L’inuktitut, une langue sans frontières
Mick Mallon, 83 ans, enseigne la langue parlée par les Inuits depuis près de 60 ans. Et cet Irlandais d’origine, installé au pays depuis les années 1950, n’a pas dit son dernier mot d’inuktitut.
En plus de transmettre son savoir à des étudiants du Nunavut Arctic College à Iqaluit, il offre maintenant ses cours par Skype dans une classe de neuf personnes à l’Université de Washington, à Seattle, aux États-Unis.
D’abord offert à un seul étudiant, le cours a suscité de plus en plus d’intérêt, particulièrement auprès de sept personnes originaires de l’Alaska.
Six semaines d’apprentissage, une vie d’enseignement
Le professeur Mallon n’a pas perdu de temps. À peine installé dans son nouveau pays, il a commencé à étudier l’inuktitut. Six semaines plus tard, le pédagogue transmettait déjà ses connaissances.
De nombreuses années plus tard, on lui doit d’avoir aidé à préserver et à revitaliser la langue inuktitute.
L’inuktitut : une langue vivante
Parlé par environ 34 000 personnes, principalement au Nunavut et dans le nord du Québec, l’inuktitut est considéré comme l’une des langues les plus difficiles à apprendre du monde.
Environ les deux tiers des Inuits peuvent parler inuktitut, et la moitié le parlerait à la maison.
Pour en faciliter l’enseignement, Mick Mallon a créé divers outils d’apprentissage qu’il utilise avec ses étudiants inuits et non inuits. Dans sa classe, à Iqaluit, il compte, entre autres, deux Nigérians et deux Philippins.
Infirmière au Nunavut, Amiel Hernandez étudie auprès du professeur Mallon. « Je sais que, en tant qu’infirmière, il est important que j’apprenne la langue puisque je vais aider les gens de la communauté », dit-elle.
En 2008, Mick Mallon a été nommé membre de l’Ordre du Canada : « Pour sa contribution en qualité de pédagogue et de linguiste ayant consacré des décennies à la préservation et la revitalisation de la langue inuktitute. »
S’il ne considère pas qu’il maîtrise parfaitement l’inuktitut, Mick Mallon admet toutefois être devenu un expert de la structure de cette langue, qu’il souhaite enseigner encore longtemps.
« Qu’est-ce que je ferais sinon? Je ferais pousser de la mousse à rester assis sur cette chaise », dit l’homme dont le regard se perd dans la contemplation de la baie de Frobisher.
D’après un texte d’Angela Hill, CBC
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