La mystérieuse relation Trump-Poutine suscite l’inquiétude
Le mystère demeure entier sur l’étrange relation entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Le sommet entre les présidents américain et russe lundi, à Helsinki, en Finlande, n’a rien fait pour dissiper l’épais nuage qui flotte au-dessus des deux hommes depuis l’élection présidentielle de 2016.
Au contraire, les doutes subsistent et les questions s’accumulent sur les véritables intentions du président Trump à l’égard de la Russie. Ce dernier a raison de vouloir rétablir la communication entre Washington et Moscou. Ces deux puissances nucléaires doivent se parler et entretenir des liens constructifs pour éviter les conflits.
C’est une chose de vouloir reconstruire les ponts, mais c’en est une autre de ne faire preuve d’aucun sens critique à l’endroit de la Russie, qui ne veut aucun bien aux États-Unis et encore moins à la démocratie. Donald Trump a tout donné à Vladimir Poutine à Helsinki sans rien obtenir en retour.
Le chef de la Maison-Blanche n’a jamais été capable de confronter publiquement le chef du Kremlin sur la question de l’ingérence russe durant la campagne électorale américaine. Rien, même pas une remontrance, un avertissement ou une mise en garde n’ont été servis à Vladimir Poutine.
Un « acte de trahison »
Le département de la Justice avait préparé le terrain pour le président Trump trois jours avant le sommet. Douze Russes des services de renseignements militaires ont été accusés, entre autres, de complot et de vol de documents. Les services de renseignements et la justice américaine sont convaincus que les Russes ont infiltré les ordinateurs du Parti démocrate pour aider l’élection du milliardaire.
Donald Trump n’avait qu’à placer Vladimir Poutine devant les preuves accumulées par ses services de renseignements et consignées dans l’acte d’accusation d’une trentaine de pages. Beaucoup d’Américains auraient souhaité voir leur président plus combatif face à son homologue russe. Mais ça ne s’est pas passé comme ça.
Trump a préféré croire la version d’un ancien du KGB au détriment des informations obtenues par ses propres agents du FBI, de la CIA et de la NSA. Washington s’est déchaîné devant l’abdication du chef de la Maison-Blanche.
L’ex-directeur de la CIA John Brennan a évoqué un acte de trahison. Newt Gingrich, un inconditionnel de Donald Trump, a déclaré que la conférence de presse d’Helsinki était la plus grave erreur de sa présidence et qu’elle devait être réparée.
Même le républicain Paul Ryan, le président de la Chambre, a soulevé que Donald Trump devra comprendre un jour que la Russie n’est pas une alliée des États-Unis.
Un président affaibli
Après avoir traité cavalièrement le premier ministre du Canada, la chancelière allemande, la première ministre de la Grande-Bretagne et tous les alliés de l’OTAN, Trump était tout sourire avec celui qui a voulu faire déraper le processus électoral américain.
Après cette conférence de presse, il est difficile de savoir à quelle enseigne loge le président des États-Unis. Du côté de la démocratie ou avec ceux qui souhaitent la voir disparaître? La question demeure entière et inquiète de plus en plus d’Américains. Pourquoi le président est-il incapable de critiquer son homologue russe?
Est-ce la nouvelle doctrine Trump de déstabiliser ses alliés aux profits de puissances étrangères? Que doit-on comprendre de ce flirt avec Vladimir Poutine qui dure depuis la campagne présidentielle? Est-ce que Moscou détient des informations compromettantes sur Donald Trump? Le président américain est-il vulnérable au chantage?
Vladimir Poutine a répondu que non. Il ne possède rien, selon lui, qui pourrait être dommageable au président américain. Il a aussi nié catégoriquement avoir donné l’ordre d’interférer dans la campagne présidentielle de 2016. Malgré toutes ces dénégations, Poutine est le grand gagnant de ce sommet. Donald Trump est revenu à Washington affaibli.
Si Donald Trump ne semble pas avoir de plan pour contrer la Russie, Vladimir Poutine en a plusieurs contre l’Ouest. Il souhaite miner la crédibilité des démocraties occidentales, déstabiliser l’OTAN, étendre sa zone d’influence et faire de la Russie un joueur incontournable sur la scène internationale.
Démocrates et républicains expliquent depuis longtemps à Donald Trump que la Russie n’est pas une amie de l’Amérique. La liste d’ambitions de Vladimir Poutine devrait l’en convaincre. Mais le président américain semble prêt à payer le prix pour plaire au président Poutine. Même au risque de passer pour un traître aux yeux de certains Américains. Mais pourquoi au juste?
C’est une question à laquelle tente de répondre le procureur spécial Robert Mueller depuis 14 mois. Il veut savoir si Trump savait ce que les Russes tramaient. Avec les preuves qui s’accumulent, il devient de plus en plus difficile pour le président de crier à la chasse aux sorcières. En attendant la fin de l’enquête de Mueller, la mystérieuse relation Trump-Poutine demeure une énigme.