Des Nunavummiut visitent le site de l’ancien hôpital pour Autochtones Charles-Camsell

Un homme marche près d'un monument sur le site de l'ancien hôpital Charles Camsell.
Pendant leur voyage, les participants ont visité le site de l’ancien hôpital pour Autochtones Charles-Camsell, à Edmonton, ainsi que le cimetière voisin. Dans les années 1940, 1950 et 1960, des milliers d’Inuit y ont été envoyés pour recevoir des traitements contre la tuberculose. Toutefois, beaucoup n’ont pas survécu. (Photo : CBC /Cameron Lane)

Une cinquantaine d’Inuit de la région de Kitikmeot, au Nunavut, se sont réunis la semaine dernière sur le site de l’ancien hôpital Charles-Camsell, à Edmonton.

Le voyage a été rendu possible grâce à l’organisme Nunavut Tunngavik Inc. et à l’initiative Nanilavut, qui signifie Retrouvons-les en inuktitut.

Un grand soulagement

Allen Kudlak était l’une des personnes présentes. La dernière fois qu’Allen a vu son père, Jacob, c’était en août 1965. Ils se sont fait une accolade, et le fils est monté dans un hydravion qui l’a emmené dans un pensionnat pour Autochtones.

Finalement, 60 ans plus tard, il a eu l’occasion de retrouver la trace de son père, enterré près de l’hôpital Charles-Camsell. L’aîné Kudlak a fait partie des milliers d’Inuit ayant été envoyés dans le Sud pour recevoir des soins médicaux pendant la pandémie de tuberculose, entre les années 1940 et 1960. Plusieurs d’entre eux, dont Jacob, ne sont jamais revenus dans leur communauté.

L’initiative Nanilavut est une collaboration entre des organisations inuit et le gouvernement fédéral pour offrir un soutien aux familles touchées par l’épidémie de tuberculose.

Allen Kudlak a apporté des fleurs du Nunavut pour son voyage afin que son père puisse avoir un petit morceau de sa terre natale pour son dernier repos. Voir la tombe de son père apaise l’esprit de M. Kudlak.

 Je sais maintenant où il repose en paix, déclare-t-il.

C’est un sentiment que partage Junna Ehaloak après avoir enfin découvert la tombe de son grand-père. Son père est décédé sans savoir où se trouvait la sépulture de son propre père, comme l’explique Mme Ehaloak.

 C’est un grand soulagement, confie-t-elle.  Je suis certaine que mon père sourit au ciel.

Posséder la certitude

Karen Nanook met de l’avant l’importance de l’initiative Nanilavut, qui permet de reconnaître la peine et les incertitudes des familles endeuillées. Cette initiative comprend aussi une base de données regroupant plus de 4500 Inuit qui ont reçu des traitements dans le Sud.

Originaire de Toloyoak, Mme Nanook affirme qu’elle a consacré beaucoup de temps à la recherche sur l’hôpital Charles-Camsell. En effet, sa mère y a passé une partie de son enfance, tandis que son oncle n’est jamais revenu dans sa communauté.

Un portrait de Karen Nanook.
Karen Nanook a fait le voyage avec sa mère, qui a passé environ un an à l’hôpital Charles-Camsell avec son frère quand ils étaient enfants. Son frère, âgé de 6 ans, y est mort. (Photo : CBC/Cameron Lane)

Selon Mme Nanook, il est difficile d’obtenir des informations fiables sur les événements survenus à l’hôpital. Elle souligne que certaines informations en ligne mentionnent le nom de son oncle, mais qu’il est mal orthographié.

En voyant de ses propres yeux le site de l’ancien hôpital et en ayant accès aux dossiers des personnes touchées par la pandémie, elle peut affronter le passé pénible de sa famille.

Selon elle, sa famille évitait de parler de son deuil à la suite du décès d’un proche. Ils peuvent maintenant se rendre sur le site et se souvenir des membres de leur famille décédés de la tuberculose.

Pendant leur séjour, les participants ont visité l’hôpital et le cimetière voisin. Ils ont également assisté à une cérémonie en l’honneur des défunts et à un cercle de guérison.

Avec les informations de Teresa Qiatsuq

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