Chronique – L’immigration, lien historique entre l’Islande et le Canada

Cette statue d’un Viking à Gimli, au Manitoba, a été érigée en 1967 pour souligner le 100e anniversaire de la Confédération canadienne. La communauté de Gimli a été fondée par des nouveaux arrivants islandais au 19e siècle. (Jeff Stapleton/Radio-Canada)
Les immigrants qui ont quitté l’Islande pour le Canada à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle sont, encore de nos jours, au cœur d’une relation particulière entre les deux pays.

Suite à l’éruption du volcan Askja en 1875, une vague d’immigrants islandais arrive sur le continent nord-américain; près de 20 % de la population quitte le pays insulaire à la recherche de meilleures conditions de vie, selon Bibliothèque et Archives Canada.

Une vue sur la communauté de Gimli, au Manitoba, en 1922. (Bibliothèques et Archives Canada)

La province du Manitoba, dans les Prairies, est la destination principale des émigrants. Certains fondent des communautés telles que Gimli, tandis que d’autres s’établissent à Winnipeg, la capitale provinciale.

La presse écrite, tissu de la communauté

À l’instar d’autres communauté culturelles, les Islandais au Canada ont rapidement mis sur pied leurs propres journaux afin de demeurer à l’affût de l’actualité de leur communauté et de leur pays d’origine, dans leur langue maternelle.

Le journal Lögberg-Heimskringla est tiré à 1400 exemplaires. (Courtoisie Stefan Jonasson/Lögberg-Heimskringla)

Parmi ces journaux, les hebdomadaires Heimskringla et Lögberg sont fondés respectivement en 1886 et en 1888 à Winnipeg, et s’unissent sous la bannière Lögberg-Heimskringla en 1959. Celui-ci, depuis passé à l’anglais, demeure le plus vieux journal d’une communauté ethnique au Canada à être toujours publié, précise le rédacteur Stefan Jonasson en entrevue téléphonique.

Les archives numérisées de Lögberg, Heimskringla et Lögberg-Heimskringla jusqu’en 2005 sont disponibles en ligne et gratuitement sur la base de données Timarit.is, un projet de numérisation de journaux issu d’un partenariat entre les Îles Féroé, le Groenland et l’Islande.
Une communauté bien intégrée

Le Canada, avec une diaspora islandaise dépassant les 100 000 personnes au recensement de 2016, compte la plus grande population d’origine islandaise après l’Islande. Le Manitoba comptait 31 090 personnes d’origine islandaise, le plus grand nombre parmi les provinces canadiennes, devant la Colombie-Britannique et l’Alberta.

Stefan Jonasson, rédacteur pour Lögberg-Heimskringla. (Courtoisie Stefan Jonasson/Lögberg-Heimskringla)

Les immigrants islandais se sont rapidement intégrés à la société canadienne, rappelle Stefan Jonasson. « Nous avons développé des identités multiples », affirme-t-il en détaillant ses origines allemandes et canadiennes-françaises, qui s’ajoutent à son héritage islandais

Compte tenu de cet enracinement de longue date, Stefan Jonasson considère que les liens qui unissent encore la communauté islandaise au Canada et en Islande sont « remarquablement forts ». « Bien des gens entretiennent des contacts avec leur famille en Islande, même [des Canado-Islandais] de deuxième ou de troisième génération. » Et cela, en dépit du recul de la langue islandaise au sein de la diaspora islandaise.

Une place tout spéciale dans le cœur des Islandais

Les Islandais, eux aussi, se sentent liés à leurs cousins nord-américains.

Ce sentiment a notamment été exprimé par le président islandais Gudni Johannesson lors de sa visite à Winnipeg au mois de mai, à l’occasion du 100e anniversaire de la Ligue nationale islandaise d’Amérique du Nord : « Mais nous voici maintenant, et les descendants de ceux qui ont émigré sont toujours prêts à honorer leur héritage. Et cela nous rend vraiment très fiers en Islande. »

Le président de l’Islande, Gudni Johannesson (à droite, derrière le drapeau), s’est rendu à Winnipeg, au Manitoba, au mois de mai. (Radio-Canada)

Selon Stefan Jonasson, ces liens ont connu une résurgence depuis quelques décennies. Il attribue ce phénomène en partie à l’émergence des médias numériques et au boom touristique en Islande rendu possible grâce à l’aviation, mais surtout au roman Where the winds dwell de l’auteur islandais Bödvar Gudmundsson, paru en 1995. Ce roman portant sur l’histoire de l’immigration islandaise au Canada a changé l’attitude des Islandais par rapport à ce chapitre de l’histoire et a alimenté leur curiosité, explique-t-il.

« Dans les années 1800 [les Islandais] avaient une opinion partagée de ceux qui étaient partis […] Mais le roman a changé cette perception, et les [Islandais] ont compris que les choses étaient compliquées dans les années 1800, et que ces gens avaient émigré pour des raisons hors de leur contrôle. » Stefan Jonasson, rédacteur de Lögberg-Heimskringla
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