias Ténois, la mairesse Rebecca Alty a évoqué les actions de la Ville, les défis rencontrés, et les efforts en cours pour aider les personnes en situation précaire.

Des personnes vivent sous des tentes au centre-ville de Yellowknife. Quelles mesures sont prises pour résoudre ce problème?

« C’est le gouvernement territorial qui prend la tête sur ce dossier, mais la ville et les ONG travaillent aussi avec le gouvernement territorial à ce sujet. Il y a probablement deux étapes. La première concerne les campements eux-mêmes, pour s’assurer qu’il y a un espace et pour organiser la mise en place de toilettes portables, de l’eau, et de l’enlèvement des ordures. Mais la deuxième, et je dirais la plus importante, est de chercher des solutions à plus long terme.

Comme nous vivons dans une ville hivernale, il est essentiel d’assurer qu’il y a un endroit où les gens peuvent aller pendant l’hiver. Le gouvernement territorial examine la possibilité d’offrir plus de places dans les refuges, que ce soit un refuge d’urgence ou des logements de transition. C’est encore en cours, et ils envisagent plusieurs options. »

Tony Brushett, directeur exécutif de l’Armée du Salut de Yellowknife, a déclaré que le système actuel de centre d’hébergement est inadéquat. Il appelle à une approche plus coordonnée pour résoudre le problème. Comment la Ville de Yellowknife travaille-t-elle sur ce sujet avec les gouvernements territoriaux et fédéraux? Quel est le rôle de la Ville?

« Le rôle de la ville est assez limité. L’une de nos plus grandes actions est de plaider et d’exercer un lobbying auprès des niveaux de gouvernement territorial et fédéral pour obtenir plus de ce que nous appelons des logements non marchands. Donc, les refuges d’urgence, le soutien en transition, le logement abordable. La ville a un rôle à jouer en ce qui concerne les règlements de zonage, donc en s’assurant que notre processus est le plus simplifié possible afin que lorsque les autres paliers de gouvernement investissent de l’argent, ces logements puissent être construits le plus rapidement possible.

Nous recevons également des fonds fédéraux par le biais du programme Vers un chez-soi. Cela nous permet de mettre en œuvre des programmes comme Logement d’abord pour les adultes, pour les jeunes et pour les familles. Nous avons également des fonds pour des abris et pour la prévention des situations de crise pour les jeunes, les familles, les adultes et les aînés. Mais ce n’est pas suffisant pour répondre aux besoins de la communauté. Je dirais donc encore une fois que notre principal rôle est de plaider et de faire du lobbying auprès des gouvernements fédéral et territorial pour obtenir plus de fonds pour le logement, la santé mentale et les dépendances. »

Un homme derrière deux micros regarde devant lui.
Tony Brushett, directeur général de l’organisme à Yellowknife, demande des solutions adaptées aux populations les plus vulnérables. (Photo : L’Aquilon)

Le rôle de la Ville est limité parce qu’il existe des limites législatives à l’implication de la Ville dans le logement public?

« Chaque gouvernement a des rôles et des responsabilités différents. En résumé, je pense que la façon la plus simple de l’expliquer est que la ville fournit des services aux propriétés, donc l’eau, les égouts, l’enlèvement des ordures, les routes et les trottoirs. Une des exceptions, je dirais, est les loisirs, mais cela se situe également au niveau municipal.

Ensuite, au niveau territorial, il y a les services aux personnes. Vous avez l’hôpital, les services sociaux. Et le gouvernement fédéral, lui, a les fonds, et c’est à lui d’investir dans le capital, donc l’argent pour construire, et au gouvernement territorial d’investir les fonds pour faire fonctionner les bâtiments sur une base annuelle, ce qui inclut le besoin de personnel. Si vous n’avez pas ce qu’on appelle les services globaux, les conseillers, le soutien aux dépendances, c’est une chose de fournir une maison à une personne, mais sans ces services, cela peut conduire à un échec. »

En ce qui concerne le rapport à venir sur le Street Outreach Program, quelles sont vos attentes pour les résultats de cette révision et comment cela pourrait-il influencer les futures politiques ou allocations de fonds pour les services aux sans-abris?

« Oui, nous attendons d’eux une proposition pour un possible modèle de fonctionnement, car il existe une variété de façons dont ces programmes fonctionnent dans le pays. Et ensuite, nous verrons également quels programmes territoriaux et fédéraux peuvent soutenir cela.

Devrait-il être au format actuel, où il s’agit de déplacer les gens d’un point A à un point B? Y a-t-il une occasion de fournir plus de soutien sur le terrain?

Encore une fois, il existe de nombreux modèles différents au Canada et en Amérique du Nord. Il s’agit de voir si c’est le meilleur modèle de fonctionnement et s’il existe une meilleure façon de faire. Et comment les gouvernements fédéral et territorial peuvent-ils apporter leur soutien?

Parce que l’une des raisons pour lesquelles cela a commencé, il y a longtemps, était d’essayer de diminuer les appels pour les ambulanciers et la GRC et de réduire le nombre de personnes se rendant aux urgences alors qu’elles n’ont pas besoin de soins médicaux. Parce que lorsqu’une personne appelle une ambulance, sa seule destination possible est l’hôpital. Mais tout le monde n’a pas besoin d’aller aux urgences. Il se peut qu’ils aient besoin d’aller au centre de dégrisement ou à l’abri de jour.

C’est donc ainsi que cela a commencé, pour essayer de diminuer ces appels. Alors, est-ce que cela fonctionne, ou y a-t-il une meilleure façon de le faire? »

Avec la conversion des appartements Aspen en logements publics avec soutien, y a-t-il des plans pour répliquer des projets similaires dans d’autres parties de la ville, ou pour étendre ce modèle?

Oui! Aspen est un projet dont les rénovations vont commencer à la mi-septembre. L’autre projet que le gouvernement fédéral a financé, et c’est probablement un bon exemple de chaque niveau de gouvernement apportant les ressources qu’il peut, est celui de la 50e Rue. Le gouvernement fédéral a fourni l’argent pour la construction. Le gouvernement territorial va fournir l’argent pour l’exploiter, et la ville a offert le terrain. Donc, il y aura 50 logements publics. Et en ce moment, c’est le gouvernement territorial qui dirige le projet et il est en train de passer par le processus de permis avec la ville.

Comment engagez-vous la communauté pour vous assurer que leurs voix et préoccupations sont entendues dans l’approche de la Ville face à l’itinérance et au logement?

« L’une des choses que le gouvernement territorial fait en collaboration avec les ONG, et que la Ville soutient un peu également, est d’aller rencontrer les individus pour voir quels sont les soutiens dont ils ont besoin. Seraient-ils de bons candidats pour le programme Logement d’abord? Est-ce que ce serait plutôt autre chose? Je crois que ces enquêtes ou cet engagement vont avoir lieu la semaine prochaine. Mais, oui, c’est une occasion de rencontrer les gens face à face, d’entendre davantage ce dont ils ont besoin, puis de créer des plans en fonction de cela. »

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