Une hausse importante des températures dans l’Arctique est inévitable, dit l’ONU

La fonte des glaciers et du pergélisol peut libérer de dangereux microbes en dormance. (Radio-Canada)
Même si les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat étaient atteints, les températures dans l’Arctique augmenteront de 3 à 5 degrés Celsius en hiver, avec des conséquences importantes pour la région et pour le niveau des océans, selon un nouveau rapport de l’Agence de l’ONU pour l’environnement.

Le document, présenté à l’occasion de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement, à Nairobi, au Kenya, dépeint un portrait pessimiste du futur dans le Grand Nord, une région particulièrement sensible aux changements du climat.

Selon les modèles d’analyse utilisés, les augmentations de température pourraient atteindre entre 5 et 9 degrés d’ici 2080, comparativement aux niveaux de 1986 à 2005.

Une telle hausse aurait des conséquences dramatiques sur la fonte des glaciers de l’Arctique et du Groenland, qui contribueraient au tiers de l’augmentation du niveau de la mer.

En retour, ces changements pourraient entraîner plusieurs défis dans l’Arctique :

  • Insécurité alimentaire accrue en raison de contaminants relâchés par la fonte du pergélisol
  • Changements dans la faune et la flore
  • Érosion des côtes menant au déplacement de certaines populations
  • Routes touchées par la fonte du pergélisol
  • Temps réduit d’utilisation des ponts de glace au printemps et à l’automne en raison de la diminution de l’épaisseur de la glace
La fonte du pergélisol : le grand inconnu

Parallèlement, la fonte rapide du pergélisol et la libération du méthane contenu dans le sol pourraient accélérer le réchauffement de la planète et faire dérailler les efforts pour limiter l’augmentation de la température globale à 2 degrés Celsius, selon ce qu’on peut lire dans le rapport, intitulé Global Linkages – A graphic look at the changing Arctic (en anglais).

« Ce qui se passe dans l’Arctique ne reste pas dans l’Arctique », explique Joyce Msuya, directrice exécutive par intérim d’ONU Environnement, par voie de communiqué. « Nous avons la science. Il faut maintenant agir plus rapidement pour lutter contre le changement climatique afin d’éviter les points critiques qui pourraient être encore plus graves pour notre planète que nous le pensions. »

La route Dempster au nord de Dawson, au Yukon (nord-ouest du Canada) est particulièrement endommagée par la fonte du pergélisol. (Philippe Morin/Radio-Canada)

Cette nouvelle publication survient quelques mois à peine après la publication d’un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), où les scientifiques entretenaient peu d’espoir de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius.

Des conséquences déjà visibles

Plusieurs des conséquences avancées par l’ONU, dans son rapport, sont déjà visibles dans le Grand Nord, selon Fabrice Calmels, chercheur associé au Centre de recherche du Yukon et spécialiste des géosciences et de l’environnement du nord.

« C’est déjà le cas en ce moment : des bâtiments sont en train de se fissurer, certains aéroports connaissent des problèmes. Le pergélisol peut changer leurs habitudes de vie et mener à certaines contaminations. »

Fabrice Calmels, chercheur associé au Centre de recherche du Yukon

La fonte du pergélisol libérera non seulement du méthane, mais aussi du mercure, qui pourrait se retrouver dans les eaux environnantes.

« On a vu des lacs contaminés au mercure et si on ne peut être certains de la source, on pense que c’est le pergélisol des tourbières environnantes qui est en train de dégeler et de contaminer le lac », explique-t-il.

Un avis de santé publique à proximité du lac Ekali, sur le territoire de la Première Nation Jean Marie River. (Yukon Research Centre/Fabrice Calmels)

À Ekali Lake, dans les Territoires du-Nord-Ouest, le ministère de la Santé avertit les résidents de la communauté de Jean Marie River (dans l’ouest du territoire) d’y limiter leur consommation de poisson.

La fonte du pergélisol aura aussi des conséquences sur des routes d’accès comme la route de l’Alaska et la route Dempster, qui servent de connexion entre l’Alaska et les Territoires du-Nord-Ouest.

Un potentiel économique

Malgré les défis, le réchauffement climatique pourrait aussi représenter une opportunité économique pour les pays de la zone arctique. Au rythme actuel, l’océan Arctique pourrait être navigable en été d’ici les années 2030.

Ce phénomène pourrait « à son tour entraîner une expansion des activités économiques, telles que la pêche, l’exploration pétrolière et gazière et l’exploitation minière, ainsi que l’utilisation plus régulière des routes de navigation polaires », peut-on lire dans le rapport de l’ONU, qui s’appuie sur les données recueillies par le Conseil de l’Arctique.

Francis Plourde, Radio-Canada

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