Les Inuits d’un village du Nord québécois partenaires dans la construction d’un barrage hydroélectrique

La communauté d’Inukjuak au Nunavik, la région inuite du Nord québécois. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
Les Inuits d’Inukjuak, dans le Grand Nord québécois, auront leur propre barrage électrique capable d’alimenter la communauté. L’annonce en a été faite lundi à Montréal par Hydro-Québec, l’entreprise Innergex et Pituvik, une compagnie qui appartient aux Inuits.

Le barrage sera construit sur la rivière Inukjuak à proximité de la communauté du même nom. La centrale sera en mesure de produire 7,5 MW et améliorera l’alimentation en électricité d’Inukjuak.

Le coût du projet atteint 125 millions de dollars et constitue un premier partenariat entre une entreprise privée, dans ce cas Innergex, et une entité inuite du nom de Pituvik. Cette dernière sera partenaire à 50 %.

La construction devrait s’amorcer l’an prochain, tandis que la production d’électricité est prévue pour 2022.

Comme dans les 13 autres communautés inuites du Nunavik (région inuite du Nord québécois), le village de la baie d’Hudson, qui compte 1800 habitants, est alimenté entièrement au diesel. Mais le diesel, en plus d’être polluant, doit être transporté par camion et par bateau, ce qui revient très cher à Hydro-Québec.

Sans compter le risque de déversement, affirme le président de Pituvik, Éric Atagotaaluk. En 2015, 13 500 litres de diesel se sont échappés d’une centrale de production électrique d’Hydro-Québec à Inukjuak même. Des déversements ont eu lieu dans d’autres villages également. « On veut éliminer ça pour notre village », affirme M. Atagotaaluk, qui était au point de presse au siège de la société d’État, à Montréal.

Un barrage hydroélectrique sera construit sur la rivière Inukjuak, au Nunavik. (Innergex)

Hydro-Québec soutient qu’elle économisera 20 % des coûts de l’alimentation en électricité d’Inukjuak grâce à ce projet. Hydro parle de réduire de « plus de 80 % la consommation d’hydrocarbures et de réduire de 700 000 tonnes les émissions de gaz à effet de serre ».

La production d’électricité par le nouveau barrage pourrait favoriser, disent les promoteurs, le développement économique de la communauté.

La durabilité financière repose sur un contrat d’approvisionnement en électricité d’une durée de 40 ans signé entre les promoteurs et Hydro-Québec.

Depuis 10 ans

Le projet est en développement depuis plus de 10 ans. « Ça avançait plus rapidement dans les plus récentes années », affirme Éric Atagotaaluk, citant un contexte politique favorable et le partenariat avec Innergex en 2015.

Des audiences publiques ont eu lieu en mars pour donner la chance aux membres de la communauté de s’exprimer sur le projet. Lors d’un référendum tenu le même mois, 83 % de la population du village a voté en faveur de la construction du barrage.

Des habitants ont toutefois fait part de leurs préoccupations quant à la qualité de l’eau. Le président de Pituvik affirme que la teneur en mercure des eaux sera « surveillée de près ».

L’embauche locale lors de la construction du barrage sera par ailleurs « maximisée », a-t-il dit, sans préciser le nombre exact d’Inuits qui pourront travailler sur le chantier.

Laurence Niosi, Radio-Canada

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