La Russie installera bientôt sa centrale nucléaire flottante dans l’est de l’Arctique
Une centrale nucléaire flottante russe sera installée dans les mers arctiques en août, afin d’alimenter une région particulièrement reculée, mais riche en pétrole.
L’Akademik Lomonosov accostera dans la ville de Pevek, en Sibérie orientale. On s’attend à ce qu’il fournisse de l’électricité à la région de Tchoukotka, qui compte 50 000 habitants.
Greenpeace, de son côté, a parlé d’un « Tchernobyl flottant ».
Mais l’Akademik Lomonosov offre également un aperçu des ambitions nordiques de la Russie et du rôle de l’énergie nucléaire dans leur réalisation.
L’agence russe de l’énergie atomique, la ROSATOM, a déclaré dans des communiqués de presse que la future centrale nucléaire flottante sera un élément clé de l’infrastructure dans le développement de sa route maritime arctique.
De plus, l’agence a commencé à travailler sur une flotte de brise-glace à propulsion nucléaire pour garder cette route ouverte. Ses trois derniers navires peuvent couper à travers trois mètres de glace, et chacun peut produire 350 mégawatts d’énergie.
Rebecca Pincus, professeure adjointe au U.S. Naval War College, affirme que la vision de la Russie en tant que superpuissance mondiale au XXIe siècle repose sur le Grand Nord.
Selon les déclarations de ROSATOM, l’usine alimentera en électricité la région de Tchoukotka et soutiendra les « industries clés » dans cette région riche en pétrole et en gaz.
Le choix de construire une centrale nucléaire flottante est une « fabuleuse petite synthèse de tous les défis auxquels la Russie fait face dans le développement de sa zone arctique », a dit la professeure Pincus.
Les États-Unis aussi dans la mêlée
Michael Golay, professeur de sciences nucléaires aux États-Unis, est moins enthousiasmé par le jeu de la Russie.
L’équipe du professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) travaille depuis des années sur son propre projet d’énergie nucléaire flottante, et M. Golay pense que le projet de ROSATOM sera éclipsé par les plans de ses collègues.
Il fait aussi remarquer que l’Akademik Lomonsov emploie des réacteurs nucléaires similaires à ceux des brise-glace et des sous-marins existants.
La mise en service de l’énergie nucléaire sur l’eau a une longue histoire. Le premier brise-glace à propulsion nucléaire de l’ex-URSS, le Lénine, a été lancé en 1957.
L’armée américaine a lancé la première centrale nucléaire flottante, appelée MH-1A, 10 ans plus tard. Elle a été démantelée au début de cette année.
Ce que Michael Golay veut voir, ce sont des centrales flottantes beaucoup plus grandes. Son équipe veut se servir de l’eau froide de l’océan pour prévenir la surchauffe qui, selon lui, constitue la plus grande menace d’accident nucléaire.
Il s’inquiète du battage médiatique autour de l’Akademik Lomonosov qui suscitera la crainte des Nord-Américains à propos de l’énergie nucléaire : « On trouve des groupes comme Greenpeace qui mettent tout le monde en colère à propos de cette idée. »
Chez Greenpeace, l’expert en énergie nucléaire Jan Haverkamp estime que son organisation a raison d’être inquiète.
Le Lomonosov s’amarrera dans l’un des endroits les plus reculés du monde.
Il est aussi préoccupé par l’énergie utilisée pour extraire les combustibles fossiles.
Entre-temps, ROSATOM affirme que cette barge n’est qu’un petit morceau du nouvel avenir de l’énergie nucléaire flottante.
Avec les informations de CBC News