Neuf circonscriptions à surveiller aux élections des Territoires du Nord-Ouest, dans le Nord canadien

Le 1er octobre, les Ténois devront choisir leurs représentants dans chacune des 19 circonscriptions des Territoires du Nord-Ouest, dans le Nord canadien. (Walter Strong/CBC)
Dans le système de gouvernement dit « de consensus », l’absence de partis politiques fait en sorte que chaque circonscription des Territoires du Nord-Ouest constitue son propre tournoi. Chacune d’entre elles pourrait élire le ou la prochaine première ministre. Survol.

Le retrait de la vie politique de nombreux députés laisse le champ libre à des nouveaux venus dans les circonscriptions de Great Slave, de Yellowknife South, de Tu Nedhé-Wiilideh, d’Inuvik Booth Lake et d’Inuvik Twin Lakes.

Dans Great Slave, circonscription de l’est de Yellowknife détenue depuis 2007 par le ministre sortant de la Santé, Glen Abernethy, l’entrepreneur et négociateur autochtone Patrick Scott et l’ingénieure Katrina Nokleby se dirigent vers une lutte à deux. Scott qui détient des assises bien établies dans le Nord est connu pour sa défense des droits autochtones et pour ses positions écologistes et campées à gauche. Sa rivale, qui place également la protection de l’environnement parmi ses priorités, s’affiche comme une candidate forte pour l’économie.

Du côté de Yellowknife South, circonscription du premier ministre sortant Bob Mcleod, qui a annoncé le 6 septembre qu’il ne sollicitera pas de nouveau mandat, ce sont deux femmes qui se livrent bataille. Cadre de la minière Dominion Diamond, Galeen MacPherson affirme vouloir diversifier l’économie territoriale en prévision du déclin annoncé de l’industrie du diamant.

Quant à l’avocate Caroline Wawzonek, qui parle couramment français, elle compte faire de la recherche d’un équilibre entre le développement des ressources non renouvelables et la nécessité de mitiger les impacts des changements climatiques, la pierre angulaire de sa campagne. Cette course ravivera-t-elle l’intérêt des résidents de Yellowknife South ? En 2015, à peine 33 % des électeurs de la circonscription avaient exercé leur droit de vote.

L’avocate Caroline Wawzonek souhaite représenter la circonscription de Yellowknife South. (Jamie Malbeuf/CBC)

La circonscription de Tu Nedhé-Wiilideh était occupée depuis 2011 par Tom Beaulieu. Cette circonscription regroupe les communautés dénées visées par les négociations territoriales Akaitcho, soit : N’Dilo, Dettah, Fort Resolution et Lutsel K’e. Cinq candidats s’y disputent les suffrages. Paul Betsina a siégé au conseil de bande de N’Dilo. Nadine Delorme se présente comme une survivante des Raffles des années 1960 et entend se porter à la défense des femmes victimes de violence. Lila Erasmus, diplômée en études autochtones et en science politique, a été négociatrice et opère une firme de consultation stratégique à N’Dilo.

Quant à Steve Norn, résident de Fort Resolution, il affirme dans une vidéo postée sur YouTube vouloir poursuivre dans le sillage de Tom Beaulieu. Richard Edjericon, un ancien chef des Dénés Yellowknives qui avait porté les couleurs du Parti conservateur aux élections fédérales de 2006 et tenté sans succès de se faire élire à la tête de la Nation Dénée en 2018, a déposé ses documents de mise en candidature le 6 septembre.

Deux infirmières de métier se disputent le siège d’Inuvik Twin Lakes, laissé vacant par le départ du vétéran de la politique territoriale Robert C. Mcleod. L’engagement politique de Lessa Semmler est intimement lié à la cause des femmes et filles autochtones disparues et assassinées. Lors de l’enquête nationale, elle siégeait au Conseil national des familles. Quant à Sallie Ross, elle se présente comme une personne mue par la compassion et le désir d’améliorer les services de santé. L’agent des opérations de transport pour le ministère de l’Infrastructure Donald Hendrick, a présensenté sa candidature le 6 septembre.

Le retour des guerriers

À Yellowknife, le retour dans l’arène politique de deux ex-députés pourrait brouiller les cartes dans des comtés détenus par deux des députés parmi les moins consensuels du gouvernement de consensus.

Ce sera une lutte des idéologies dans Frame Lake, où le député sortant, Kevin O’Reilly, fait face à un politicien aguerri en la personne de Dave Ramsay, qui a représenté la circonscription de Kam Lake de 2003 à 2015. Alors que O’Reilly, consultant en évaluation environnementale de métier, est sans doute l’écologiste le plus intransigeant à l’Assemblée législative ainsi qu’un défenseur inflexible de la communauté franco-ténoise, son rival est connu pour ses accointances avec le Parti conservateur fédéral. Cet automne, Ramsay entend se présenter en champion de l’industrie.

Les candidats peuvent poser leurs pancartes électorales dans toutes les circonscriptions du territoire. Sur cette image, une pancarte de Dave Ramsay, candidat dans la circonscription de Kam Lake, est installée sur l’avenue Franklin, à Yellowknife.(John Last/CBC)

Dans Kam Lake, le député sortant, Kieron Testart, raconte à qui veut l’entendre qu’il souhaite réformer le système de gouvernement de consensus pour instaurer un système partisan. Il aura maille à partir avec un autre vétéran de la politique territoriale, Robert Hawkins, député de Yellowknife Centre de 2003 à 2015.

