50% des citoyens le font, mais 70 % de la population doit le faire pour réduire sensiblement la transmission. (Graphique CBC Vidéo)

Lentement mais sûrement, l’obligation de porter un masque s’accélère au pays

S’il est très courant à Montréal de voir des citoyens porter un masque dans les endroits publics, en dehors de cette ville, à moins de 100 kilomètres de l’épicentre canadien de la contagion, une très faible proportion le porte. En fait, avec le déconfinement, le port du masque semble tombé.

On pourrait être tenté de dire que ces citoyens sont insoucieux de leur santé ou de la santé des autres. Mais sont-ils à blâmer si l’on songe à l’inconsistance des messages des autorités concernant le port du masque depuis quelques mois.

Aux premiers jours de la pandémie, en mars dernier, les autorités politiques et médicales canadiennes et américaines lançaient un message similaire à leurs populations concernant le port du masque : inutile de le porter si vous n’êtes pas un travailleur de la santé, car il peut faire plus de tort que de bien si vous le portez mal.

Si la deuxième partie de cette affirmation est juste, la première, on le sait maintenant, est fausse. La science a prouvé que les masques, sans être 100 % efficaces, protègent. On va revenir sur cette preuve scientifique dans un instant.

Un aveu du Dr Anthony Fauci

Le Dr Anthony Fauci, véritable célébrité aux États-Unis en raison de son rôle d’expert-conseil en maladies infectieuses à la Maison-Blanche, vient de révéler que la raison pour laquelle le gouvernement américain ne conseillait pas aux gens de porter des masques au début de la pandémie était liée à une pénurie et que cela mettait en danger les professionnels de la santé.

On ne voulait pas que les travailleurs de la santé soient privés de l’équipement dont ils avaient besoin. Aurait-on alors menti carrément à la population en affirmant que les masques n’offraient pas de véritable protection aux simples citoyens?

Le Dr Fauci contourne la question en affirmant que son gouvernement en sait maintenant plus aujourd’hui sur l’efficacité des différents types de masques qu’au début de la pandémie.

Le Dr Anthonyn Fauci (AP Photo/Alex Brandon)

Nous avons, dans de précédents articles, documenté un cheminement semblable au Canada, où les autorités sanitaires et politiques ont graduellement saisi les bienfaits réels que peut procurer le port du masque.

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Ils sont efficaces pour une majorité de citoyens

On reconnaît de plus en plus que les masques peuvent faire une différence. Une étude récente menée par un groupe de réflexion économique allemand suggère que les lois sur les masques pourraient réduire de 40 % le taux de croissance quotidien des infections.

Une nouvelle analyse canadienne de 172 études, une première du genre dans le monde, effectuée en Ontario à l’Université McMaster et financée par l’Organisation mondiale de la santé, confirmait, il y a deux semaines, que non seulement porter un masque est efficace, mais porter un masque chirurgical ou de type N95 bien ajusté au visage offre une bien meilleure protection que les masques en tissus à une seule couche. LISEZ : Porter un masque est très efficace, selon une enquête canadienne pour l’OMS

D’autres études montrent que les masques réduisent effectivement la vitesse à laquelle les personnes malades répandent le virus et la distance parcourue par les gouttelettes à partir de la bouche. Des études de modélisation mathématique suggèrent également que le port universel du masque peut être utilisé pour contrôler les épidémies.

Un récent sondage montre pourtant que moins de la moitié des Canadiens portent un masque lorsqu’ils sortent en public. Or, des études de simulation informatique prouvent que plus de 70 % de la population doit porter un masque en public pour réduire sensiblement la transmission.

Recommander le port du masque ou l’imposer?

L’adoption généralisée de mesures de santé publique, telles que les ceintures de sécurité et les casques de vélo, a nécessité des lois. Pourquoi notre approche devrait-elle être différente avec les masques?

Les autorités sanitaires comme au Québec recommandent le port d’un masque en public, mais ailleurs au pays certaines juridictions commencent à le rendre obligatoire au lieu d’en faire une simple recommandation. Il est en voie de devenir obligatoire dans les transports publics de certaines villes comme Toronto, Ottawa, Hamilton et Guelph, et même dans les entreprises ou les espaces intérieurs.

Un groupe national de professionnels de la santé et d’épidémiologistes appelé Masks4Canada et un groupe au Québec ont récemment réclamé davantage de lois rendant les masques obligatoires dans certains lieux, notamment tous les espaces intérieurs à l’extérieur de la maison comme les écoles, les bibliothèques, les centres communautaires, les magasins, les restaurants, les lieux bondés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, y compris les manifestations et les parcs ou sentiers très fréquentés.

Côte Saint-Luc, une banlieue de Montréal qui comptait des centaines de cas confirmés de la COVID-19 et des dizaines de décès au début du mois de juin, rend le port du masque obligatoire dans les espaces publics intérieurs à partir du 1er juillet. Une amende de 500 $ est prévue pour les contrevenants.

Trop tard et pas assez?

Alors que les lois sur le masque obligatoire se répandent au Canada, la question surgit naturellement : est-ce qu’on s’y prend trop tard? Aussi, le fait qu’un Canadien sur deux refuse toujours de le porter prolonge-t-il inutilement le mauvais sort jeté par le nouveau coronavirus?

On ne le saura que plus tard et peut-être même jamais. Chose certaine, une tendance guidée par la science se dessine.

Les appels se multiplient en faveur d’une application plus généralisée du masque parce que, pour quelques dollars, il peut prévenir prévention des décès.

Si certains médecins continuent de mettre en garde contre les impacts négatifs potentiels des masques et affirment que les preuves scientifiques ne sont pas assez solides pour justifier de les imposer, beaucoup d’épidémiologistes exigent que de telles lois soient plus répandues.

La Dre Amy Tan, professeure associée en médecine familiale à l’Université de Calgary et membre du groupe, a déclaré à CBC News que l’objectif est de faire qu’on s’attende au port du masque partout, c’est-à-dire avoir « l’état d’esprit pas de masque, pas d’embarquement [dans les transports en commun] ou dans un magasin, « pas de masque, pas de service » – comme « pas de chemise, pas de service ».

Transports Canada a rendu les masques obligatoires pour les passagers aériens à partir du mois d’avril.

Les fameuses libertés fondamentales

Cara Zwibel, directrice du programme des libertés fondamentales à l’Association canadienne des libertés civiles, se dit inquiète du mouvement vers l’imposition du port du masque. « Je ne sais pas si nous voulons que nos chauffeurs de bus et nos caissiers d’épicerie interrogent les gens sur leur état de santé pour essayer de décider qui peut obtenir une exemption et qui ne peut pas », lance-t-elle.

Me Zwibel s’inquiète également des personnes handicapées, comme les malentendants, qui ont besoin de voir le visage des gens pour lire sur leurs lèvres ou les personnes autistes qui peuvent avoir des problèmes avec les masques.

NOUVEAU : Demande en hausse pour les écrans faciaux plus pratiques et moins chauds

Grace Wazny porte un nouveau bouclier facial créé par son mari Curtis dans leur entreprise de Penhold en Alberta, Lasers Edge Design. L’entreprise produit actuellement des milliers d’unités expédiées dans tout le pays. (Johnnie Bachusky)

RCI avec CBC News, Business Report et The New York Times

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