Tuées par un grizzly dans le Nord canadien, Valérie Théorêt et sa fille n’ont rien pu faire pour se défendre

Valérie Théorêt habitait le Yukon depuis 2005. Elle est photographiée ici une semaine avant son départ pour la concession de piégeage par une amie. (Émilie Dory)
Le rapport de la coroner du Yukon, dans le nord-ouest du Canada, conclut que Valérie Théorêt et la petite Adèle sont mortes de façon accidentelle des suites d’une attaque prédatrice d’un grizzly affamé, le 26 novembre, au nord-est de Mayo.

La coroner Heather Jones affirme que les victimes n’ont pas pu se défendre de l’attaque et qu’un pulvérisateur de gaz poivré ou une carabine n’auraient pas pu éviter la tragédie.

La nouvelle de la mort de la jeune mère et de son bébé de 10 mois entre les griffes d’un grizzly a fait la une des médias et des réseaux sociaux.

« De dire que les victimes étaient au mauvais endroit au mauvais moment peut sembler banal, mais notre enquête démontre […] qu’il s’agissait d’une tragédie malheureuse et que rien n’aurait pu être fait pour l’éviter. »

Gordon Hitchcock, agent de conservation de la faune en chef

La famille dont faisaient partie les victimes profitait d’un séjour prolongé sur son territoire de piégeage, près du lac Einarson.

Le conjoint de Valérie Théorêt et père de l’enfant, le trappeur Germund Roesholt, était en train de vérifier ses trappes lorsque le drame s’est produit.

À son retour, il a été attaqué par le grizzly, mais il a réussi à l’abattre de quatre coups de feu. Il a ensuite découvert les deux corps des victimes de l’attaque et attendu les secours, qui n’ont pu arriver que le lendemain.

L’agent de conservation en chef, Gordon Hitchcock, affirme que le campement était particulièrement propre, les gibiers entreposés dans un contenant hermétique dans un cabanon, et que la famille avait de l’expérience en milieu sauvage.

La coroner du Yukon, Heather Jones, a affirmé en conférence de presse que cette enquête avait été particulièrement difficile. Elle a par ailleurs remercié la famille pour sa collaboration. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Respect envers la famille

La coroner Heather Jones a admis que cette affaire avait été difficile, mais que ce rapport visait aussi à reconnaître que Valérie Théorêt et Adèle étaient des personnes et non pas de simples statistiques.

« J’ai passé beaucoup de temps avec la famille durant ce processus et, plus récemment, en prévision d’aujourd’hui. C’est un moment très difficile pour la famille, et je la remercie de m’accepter dans ce processus de façon à faire ce travail qui doit être fait. »

Heather Jones, coroner du Yukon

Les membres de la famille n’ont pas fait de déclaration, et les médias ont été avisés qu’ils souhaitaient demeurer à l’écart du public.

La nature exacte et les détails des blessures des victimes n’ont pas été divulgués, sauf qu’elles sont mortes pratiquement sur le coup.

L’agent de conservation de la faune en chef, Gordon Hitchcock, s’adresse aux médias à la suite du dépôt du rapport de la coroner au sujet de la mort de Valérie Théorêt et Adèle Roesholt. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Un ours affamé et en douleur

Les résultats de la nécropsie de l’ours ont révélé que l’animal de 18 ans pesait 137 kg. Il était affamé et souffrait en raison des épines du porc-épic qu’il avait consommé, une proie inhabituelle pour les ours.

« Le principal attrait pour un ours est la nourriture, explique Gordon Hitchcock. Partout au Yukon, cette année, nous avons connu un printemps tardif, ce qui peut avoir un impact sur les sources de nourriture naturelle des ours. Par ailleurs, nous avons connu un hiver doux, ce qui peut contribuer à une activité prolongée des ours pour leur permettre de trouver de la nourriture et accumuler des graisses. »

La coroner recommande la sensibilisation du public

Bien qu’il soit clair, selon la coroner, que les victimes n’ont rien pu faire pour échapper à l’attaque de l’ours, elle recommande au territoire de « sensibiliser continuellement le public au fait que les rencontres avec des ours peuvent survenir n’importe où et en toute saison au Yukon ».

Les spécialistes et les agents de conservation de la faune remarquent que les ours semblent demeurer éveillés plus longtemps dans l’année, en sortant de plus en plus tôt de leur tanière au printemps ou s’y rendant de plus en plus tard à l’automne.

La coroner suggère également la création de formation et de ressources pour les chasseurs et les trappeurs, et une amélioration des échanges entre ces derniers et les agents de conservation de la faune en vue d’améliorer les mesures de prudence.

Finalement, la coroner recommande que la sensibilisation du public insiste sur le danger que représente un ours blessé ou en détresse.

Claudiane Samson, Radio-Canada

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