Un des enfants de Joyce Echaquan, Lucas, assiste à une veillée devant l'hôpital où sa mère est décédée à Joliette, au Québec, le mardi 29 septembre 2020. Une infirmière a été licenciée après qu'Echaquan, une femme autochtone mourante, ait fait l'objet de remarques dégradantes. (Photo : LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson)

Le Canada prépare une nouvelle loi sur la prestation des soins de santé aux Autochtones

Le gouvernement canadien a annoncé qu’une nouvelle législation visant à réformer la manière dont l’attention médicale est offerte aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis du pays verra le jour dans un avenir rapproché.

Cette annonce est le résultat de deux réunions consacrées à la question de l’élimination du racisme contre les Autochtones dans le système de santé publique. L’une à l’automne et l’autre en cette dernière semaine de janvier, ces rencontres ont réuni des représentants du gouvernement fédéral, des provinces et territoires, ainsi que des nations autochtones et des professionnels de la santé du pays.

La législation visera aussi à garantir le contrôle des Autochtones sur le processus de développement et de prestation des services de santé et sera fondée sur les distinctions entre les Premières Nations, les Inuits et les Métis et la population en général.

La réunion virtuelle de cette semaine fait suite à une réunion urgente organisée par le ministre Miller l’automne dernier en réponse à la mort tragique de Joyce Echaquan, une mère de 37 ans appartenant à de la nation atikamekw, qui avait enregistré ses derniers moments dans un hôpital du Québec.

Dans sa vidéo diffusée en direct sur Facebook, Mme Echaquan accusait le personnel hospitalier de l’avoir trop médicamentée. On entendait aussi les infirmières los proférer des insultes.  La vidéo a provoqué une onde de choc dans tout le pays.

Des centaines de personnes participent à une manifestation appelée « Justice pour Joyce » à Montréal, le samedi 3 octobre 2020, où ils demandent justice pour Joyce Echaquan et sa famille et et la fin de tout racisme systémique. (Photo : LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes)

Le processus de l’élaboration de la loi sera soutenu par 15,6 millions de dollars sur deux ans provenant de l’Énoncé économique de l’automne.

Par ailleurs, il est prévu que le gouvernement canadien fournira 2 millions de dollars à la Nation atikamekw et à la Première Nation de Manawan pour faire avancer leur plaidoyer en faveur de la mise en œuvre des aspects fédéraux du principe de Joyce dans tout le Canada.

Le Principe de Joyce vise à garantir à tous les peuples autochtones un droit d’accès équitable aux services sociaux et de santé, ainsi que le droit de jouir du meilleur état de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle possible.

Lors de l’annonce sur cette législation, les ministres canadiens des Services aux Autochtones, Marc Miller, des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, de la Santé, Patty Hajdu, et des Affaires du Nord, Daniel Vandal, ont déclaré que l’objectif principal de la loi sera l’élimination du racisme dans le système de soins de santé canadien.

Ils ont aussi affirmé que depuis trop longtemps, l’histoire du colonialisme au Canada a engendré des pratiques, des comportements et des politiques racistes à l’encontre des peuples autochtones. 

Notre cheminement doit être dirigé par des Autochtones, basé sur la communauté et culturellement sûr; il est également essentiel de considérer et de reconnaître l’intersectionnalité dans notre travail de lutte contre le racisme.

Dans les communautés autochtones, les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA sont souvent confrontées à des difficultés particulières qui doivent être entendues, comprises et traitées.

En travaillant avec les provinces et les territoires, ainsi qu’avec des partenaires autochtones et des professionnels de la santé, des institutions et des organismes d’accréditation, nous nous engageons à éliminer le racisme à l’égard des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans tous les systèmes de santé du Canada.

Des changements réels et efficaces nécessitent tous nos efforts collectifs dans un esprit de confiance, d’engagement et de réconciliation.Déclaration des ministres Marc Miller, Carolyn Bennett, Patty Hajdu et Daniel Vandal

L’augmentation du nombre d’admissions d’étudiants autochtones dans les facultés de médecine est aussi prévue dans la nouvelle législation canadienne. Sur la photo, les élèves Cheyenne Wilson, 13 ans, Roy Joseph, 13 ans, au centre, et Connor Roberts, 13 ans, dans leur Shoreline Community School à Victoria, C.-B., le mardi 15 mai 2018. (Photo : LA PRESSE CANADIENNE/Tchad Hipolito)

Parmi les autres dispositions de la nouvelle loi, on retrouve également la volonté d’accroître l’accès à des soins culturellement sûrs et exempts de discrimination en octroyant 4 millions de dollars au Consortium national de la formation médicale autochtone.

Le travail de ladite instance consistera à améliorer l’expérience des peuples autochtones en matière d’admission en faculté de médecine, d’enseignement et de pratique médicale dans six domaines prioritaires, notamment une meilleure évaluation des études autochtones, la sécurité culturelle et la lutte contre le racisme lors de l’admission en faculté de médecine.

De plus, l’ajout de modules d’apprentissage sur la lutte contre le racisme, l’amélioration du recrutement et du maintien en poste des enseignants autochtones seront proposés également.

Aussi, la législation comprendra des mécanismes pour :

  • Accroître la représentation autochtone dans le domaine des soins de santé en appuyant les organismes de santé dirigés par des Autochtones. 

  • Soutenir les organismes de santé nationaux et régionaux pour des mesures et des outils ciblés visant à lutter contre le racisme, à encourager l’humilité culturelle et à promouvoir des pratiques tenant compte des traumatismes.

  • Soutenir le Centre national de collaboration pour la santé autochtone afin de créer un guichet unique pour les outils et les ressources en matière de sécurité culturelle et de lutte contre le racisme.

  • Travailler avec des partenaires pour soutenir de meilleures mesures de progrès, y compris des indicateurs, des outils de collecte de données et des rapports publics réguliers.

  • Convoquer un troisième dialogue national au printemps 2021 afin de poursuivre les efforts collectifs visant à accroître la représentation autochtone dans l’enseignement médical postsecondaire, la formation sur la compétence culturelle, les approches traditionnelles en matière de santé et l’orientation sûre pour les patients.

Déjà en février et mars 2021, le gouvernement tiendra des tables rondes régionales thématiques fondées sur les distinctions qui traiteront du racisme dont les Autochtones sont victimes dans les soins de santé.

Dans le communiqué officiel, on ne spécifie pas exactement combien de temps il faudra pour développer cette nouvelle législation, mais les consultations préalables devraient se poursuivre jusqu’à la fin du mois de juin de cette année.

Alors que la première réunion avait pour but d’entendre des histoires sur le racisme dans le système de santé publique, ce deuxième cycle de dialogue a visé à élaborer des recommandations pour changer le traitement des populations autochtones du Canada.

RCI avec les ministères canadiens des Services aux Autochtones, de Relations Couronne-Autochtones, de la Santé et des Affaires du Nord. 
Catégories : Autochtones, Politique, Santé, Société
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