Un sommet sur la santé mentale à l’heure d’une pénurie de ressources au Yukon

Le sommet sur la santé mentale à Whitehorse visait à briser le stigmate et ouvrir la discussion. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Les participants d’un sommet sur la santé mentale se sont penchés, à Whitehorse, sur les façons de briser la stigmatisation liée aux problèmes de santé mentale. Mais, en marge de ce sommet, les critiques se poursuivent sur le manque de ressources professionnelles au territoire.

Tiffany Tissane, directrice de l’Association de la santé mentale du Yukon, l’un des organisateurs du sommet, explique que le Nord connaît des problématiques bien spécifiques en santé mentale, comme le suicide chez les jeunes, les traumatismes passés d’une génération à l’autre, ou même la dépression saisonnière.

« Nous commençons à voir la santé mentale comme une composante de la santé holistique. La santé mentale et la santé physique doivent se rejoindre et, ainsi, parler de santé mentale est très important. Il y a de la stigmatisation depuis très longtemps; le fait de permettre aux gens d’en parler est la clé [du succès]. »

Si le sommet est un bon départ, selon Kate White, porte-parole néo-démocrate en matière de santé et services sociaux, elle se demande comment il se fait que les 4 postes d’infirmières et les 11 postes de conseillers en toxicomanie pour les collectivités rurales n’aient pas encore été pourvus.

« Si quelque chose arrive et qu’on a besoin de parler, si on pense au suicide ou à quelque chose comme ça, on ne peut pas attendre jusqu’à deux semaines pour de l’aide. On a besoin d’aide immédiatement et présentement au territoire, ce n’est pas possible. »

Kate White explique qu’à l’heure actuelle deux infirmières basées à Haines Junction et à Dawson doivent offrir des services à toutes les collectivités du territoire. « Ces deux personnes sont toujours dans leur auto.[…] Mais si on est en crise et qu’on a besoin d’aide tout de suite, qu’est-ce qui va arriver? »

« Les postes seront pourvus aussitôt que possible »

La ministre de la Santé et des Services sociaux, Pauline Frost, a admis à la Chambre jeudi que les postes n’avaient pas été pourvus, mais a expliqué qu’il en revenait aux collectivités d’exprimer leurs besoins.

« C’est aux collectivités de diriger ce processus, d’identifier ce qui est requis dans leur communauté, et nous créons des liens avec les collectivités. »

Des postes doivent être ouverts dans les villages d’Old Crow, de Ross River, de Carcross, de Teslin, de Pelly Crossing et de Mayo, avec davantage de ressources régionales basées à Haines Junction, à Dawson, à Carmacks et à Watson Lake.

Le premier ministre Sandy Silver a admis que le temps presse pour répondre aux besoins en santé mentale, que le village d’Old Crow traversant des moments difficiles à la suite, entre autres, d’un suicide. « Comme je l’ai dit, l’argent est en place, le dialogue avec les collectivités prend place. »

La chef de la Première Nation de Kwanlin Dun, Doris Bill, admet que la problématique de la santé mentale échappe parfois même aux leaders autochtones. « Nous avons appris cette semaine qu’un autre jeune s’est suicidé dans une communauté isolée, et c’est ce genre de perte qui nous rappelle la peine et la douleur d’un tel deuil. En tant que leaders, nous n’avons pas toutes les réponses et il faut s’adresser aux centres de santé et aux spécialistes », dit-elle.

« Il faut trouver le moyen d’engager et d’inclure nos jeunes. Ils doivent se sentir intégrés, mis en valeur et importants. Il faut les encourager, les soutenir, leur montrer la lumière au bout du tunnel », poursuit-elle.

« Leur principale préoccupation est la santé mentale, la difficulté à avoir accès à de l’aide, la façon dont le système les a traités, l’effet de certains médicaments, le sentiment de solitude et d’impuissance. »

– Doris Bill, chef, Première Nation de Kwanlin Dun

Bruno Guévremont, porte-parole du programme Cause pour la cause de Bell Canada et conférencier à titre d’ex-militaire souffrant de troubles de stress post-traumatique, croit que la problématique commence par le dialogue et l’expression.

« On pense tout le temps qu’on est seul, on commence à s’éloigner des gens qu’on aime, puis la façon de pouvoir guérir est de demander de l’aide et de s’approcher du monde qui nous aime, puis d’aller chercher les ressources qui vont marcher pour nous. »

Radio-Canada

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