Dans de nombreux pays à travers le monde, la COVID-19 a eu un impact particulièrement marqué sur les communautés racialisées, les immigrants et les populations à faible revenu, dont le Canada. Selon ces chercheurs, la pandémie a permis de mieux cerner les inégalités structurelles et sociales qui existent depuis longtemps. Ces inégalités exposent de nombreuses populations racialisées et immigrées à un risque accru d'infection et de conséquences dommageables. (Photo : iStock/PeopleImages)

Ontario | Immigrants et réfugiés constituent près de la moitié des cas de COVID

Alors que les immigrants, réfugiés et autres nouveaux arrivants constituent un peu plus de 25 % de la population de l’Ontario, ils représentent 43,5 % de tous les cas de COVID-19 dans la province. 

« Ce qui nous a particulièrement frappés, c’est que le taux global de dépistage est plus faible dans la plupart des populations d’immigrants, de réfugiés et de nouveaux arrivants, mais le taux de cas positifs est nettement plus élevé que pour les personnes nées au Canada ou pour les résidents de longue date », a indiqué la Dre Astrid Guttmann, directrice scientifique de l’institut de recherche ICES, et auteure principale du rapport.

« Notre rapport vient s’ajouter aux preuves émergentes des inégalités dans les taux d’infection par la COVID-19 en Ontario.  En plus de s’attaquer à de nombreuses causes profondes du risque accru d’infection, les résultats très élevés des tests de certains groupes d’immigrants suggèrent également qu’il pourrait y avoir des obstacles importants au dépistage qu’il sera important d’éliminer s’il y a une deuxième vague en Ontario cet automne. » Dre Astrid Guttmann

Le rapport a examiné la démographie des personnes testées parmi tous les résidents de l’Ontario qui étaient admissibles à l’assurance maladie, à l’exception de ceux qui vivent dans des résidences de soins de longue durée.

Les chercheurs ont également utilisé des données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada qui leur ont permis de relier le dossier de résident permanent des immigrants arrivés en Ontario de 1985 à 2017 aux données administratives de santé de l’ICES.

Il s’agit du premier rapport au pays qui compare les taux de tests positifs à la COVID-19 chez les immigrants et les réfugiés avec ceux de leurs homologues nés au Canada.

L’ICES est un institut de recherche à but non lucratif dont l’ancien nom était Institute for Clinical Evaluative Sciences. Il n’en a gardé que l’acronyme ICES.

La COVID, les inégalités et l’origine

Dans de nombreux pays, dont au Canada, la COVID-19 a eu un impact particulièrement marqué sur les communautés racialisées, les immigrants et les populations à faible revenu. (Photo : iStock/Juanmonino)

Selon ces chercheurs, la pandémie a permis de mieux cerner les inégalités structurelles et sociales qui existent depuis longtemps. Ces inégalités exposent de nombreuses populations racialisées et immigrées à un risque accru d’infection et de conséquences dommageables.

Cette recherche de l’ICES en Ontario montre que la COVID-19 a touché de façon disproportionnée les personnes vivant dans des zones à faible revenu avec des proportions élevées de populations immigrantes et racialisées.

Pour sa part, la ville de Toronto, la plus populeuse du pays, a récemment publié des données montrant un nombre disproportionné de résidents infectés à la COVID-19 parmi ceux qui s’identifient comme Noirs, Sud-Asiatiques, Latino-Américains, Asiatiques du Sud-Est, Arabes, Moyen-Orientaux et Asiatiques de l’Ouest.

Rappelons qu’au cours de la dernière décennie, le Canada a accueilli en moyenne 275 000 immigrants par an en tant que résidents permanents, dont près de la moitié d’entre eux en Ontario.

Selon les chercheurs de l’ICES, les immigrants qui sont résidents permanents et citoyens et ceux qui ont un permis de travail temporaire « sont essentiels à l’économie canadienne » et répondent à de nombreux besoins sur le marché du travail qualifié, semi-qualifié et non qualifié.

D’autres constatations du rapport 

    • Les taux de dépistage étaient inférieurs pour la plupart des immigrants et des réfugiés par rapport aux personnes nées au Canada et aux résidents de longue date.
    • L’emploi en tant que travailleur de la santé, en particulier chez les femmes, représente un nombre disproportionné de cas parmi les immigrants et les réfugiés, ceux de la Jamaïque, du Nigeria et des Philippines étant les plus touchés.
    • Sur l’ensemble des femmes adultes dont le test de dépistage de la COVID-19 s’est révélé positif, 36 % travaillaient comme agentes de santé; les immigrées et les réfugiées constituaient 45 % de ces agentes de santé.
    • Alors que le nombre de tests de COVID-19 positifs a atteint un sommet début avril chez les personnes nées au Canada et celles qui vivent au pays depuis plusieurs années, on a observé deux pics prononcés de positivité en avril et en mai chez les immigrants, les réfugiés et les autres nouveaux arrivants.
    • Parmi ceux qui ont été atteints, les réfugiés avaient le plus haut pourcentage de positivité.
    • Les taux de positivité les plus élevés par région du monde ont été enregistrés parmi les immigrants et les réfugiés d’Afrique centrale, occidentale et orientale, d’Amérique du Sud, des Caraïbes, d’Asie du Sud-Est et d’Asie du Sud.

Depuis le 17 avril, l’ICES fournit quotidiennement à la santé publique de l’Ontario et au ministère de la Santé des informations sur le test de COVID-19 et les caractéristiques des personnes testées, ainsi que sur les tests effectués par les établissements de soins de longue durée et les maisons de retraite.

Avec des informations de l'ICES et du gouvernement de l'Ontario. 

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