Une étude cartographie les zones de chasse des grands prédateurs dans l’Arctique nord-américain

Les chercheurs ont étudié les déplacements de prédateurs très mobiles comme le fulmar boréal. (Mark Mallory)
Une carte des plus importantes zones de chasse des grands prédateurs de la région Arctique d’Amérique du Nord a été créée par une équipe internationale de 39 chercheurs conduite par l’Université du Manitoba.

« C’est la première fois que l’on peut observer des comportements de plusieurs animaux en même temps. Habituellement en Arctique, on fait des études par espèce », explique le porte-parole de l’équipe, David Yurkowski, qui est postdoctorant à l’Université du Manitoba, située dans les Prairies canadiennes.

La mise au point de cette carte unique en son genre, dit-il, a été possible avec des collègues de 21 institutions gouvernementales et académiques du Canada.

C’est justement grâce à la mise en commun des données prises entre 1989 et 2016 par les différents centres d’études que la carte a pu être réalisée. « Nous avions 21 espèces et plus de 12 000 animaux dont il a fallu compiler des relevés télémétriques quotidiens », précise David Yurkowski.

Des animaux sentinelles

Ce sont les grands prédateurs qui ont été choisis pour cette étude. « Ils sont très mobiles et font office de sentinelles dans la recherche de certaines zones qui peuvent s’avérer très productives en matière de plancton et de poisson », explique le chercheur.

Ainsi, des baleines, des ours, de grands poissons ou encore des oiseaux marins ont été équipés de balises permettant de réunir des informations sur leurs déplacements.

Les chercheurs ont pu observer les zones situées entre la mer du Bering et celle du Labrador qui attirait le plus les cobayes.

« Plus il y a de diversité de ces animaux dans certaines zones, plus cela peut indiquer un secteur très propice en nourriture. »

David Yurkowski, chercheur

Parmi les lieux les plus convoités, on note la région du détroit de Lancaster (nord-est du Canada), le détroit de Jones Sound (nord-est du Canada), la baie Melville (nord-ouest du Groenland) ou encore le détroit du Vicomte-Melville (nord du Canada).

Une zone géographique significative

Étudier les zones maritimes arctiques n’est pas un choix anodin.

« C’est l’écosystème en réchauffement le plus rapide au monde », affirme le chercheur.

Selon David Yurkowski, cette nouvelle cartographie des zones de chasse des grands prédateurs marins est un point de départ pour les pouvoirs publics afin de réévaluer les zones protégées.

« Avec la pression du changement climatique, de la pêche et du développement économique, c’est important de pouvoir identifier des zones où il y a de fortes concentrations d’animaux. »

David Yurkowski, chercheur

Il ajoute que certaines « zones de pêche pour les animaux disparaissent ou se déplacent » sur le globe avec le temps.

De même, le comportement des animaux se modifie avec le réchauffement des eaux arctiques. En sciences écologiques, les chercheurs parlent de « redistribution des espèces ».

Parmi les 12 000 animaux étudiés, les scientifiques ont suivi le parcours de neuf narvals dans les régions du sud de l’Arctique. (Clint Wright)

« Nous avons par exemple davantage d’espèces subarctiques qui maintenant vont vers les eaux plus au nord. Cela modifie l’interaction entre les animaux ainsi que la chaîne alimentaire », soutient David Yurkowski.

Il ajoute qu’il faudra maintenant réunir des données environnementales pour comprendre les raisons d’une telle concentration de nourriture dans les endroits les plus prisés.

Julien Sahuquillo, Radio-Canada

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