La pétrolière BP se retire de l’Alaska

La pétrolière Hilcorp exploite depuis 2012 les puits de pétrole du golfe Cook. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
La multinationale BP a conclu une entente pour vendre ses actifs en Alaska à la pétrolière Hilcorp Alaska pour un montant de 5,6 milliards de dollars américains.

BP exploite le secteur de forage Prudhoe Bay sur la côte arctique depuis 1968, un endroit qui est central à l’industrie pétrolière et à l’économie de l’Alaska.

L’entente de rachat comprend également les actifs dans l’exploitation des différents pipelines ainsi que ses concessions pétrolières dans la réserve faunique nationale de l’Arctique. La région connue comme secteur de mise bas pour les caribous de la harde Porcupine fait l’objet de controverse depuis des décennies entre pétrolières et environnementalistes.

Dans un communiqué, le directeur général du groupe BP, Bob Dudley, affirme que l’entreprise poursuit d’autres intérêts dans le monde et aux États-Unis.

« L’Alaska a été instrumental dans la croissance et le succès de BP depuis plus d’un demi-centenaire et notre travail là-bas a contribué à l’évolution des carrières de plusieurs au sein de l’entreprise. Nous sommes extrêmement fiers du travail de calibre mondial que nous avons construit aux côtés de nos partenaires de l’État de l’Alaska. »

Bob Dudley, directeur général du groupe BP

La transaction doit être approuvée par les législateurs fédéraux et de l’Alaska.

Pas une surprise

L’analyste énergétique Doug Matthews affirme que BP suit ici une tendance dans l’industrie vers « de plus verts pâturages » tels que le schiste ou les sables bitumineux.

« C’est une approche standard de se départir des sources plus difficiles à produire vers des sources plus faciles. »

Doug Matthews, analyste énergétique

Quelque 1600 personnes travaillent à BP, entre autres dans la région de Valdez où est situé le terminal Alyeska du pipeline Trans-Alaska, deux entités dans lesquelles BP possède 49 % d’actifs chacune.

Terminal pétrolier à Valdez, en Alaska (Claudiane Samson/Radio-Canada)

De son côté, Hilcorp Alaska emploie environ 500 personnes et exploite des puits de pétrole tant sur la côte arctique que dans le golfe de Cook, en Alaska.

Selon l’analyste en énergie, Doug Matthews, la plus grande perte pour cet État américain risque d’être celle des employés de BP qui pourraient ne pas être réintégrés au sein d’Hilcorp.

Réactions environnementales

« Il y a plus de questions que de réponses à moment-ci » affirme Brooke Taylor, responsable des communications du Prince William Sound Regional Citizens’ Advisory Council, faisant référence entre autres au fonds de réhabilitation environnemental dans lequel sont tenus de contribuer les grands producteurs..

L’organisme de citoyens créé à la suite du déversement de l’Exxon Valdez en 1989 a pour mission de s’assurer de la sécurité environnementale du transport de pétrole.

« Nous sommes tristes d’apprendre la nouvelle. Pendant des années, BP a mis l’accent sur la sécurité. Leur entreprise de transport de pétrole du terminal a tenu une campagne auprès de ses employés entourant la sensibilisation à la sécurité. »

Brooke Taylor, Prince William Sound Regional Citizens’ Advisory Council

Du côté du golfe de Cook, certains, comme Bob Shavelson de l’organisme environnemental Cook Inlet Keepers, s’inquiètent de la nouvelle.

« La progression typique dans le monde du gaz et pétrole est de voir ces grands joueurs d’abord venir et prendre les “fruits mûrs”, puis à mesure que le puits s’affaiblit, on voit de plus petits producteurs venir et prendre ce qui reste, dit-il. Le modèle d’affaire de Hilcorp est de venir dans ces vieux puits et retirer le plus de profits possible, même s’il faut tourner les coins ronds avec la sécurité environnementale ou des employés. »

Impact pétrolier dans l’Arctique
Pétrolier et bateau escorteur dans le port de Valdez, en Alaska. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Doug Matthews admet que cette nouvelle peut sembler contradictoire à un moment où l’administration américaine cherche à attirer des investissements pétroliers en Arctique : « Je ne crois pas qu’on verra beaucoup d’activité dans l’Arctique […] tant qu’il y a du pétrole plus facilement accessible ailleurs. »

Le directeur responsable de la région Arctique pour l’Association canadienne des producteurs pétroliers, Paul Barnes, croit au contraire que cette transaction pourrait susciter de l’intérêt pour la région de la mer de Beaufort.

Dans un courriel, M. Barnes écrit: « Si Hilcorp poursuit les activités d’exploration et de développement des biens extra-cotiers de BP en Alaska et fait de nouvelles découvertes, cela pourrait déclencher plus d’intérêt du côté canadien de la mer de Beaufort qui a présentement faibli. »

Claudiane Samson, Radio-Canada

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