Les frontières du Nord : un obstacle pour les Premières Nations

Des participants à une conférence internationale à Whitehorse se penchent sur les obstacles que représentent les frontières du Nord pour les Premières Nations dont le territoire chevauche des juridictions territoriales, provinciales ou internationales.
Que ce soit pour les Inuits qui peuplent la côte arctique de l’Alaska jusqu’au Groenland, ou les Kaska, dont leurs cinq conseils de bande sont situés au Yukon, dans les Territoires-du-Nord-Ouest et en Colombie-Bitannique, la présence de frontières représente un obstacle supplémentaire au progrès et à la prise de décisions pour un avenir commun.
Ces frontières empêchent par exemple les autochtones d’une nation d’avoir accès aux mêmes services, que ce soit en éducation ou en santé, en fonction de leurs ententes respectives avec les gouvernements locaux ou fédéral. La reconnaissance des droits ancestraux peut par ailleurs différer pour les membres d’une nation selon le pays ou la région qu’ils habitent.
La Tlingit Marilyn Jensen, dont le peuple habite au Yukon, en Colombie-Britannique et en Alaska, explique que ces frontières ont divisé au fil du temps les nations puisqu’elles empiètent sur la transmission de valeurs traditionnelles. L’enseignante en gouvernance et en administration publique autochtone au collège du Yukon souhaite trouver le moyen de réunir traditions et réalités géographiques pour surmonter l’obstacle que représentent les frontières.
C’est un débat complexe, dit le chercheur de l’Université de Victoria, Émmanuel Brunet-Jailly, mais un débat qui doit avoir lieu. L’accès à l’autodétermination est un concept essentiel pour le développement, un concept porté par la création des Nations Unies, rappelle-t-il. « [Il faut] rendre le pouvoir aux communautés de ces régions transfrontalières […] c’est fondamental, sans le pouvoir juridique et le contrôle de leur territoire, ces communautés peuvent pas en quelque sorte réinventer leur futur. »