Les femmes francophones du Grand Nord se mobilisent à leur façon

Le groupe de femmes francophones Les EssentiElles a toujours tenu à s’associer aux activités des groupes de femmes anglophones ou des Premières Nations, comme ici, lors de la marche «La rue, la nuit, les femmes sans peur» en 2009. (Les EssentiElles)
Par de petits gestes ou des mobilisations de plus grande ampleur, les femmes francophones du Grand Nord prennent le temps de réfléchir à ce que signifie la Journée internationale des droits des femmes pour elles.

À Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest, où n’existe pas de comité porte-parole pour les femmes, un groupe s’est rassemblé pour aller marcher jusqu’à l’Assemblée législative, afin de dénoncer les iniquités salariales dont sont victimes les femmes.

La Fédération franco-ténoise voulait souligner [l’événement], sans toutefois faire quelque chose à grand déploiement.Audrey Fournier, directrice générale, Fédération franco-ténois

Du côté du Yukon, l’organisme porte-parole des femmes francophones, Les EssentiElles, a aussi organisé une marche pour demander l’égalité des genres et l’équité salariale.

Au Nunavut, les activités sont sur pause en raison des rénovations en cours au Franco-Centre. La gestionnaire de la programmation de l’Association des francophones du Nunavut, Félicie Wingerter, a invité les femmes nunavoises à participer aux activités prévues par le Conseil Qulliit de la Condition féminine du Nunavut.

Le Franco-Centre, à Iqaluit, est le lieu de rassemblement principal des francophones du Nunavut. Des rénovations majeures sont en cours depuis la mi-septembre 2022. (Matisse Harchey/Radio-Canada)
À chaque territoire son modèle

Au Yukon, c’est le travail de femmes engagées qui a permis la création de l’organisme Les EssentiElles, il y a environ 30 ans. Dans le Grand Nord, c’est le seul organisme à but non lucratif, membre de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne.

Selon sa directrice, Laurence Rivard, Les EssentiElles remplissent un mandat important au Yukon. « Ça permet d’agir à titre de chien de garde. On fait partie des rencontres avec la communauté, avec les autres acteurs, en collaboration avec les autres organismes francophones », dit-elle.

Cette structure permet aussi de jouer un rôle de revendication, à une époque où les droits des femmes sont loin d’être acquis, comme l’a démontré toute la question du droit à l’avortement aux États-Unis. « La parole s’est libérée avec [le mouvement ] #moiaussi. C’était un moment très emballant du féminisme dans les dernières années. Puis là, on sent qu’il y a un retour du balancier », dit Laurence Rivard.

Laurence Rivard, directrice des EssentiElles. (Vincent Bonnay/Radio-Canada)

La présence d’un groupe plus structuré au Yukon, qui jouit de beaucoup de visibilité, a aussi permis à Charlie-Rose Pelletier, agente de mobilisation aux EssentiElles, d’être choisie pour faire partie d’une délégation de la Fondation canadienne des femmes.

Du 6 au 17 mars, la délégation participe à la 67e Commission sur le statut de la femme au siège social de l’ONU, à New York.

Outre sa participation à titre d’observatrice, Charlie-Rose a pris part à un panel de discussions où elle a parlé des défis et opportunités des régions éloignées et nordiques, incluant les défis de la justice de genre au Canada dans ces régions.

Pour elle, avoir la chance de parler au nom des femmes franco-yukonnaises peut bénéficier à toutes les femmes du Grand Nord. « Je prêche pour ma paroisse, mais c’est aussi en ayant le pied dans la porte et en disant venez-vous en, vous aussi vous avez des droits, c’est important de les revendiquer », dit-elle.

Dans la simplicité

Aux Territoires du Nord-Ouest, l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne a approché la Fédération franco-ténoise (FFT) pour prendre le pouls des femmes francophones du territoire, ce qui a été fait lors de l’Assemblée générale annuelle de la FFT, en novembre dernier.

Dans l’ensemble, le besoin de formaliser ou structurer un regroupement ne fait pas partie des priorités de la communauté, selon Audrey Fournier.

Audrey Fournier dirige la Fédération franco-ténoise (Carole Musialek)

« Au stade où on en est, les femmes ont envie d’avoir l’occasion de se rassembler, mais pas nécessairement pour discuter des enjeux de la francophonie », explique la directrice. « Il y avait des éléments de revendication aussi [qui ont été exprimés à l’AGA], mais démarrer un comité comme au Yukon, c’est beaucoup de travail, il faut vraiment une base solide de bénévoles au départ. »

Pour l’instant, la FFT envisage plutôt de rester dans la simplicité et de laisser aux organismes de la communauté la possibilité d’intégrer des activités qui interpellent les femmes.

La fédération ne ferme cependant pas la porte à l’idée d’appuyer un groupe de citoyennes qui désirent s’impliquer davantage, selon la responsable des communications de la FFT, Dominique Poirier. De petits gestes comme une marche en plein air peuvent semer quelque chose de plus grand, estime-t-elle.

« En créant de petits rassemblements comme ça, en faisant sortir les femmes de l’isolement et en se retrouvant ensemble, on ne sait pas ce qui peut aussi émerger de ça », dit Dominique Poirier.

Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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