Il y a quatre ans, ce dernier avait délaissé son siège à l’Assemblée législative pour se lancer dans l’investiture fédérale qu’il a finalement concédée à Michael McLeod. Hawkins semblait avoir peu d’appui au sein de l’organisation libérale du comté dont la coordination était assurée à l’époque par… Kieron Testart! Ce mano a mano a des airs de vendetta et pourrait permettre à l’un des quatre autres candidats déclarés de se faufiler entre les jambes des deux titans.

Le conseiller municipal Rommel Silverio, l’analyste politique Caitlin Cleveland, l’attachée de presse au ministère de l’Éducation Cherish Winsor et l’homme d’affaires Abdullah Al-Mahamud sont également dans la course.

Le choc des guerrières

Un appel du pied pour l’implication des femmes en politique active a décidément été bien entendu. Pas moins de 22 femmes ont annoncé leur intention de briguer les suffrages cet automne, soit un peu moins que la moitié des candidats en lice. D’ores et déjà, on peut prédire qu’au moins une députée seracouronnées le 1er octobre, puisqu’aucun homme ne s’est présenté dans Yellowknife South.

C’était également le cas de la circonscription de Yellowknife Centre, jusqu’à l’annonce, cette semaine, de la candidature de l’animateur radio Thom Jarvis et de celle du conseiller municipal Niels Konge. Ces derniers seront-t-ils avantagés par le partage du vote des femmes dans cette circonscription où s’affrontent deux militantes féministes bien connues ? En chambre, la députée sortante, Julie Green, s’est toujours portée à la défense des femmes et des minorités sexuelles. Or cela ne suffit pas pour se rallier la sympathie de sa rivale, Arlene Haché, militante de longue date pour les femmes marginalisées.

La députée sortante de Yellowknife Centre, Julie Green (Gabriela Panza-Beltrandi/CBC)

La récipiendaire de l’Ordre du Canada a consacré sa carrière entière à la défense des femmes itinérantes et est très active sur les réseaux sociaux. En 2011, elle avait perdu de justesse dans cette même circonscription contre Robert Hawkins.

La division du vote féminin pourrait également jouer en la faveur du député sortant de Nunakput, Herb Nakimayak, dont le leadeurship est contesté par quatre candidates et un candidat. La circonscription la plus septentrionale des TNO regroupe quatre petites collectivités qui n’ont pas toujours les mêmes intérêts ni le même bassin de population : Tuktoyaktuk (environ 900 habitants), Sachs Harbour (environ 100 habitants), Paulatuk (environ 260 habitants) et Ulkhaktok (environ 400 habitants). Par le passé, cette configuration a souvent avantagé les candidats résidants à Tuk. Il s’agit de la collectivité d’Annie Steen et de Holly Campbell.

Pour sa part, Alisa Blake, une meneuse de traineaux à chiens qui a siégé au conseil de hameau de Fort MacPherson, n’a pas grandi et ne réside pas dans la circonscription. Sheila Nasogaluak a déposé sa candidature le 6 septembre tout comme l’ancien député de la circonscription de 2007 à 2015, Jackie Jacobson, qui pourrait créer la surprise.

Originaire de Paulatuk, mais résident de Yellowknife, le député sortant pourrait mordre la poussière si ses concitoyens s’avèrent sensibles à l’assiduité en chambre de leur représentant. Champion incontesté de la chaise vide, Nakiyamak a été absent de la chambre durant 90 des 117 jours qu’a siégé la 18e assemblée.

La bataille du sud

Dernier comté à surveiller : celui de Thebacha qui correspond, essentiellement, à la collectivité de Fort Smith.

Dans la circonscription détenue par le ministre de la Justice, Louis Sébert, des personnalités bien en vue dans le Slave Sud contestent le leadeurship de celui qui avait subi, à mi-mandat, le rare affront d’un vote de défiance de la chambre. La chef démissionaire de la Première Nation Salt River, Frieda Martselos, est une mordue de politique bien connue dans la région qui a souvent sollicité les électeurs.

La circonscription de Thebacha, dont fait partie la collectivité de Fort Smith, est actuellement représentée par le ministre territorial de la Justice, Louis Sébert. (Priscilla Hwang/CBC)

Autre poids lourd de la vallée de la Slave, l’ancien éditeur du Northern Journal, Don Jaque, a certainement des appuis nombreux dans le comté. Quant à Denise Yuhas, il s’agit de l’ancien assistante politique de l’ex-député Michael Miltenberger qui a tout de même régné sur Thebacha pendant 20 ans.

Sans surprise

Si la campagne électorale qui s’ouvre annonce des joutes politiques enlevantes, certaines circonscriptions n’offriront que peu ou pas de suspens aux analystes de salon. Trois circonscriptions ne sont convoitées que par un seul candidat qui seront donc, selon la formule consacrée, élus par acclamation.

R. J. Simpson demeure député de Hay River North. Ce sera son second mandat. L’actuel président de l’Assemblée législative, Jackson Lafferty, conserve sa circonscription de Monfwi qu’il représente depuis 2005. Quant à Frederick Blake Jr, il a les coudés franches dans le comté de Mackenzie Delta où son troisième mandat est assuré.

Denis Lord, L'Aquilon

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