Des Premières Nations du Nord canadien et de l’Alaska se mobilisent pour préserver leur langue
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Près de 300 personnes sont à Juneau, en Alaska, cette semaine pour un sommet sur les langues autochtones. Des membres de Premières Nations du Yukon (nord-ouest canadien), du nord de la Colombie-Britannique (ouest canadien) et de l’Alaska y discutent de la préservation et de la revitalisation de leurs langues et de leurs cultures.
Des représentants des Premières Nations Tlingit, Haïda et Tsimshian ont pris la parole mercredi lors du sommet, qui prend fin jeudi.
Certains aînés ont dû recourir à l’anglais pour bien exprimer leurs idées, ce qui témoigne de l’état actuel des langues autochtones, selon Fred White, qui agit à titre de traducteur du tlingit pendant le sommet.
À 64 ans, l’interprète est considéré comme étant le plus jeune locuteur à parler couramment cette langue. On estime qu’il ne reste qu’environ 200 personnes capables de s’exprimer en tlingit dans le monde.
« C’est une bien triste situation, dit Fred White. Même parmi ceux qui parlent couramment la langue, nous n’avons presque personne avec qui il est possible de tenir une discussion en tlingit. »
Jeff Leer, un linguiste à la retraite de l’Université de l’Alaska, souligne que le tlingit est l’une des langues les plus difficiles à maîtriser. Malgré tout, plusieurs participants à la conférence de Juneau ont manifesté leur désir de l’apprendre.
Tlingit, Haida et Tsimshian s’interrogent sur les obstacles à surmonter pour préserver leurs langues respectives. La solution doit passer par un contact renforcé auprès des aînés disent-ils. #icicb #icign pic.twitter.com/sxr3o4yasO
— claudiane samson (@claudianesamson) 14 novembre 2018
Un avenir incertain
Duane Gastant Aucoin, du Conseil des Tlingits de Teslin, au Yukon, étudie actuellement la langue de son peuple, alors que sa propre mère était autrefois punie lorsqu’elle la parlait.
Il a fait le voyage jusqu’à Juneau avec 40 autres résidents du territoire. « Ce n’est que le premier d’une série d’événements pour rassembler les membres de notre peuple », croit-il.
D’après lui, il n’est pas trop tard pour revitaliser la langue et la culture de sa nation.
L’an dernier, Teslin a fait du tlingit la langue officielle de la communauté. « La langue est en train de devenir une priorité pour notre conseil », mentionne le chef Richard Sidney, qui s’est aussi rendu en Alaska cette semaine.
Fred White semble toutefois moins optimiste. Marié à une non-Autochtone, il ne parle pas le tlingit à la maison et ses enfants n’ont jamais appris la langue de leurs ancêtres.
Ses petits-enfants apprennent quelques mots à l’école, mais il craint que ce ne soit pas suffisant. « Je ne pense pas qu’ils seront un jour capables d’avoir une conversation en tlingit, dit-il. Je pense que nous ne pourrons jamais discuter ensemble en tlingit. »
Il se réjouit tout de même du déroulement du sommet de Juneau. « Cela rend beaucoup d’aînés heureux, souligne-t-il. C’est bien. »