Dans le Grand Nord canadien, un budget « plus viable » qu’en 2021 aux Territoires du Nord-Ouest

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a déposé un budget pour l’année 2022-2023 qui prévoit un excédent de fonctionnement de 131 millions de dollars. Cependant, les dépenses devraient augmenter et la dette devrait se creuser davantage dans les prochaines années.
En amont de sa présentation du budget, la ministre des Finances Caroline Wawzonek s’est dite « plus positive » que l’année dernière, malgré la hausse de la dette et des dépenses liées à la pandémie et aux inondations.
« Ce budget est vraiment une preuve de la différence qu’une année peut faire, » a-t-elle déclaré lors d’une intervention devant les médias mardi matin, vantant un budget « plus viable » que l’année dernière.
La ministre affirme que les revenus sont meilleurs qu’espérés. Le budget prévoit des revenus de 2,3 milliards de dollars, soit 2,3 % de plus qu’en 2021-2022, en grande partie à cause de la hausse des transferts fédéraux.
Autre bonne nouvelle, la ministre annonce que le nouveau budget ne présente aucune nouvelle coupe ni des hausses d’impôts, comme c’était aussi le cas en 2021-2022.
Un document budgétaire précise tout de même que les « taux par mille d’impôt foncier et certain frais seront indexés à l’inflation afin de maintenir les pratiques de gestion financière ».
Le budget prévoit aussi d’augmenter les dépenses de 43 millions de dollars par rapport à l’année dernière. Au moins 86 millions iront pour l’amélioration des programmes, 9 millions pour les priorités du mandat et 2 millions en amortissement.

Caroline Wawzonek se dit optimiste de voir les futures dépenses contrôlées par des économies réalisées en interne sans que cela n’entache les programmes et les services offerts. À plusieurs reprises, elle a insisté sur « l’importance des améliorations de l’intérieur sans nouvelle rentrée d’argent ».
Selon le ministère des Finances, ces dépenses devraient être compensées par les économies réalisées grâce aux programmes qui prennent fin et dont le montant s’élève à 54 millions de dollars.
Dans ses dépenses, le gouvernement souhaite se concentrer sur plusieurs aspects :
- la lutte contre les changements climatiques et la protection de l’environnement;
- la garantie de la santé et du bien-être de la population;
- la sûreté des résidents et des collectivités;
- la réduction du déficit de financement municipal;
- le soutien des populations vulnérables;
- le soutien des travaux favorisant la réussite scolaire;
- l’investissement dans la petite enfance;
- la stimulation de la croissance économique et de l’innovation
Investir dans l’environnement
Parmi les dépenses importantes, le gouvernement souhaite investir plus de 120 millions de dollars, soit 6 % du budget, pour gérer les ressources naturelles du territoire.
Un million de dollars iront aussi aux efforts pour rétablir les hardes de caribous de Bathurst et de Bluenose.

Mme Wawzonek reconnaît qu’il en faut plus pour répondre aux défis posés par les changements climatiques.
« Si nous voulons être sérieux dans notre réponse aux changements climatiques, il ne s’agit pas seulement d’avoir un nouveau fonds ou de continuer à faire avancer le travail sur la protection du caribou, il faut vraiment une approche globale du gouvernement. »
L’argent ne règle pas tout
Les dépenses liées à la santé et au bien-être augmentent de 23 millions de dollars dans ce budget.
Le gouvernement des T.N.-O. investit 7,1 millions dans les voyages médicaux et dans la réforme des soins de santé, et 2,92 millions dans l’Entente sur le mieux-être dans le Nord pour les programmes de santé communautaires.
Il investit également un million de dollars dans les programmes territoriaux de lutte contre le cancer et dans un programme de sages-femmes.

Pour la période allant de 2020 à 2022, le coût estimé des dépenses liées à la COVID-19 se situe à 56 millions de dollars. Dans le budget 2022-2023, le gouvernement anticipe une baisse de 6 millions pour le Secrétariat de coordination pour la COVID-19.
Caroline Wawzonek a tenu à souligner que l’argent ne résout pas tous les problèmes en prenant l’exemple de la fermeture temporaire de l’aile d’obstétrique de l’Hôpital territorial Stanton à cause d’un manque d’infirmières.
Une situation qui, dit-elle, existait depuis longtemps. « De nombreux défis dépassaient le cadre de l’argent, il y avait beaucoup d’autres choses en jeu comme les horaires des équipes, la fréquence des équipes, la flexibilité interne, des choses en lien avec le fonctionnement interne. L’argent ne va pas nécessairement résoudre ces problèmes », a-t-elle ajouté.
Augmentation de la dette
La dette, estimée à 1,675 milliard de dollars, se rapproche de la limite d’emprunt fixée par le gouvernement fédéral (1,8 milliard). D’ici 2024, elle pourrait atteindre 1,754 milliard de dollars.
« Oui, la dette accroît, mais elle reste gérable », a dit Caroline Wawzonek.
Elle rappelle que les agences de notation comme Moody’s accordent toujours une bonne note au territoire. Et la côte de service de la dette continue à être bien en dessous de la marque de 5 % à 2 %.
« La dette continue à augmenter à cause des investissements dans les projets d’infrastructure. C’est ce qui aide à croître notre économie », a affirmé la ministre.
Elle soutient tout de même que les indicateurs économiques à court terme du territoire sont positifs, puisque selon des prévisions préliminaires, la croissance économique des T.N.-O. pour 2022-2023 devrait se maintenir autour de 7,3 %, soit assez proche du niveau de 2021-2022. Un chiffre 4,5 % plus bas qu’en 2019.
Bien que le niveau de l’emploi ait atteint les niveaux d’avant la pandémie, la reprise économique ne concerne pas tous les secteurs. Le tourisme, l’hôtellerie, l’exploitation minière et le commerce de gros « continuent de se débattre », a conclu Mme Wawzonek.