Des craintes concernant le vote en ligne aux élections territoriales des Territoires du Nord-Ouest

Pour voter en ligne, les électeurs devront s’inscrire d’avance entre le 19 août et le 21 septembre. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)
Les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) deviendront cet automne le premier des territoires et provinces du pays à utiliser le vote en ligne pour des élections générales. Cette initiative vise à s’attaquer au faible taux de participation, mais elle suscite aussi la critique et les craintes de certains experts.

Aux dernières élections territoriales, seulement 44 % des électeurs enregistrés ont exercé leur droit de vote. Seuls 20 % des Ténois de 18 à 24 ans se sont rendus aux urnes.

Plutôt que de se déplacer au bureau de vote le 1er octobre, les Ténois pourront maintenant voter en ligne en tant qu’électeurs absents.

Les électeurs pourront utiliser le nouveau site web Electorhood pour accéder au système géré par l’entreprise Simply Voting. Les électeurs préalablement inscrits pour le vote par correspondance pourront ainsi voter en ligne du 6 septembre au 1er octobre.

L’entreprise montréalaise Simply Voting a été créée en 2003 a été utilisée dans des centaines de différentes élections municipales, universitaires ou syndicales. Son système a été utilisé pour la première fois par une province lors d’un plébiscite à l’Île du Prince-Édouard, en 2016.

Un système imparfait

En 2018, environ 40 % des municipalités ontariennes ont utilisé différentes méthodes de vote par Internet pour leurs élections municipales. L’adoption de cette nouvelle technologie ne s’est toutefois pas faite sans ratés.

Plusieurs municipalités en Ontario ont dû prolonger le scrutin de 24 heures à cause de pannes dans le système de vote en ligne aux élections municipales d’octobre 2018. (Ville du Grand Sudbury)

Si l’arrivée du vote par Internet est perçue comme un événement inévitable à travers le pays par certains, de nombreux experts en technologies de l’information prônent la prudence dans ce débat épineux.

En décembre 2016, un Comité spécial sur la réforme électorale a recommandé au gouvernement fédéral de ne pas implémenter le vote en ligne pour l’instant.

Le comité a entendu la critique de nombreux experts qui affirment que les risques liés à la sécurité, au dépouillement et à la transparence du scrutin, n’en valent pas les avantages.

La directrice d’Élections TNO, Nicole Latour, et le président fondateur de Simply Voting, Brian Lack, assurent pour leur part que le système fonctionne bien dans les plus petites élections, comme celles des T.N.-O, ou les menaces de cyberattaques sont maigres.

Brian Lack assure tout de même que des tests de vulnérabilité visant à contrer un possible piratage du système sont présentement effectués par son entreprise et une entreprise indépendante.

Le vote en ligne doit convaincre ceux qui ne prennent pas la peine d’aller voter au bureau de vote de le faire de la maison. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)
Un problème de transparence

Parmi les nombreux critiques du vote en ligne au pays, le professeur en génie du logiciel de l’Université Western, Aleksander Essex, qui étudie le vote en ligne depuis plusieurs années, estime que les risques de piratage ou de cyberattaque ne sont pas le problème principal de ce mode de scrutin.

Selon lui, contrairement aux votes en papier qui permettent de nombreux recomptages physiques, le vote en ligne n’offre aucune garantie que les votes qui sont comptés par le système représentent bel et bien ce que les électeurs ont choisi.

« Imaginez si on prenait une boîte de scrutin, qu’on l’emmenait dans une pièce à porte fermée, et qu’on en ressortait une heure plus tard en disant « voilà qui a remporté », utilise-t-il en exemple. Vous diriez, « montrez-moi les scrutins. » »

« Vous ne pouvez pas appuyer des résultats électoraux sur la seule bonne foi, il doit y avoir une façon de surveiller ce qui se passe. »

Aleksander Essex, professeur en génie du logiciel de l’Université Western
Le professeur en génie du logiciel, Aleksander Essex, de l’Université Western, étudie le vote électronique depuis plusieurs années. (Université Western)

Aleksander Essex estime aussi qu’il y a trop de facteurs, comme le piratage, un virus ou un bogue, qui pourraient modifier un code ou une fonction du système de vote et en compromettre la justesse de ce qui est rapporté.

Un candidat qui voudrait contester la validité d’un résultat serré aurait, selon le professeur, de bons arguments puisque la technologie n’offre pas assez de preuves convaincantes pour valider les résultats.

À la question de la transparence et de la possibilité de vérifier la véracité des résultats, le président de Simply Voting, explique que son entreprise offre l’option d’offrir un code de reçu à l’électeur pour qu’il puisse s’assurer que son vote a été enregistré correctement.

Élections TNO n’a pas encore décidé si elle utiliserait cette option, selon lui.

Avec des informations d’Hilary Bird de CBC North

Mario De Ciccio, Radio-Canada

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