Les rangers canadiens : ces réservistes du Grand Nord
Loin au-delà du 60e parallèle, les froids extrêmes, la faune sauvage et les étendues de glace et de neige instables peuvent devenir le pire cauchemar d’un aventurier mal préparé. C’est pourtant là que règnent les rangers canadiens, des réservistes qui subsistent dans cet immense territoire quasi-inoccupé.
Comme bien des Inuits l’ont fait pendant des générations, David Analok peut passer de longues heures, voire de longues journées à pêcher et à chasser sur la glace de l’Arctique.
Quand il enfile son manteau ou son chandail rouge du 1er Groupe de patrouilles des rangers canadiens, l’homme de Cambridge Bay devient la première ligne des Forces armées canadienne dans le Grand Nord.
Sa mission : maintenir la présence des Forces dans l’Arctique.
Les rangers sont réservistes pour les Forces armées canadiennes. Ils sont près de 1800 hommes et femmes éparpillés au nord du 60e parallèle, dans certaines des communautés les plus isolées du pays.
Leurs tâches sont nombreuses et diverses, mais pour le caporal-chef David Analok, c’est surtout sa participation aux missions de recherches et de sauvetages qui le font rester après plus de 23 ans.
Lors du déploiement des Forces dans le Grand Nord, comme pour les opérations annuelles Nanook et Nunalivut, les rangers deviennent l’une des références les plus importantes pour les troupes. Leurs conseils sur les glaces, les terrains et la région en général sont souvent le point d’ancrage de bien des déplacements.
Allan Elatiak est ranger dans son Cambridge Bay natal depuis 30 ans. Il n’est pas très loquace et ses paroles se perdent souvent à travers le bruit du vent ou des générateurs. Mais quand il parle, ses collègues du sud lui prêtent une oreille attentive. Les rangers doivent souvent travailler auprès de soldats qui n’ont parfois jamais mis les pieds dans le Nord. Ils leur enseignent de précieux conseils allant de techniques pour se garder au chaud aux rudiments de la construction d’igloos.
Des conseils qui comptent pour beaucoup, selon le major Jason Hudson, qui commande la force opérationnelle sur le terrain pendant l’opération. Pour les rangers, respectés aussi par leurs pairs dans la communauté, il s’agit aussi de partager un peu de leurs traditions ancestrales. « Plus que les personnes en savent [sur le froid], mieux ce sera », explique le réserviste Matthew Manik.