Une mission scientifique pour mieux comprendre l’évolution de l’Arctique canadien

La paléo-océanographe Audrey Limoges, de l’Université du Nouveau-Brunswick, fait partie de l’expédition. (Mélanie Léger/Radio-Canada)
Des scientifiques vont entreprendre une étude du changement climatique dans l’Arctique canadien.

Ils effectuent des tests de leurs instruments au large d’Halifax avant de se rendre plus tard cet été dans le secteur de l’île de Southampton, qui borde la baie d’Hudson. Cette île est l’un des principaux lieux où vivent les mammifères marins de l’Arctique. L’humain vit aussi sur cette île depuis des millénaires.

« La plupart des opérations vont se produire dans la baie d’Hudson et particulièrement l’un des grands programmes de cette mission est le Southampton Island Monitoring Ecosystem Program, qui permet d’évaluer les changements dans l’écosystème autour de [l’île de] Southampton au nord de la baie d’Hudson, d’évaluer comment l’écosystème évolue en relation avec les changements climatiques et en relation avec la fonte précoce de la glace de mer dans cette région », explique une participante paléo-océanographe de l’Université du Nouveau-Brunswick, Audrey Limoges.

Les scientifiques vont effectuer leur mission à bord d’un crabier converti à cet effet, le William Kennedy. Ce bateau de 20 mètres appartient à l’organisme sans but lucratif Arctic Research Foundation, dont l’un de fondateurs est le philanthrope Jim Balsillie, ancien PDG de l’entreprise Research in Motion.

L’étude menée sur trois ans est dirigée par l’Université du Manitoba et est financée par le gouvernement fédéral et par le réseau Marine Environmental Observation Prediction and Response. Ce dernier est un centre de recherche marine basé à Halifax.

Les participants sont des scientifiques d’universités et du gouvernement fédéral, spécialistes dans plusieurs disciplines. Ils vont étudier l’océanographie et la vie marine dans l’espoir de prévoir les changements à venir dans cet écosystème.

« Aller chercher des échantillons, pour nous comme scientifiques, c’est très important parce que c’est la base de notre travail. À partir de ce qu’on va recueillir, on va pouvoir en fait mieux comprendre l’écosystème qui est très peu connu pour l’instant. Évidemment dans le contexte actuel de changement climatique où la température augmente, où la durée de la période où il n’y a pas de glace augmente dans la baie d’Hudson, les changements sont assez [importants] là-bas. Donc, comprendre ce qui se passe là-bas nous permet de mieux nous préparer aussi pour ce qui nous attend ici aussi », indique Audrey Limoges.

Par exemple, les bélugas entrent plus tôt dans la baie d’Hudson et ils y séjournent plus longtemps qu’auparavant.

La difficulté de mesurer les changements

Contrairement aux eaux canadiennes de l’Atlantique où des scientifiques font des études depuis des décennies, il existe peu de données sur l’Arctique.

En l’absence d’anciennes données avec lesquelles faire des comparaisons, il est plus difficile de mesurer les changements qui se produisent dans l’écosystème, souligne une autre participante, une experte en zooplancton au ministère des Pêches et des Océans à Winnipeg, Andrea Niemi.

Andrea Niemi, scientifique du ministère des Pêches et des Océans, étudiera la chaîne alimentaire des mammifères marins et des poissons dans les environs de l’île de Southampton cet été. (Mélanie Léger/Radio-Canada)

Mme Niemi est l’une des auteures de la prochaine publication importante du ministère sur le changement climatique dans l’Arctique.

Le ministère a publié au printemps un rapport intitulé Les océans du Canada maintenant : Écosystèmes de l’Atlantique, 2018. Ce dernier conclut que les eaux plus chaudes, la diminution de la banquise et d’autres changements en cours en Atlantique résultent du changement climatique.

Le rapport sur l’état de l’océan Arctique ne comprendra pas de données de référence contrairement à celui sur l’état de l’Atlantique.

Remonter à 2000 ans

Audrey Limoges étudie déjà des carottes de forage provenant de l’île de Southampton qui révèlent des changements survenus à la longue dans la nature.

En remontant ainsi à 2000 ans, il est possible de voir les transitions entre les épisodes de températures froides et chaudes et de comprendre comment l’écosystème a réagi à ces changements, souligne-t-elle.

Les scientifiques pourront recueillir d’autres données durant leur nouvelle expédition dans la région et faire des études plus poussées.

Les changements qui se produisent dans le Nord auront des répercussions sur le Canada. C’est pourquoi cette mission scientifique est « extrêmement importante », conclut Audrey Limoges.

Avec les renseignements de Paul Withers, de CBC

Radio-Canada

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