Élections québécoises: l’un des chefs de partis propose une nouvelle entente avec les Premières Nations
« Je pense que c’est important de prendre le modèle de Bernard Landry avec les Cris et de faire, de nation en nation, des ententes », a indiqué mardi matin François Legault, de passage à Chibougamau.
Citant l’accord de la paix des braves, réalisé en 2002 entre le gouvernement péquiste et les Cris pour le partage des services dans le Nord-du-Québec, le chef de la CAQ compte rééditer ce type d’ententes, même s’il reconnaît d’éventuelles difficultés.
« C’est sûr qu’on s’embarque dans quelque chose qui est gros, qui a déjà été fait avec les Cris. Mais pourquoi on l’a fait juste avec les Cris et pas avec les autres nations? », a-t-il indiqué, en niant réaliser un engagement purement électoraliste.
François Legault a expliqué avoir discuté avec plusieurs « chefs de nations ». « On en parle depuis des mois. Je pense que oui, c’est dans notre programme », a-t-il souligné.
Or, en consultant les « idées » du parti sur son site Internet, cet engagement n’y figure pas. Voici ce qui est indiqué sous la ligne « Peuples autochtones (Premières Nations et Inuits) » :
- La mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et prise en compte des recommandations du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, à l’intérieur des prérogatives de l’Assemblée nationale du Québec.
Du « donnant-donnant », dit Legault
Ces prochaines ententes, a détaillé François Legault, seraient « donnant-donnant ». « C’est bon pour tout le monde, de faire des ententes à long terme. Que ce soit dans le minier, le forestier ou n’importe quel secteur, qu’on soit capable de travailler ensemble pour que les autorisations de projets se fassent plus rapidement », a-t-il détaillé.
Le chef de la CAQ s’est montré ouvert à un versement de redevances aux différentes communautés, en échange de l’exploitation des ressources locales.
« On peut aider à donner entre autres des services en éducation », a-t-il ajouté, en évoquant un taux de diplomation de 35 % dans la circonscription d’Ungava, contre 76 % en moyenne au Québec.
« Il faut faire des ententes sur l’éducation, la santé, [en] incluant la santé mentale. [Il faut] être capable de parler de logements, être capable de parler de l’implication dans des projets de développement économique », a complété François Legault.
« Flou », admet-il
Il ne faudra cependant pas s’attendre à de rapides ententes signées dans les prochains mois, a admis le chef caquiste.
« Ça reste flou. On n’est pas en train de dire : “voici combien on va vous donner, puis comment on va s’organiser pour les services de santé et d’éducation”. Ce qu’on dit, c’est qu’il devrait y avoir une négociation d’égal à égal », a-t-il précisé plus tard dans la journée.
Il a aussi promis d’aller à la rencontre des chefs des Premières Nations « relativement rapidement, dans les premiers mois » après son éventuelle élection au poste de premier ministre pour discuter de cet enjeu.
La veille, François Legault avait croisé, à Amos, un conseiller de la Première Nation Abitibiwinni, de la communauté algonquine. Celui-ci réclamait une meilleure écoute du gouvernement québécois. « Ils disent toujours : « Vous dépendez du fédéral », mais on reste au Québec, on est Québécois », a déploré Maurice Kistabish.
« On a été oubliés depuis des décennies », a-t-il souligné, en réclamant « du changement ».
« Il faut que nos gens soient autonomes, il faut qu’il y ait du travail. On a de la misère. Nos gens ont de la misère », a-t-il expliqué, en disant avoir « confiance » en François Legault pour « du renouveau ».