Langue inuit : l’organisme qui représente les Inuit au Canada adopte une orthographe unifiée

L’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), qui représente quelque 65 000 Inuit au Canada, a choisi d’adopter un système d’écriture unifié de l’inuktut, la langue inuit, pour lever les barrières linguistiques qui perdurent entre les régions inuit du pays. (Radio-Canada)
L’organisme qui représente les Inuit au Canada s’est entendu sur un système d’écriture unifié de l’inuktut, la langue inuit, pour faciliter la communication entre les différents dialectes qui la composent.

Cette décision est le fruit de plusieurs années de consultations auprès d’aînés, d’enseignants et de locuteurs de dialectes inuit, a fait savoir jeudi l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), par voie de communiqué.

« Nos systèmes d’écriture actuels ont été élaborés durant le processus de colonisation, a mentionné jeudi le président l’ITK, Natan Obed. Le système d’écriture unifié de l’inuktut sera créé par et pour les Inuit du Canada. »

Le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami estime qu’une orthographe unifiée facilitera la communication à travers les nouvelles technologies et entre les différents dialectes inuit au pays.

Cette décision a aussi été appuyée par les présidents des organisations qui représentent les différentes régions inuit du pays ainsi que par le Conseil national des jeunes inuit.

« Il est maintenant temps d’aller de l’avant avec un système d’écriture unifié pour protéger et préserver notre langue pour la jeunesse », a mentionné le président de la Société Makivik, Charlie Watt, qui représente les Inuit du Nunavik, dans le Nord québécois.

« Le gouvernement du Nunatsiavut accueille favorablement l’élaboration d’un système d’écriture unifié, car nous sommes convaincus que cela contribuera à améliorer, promouvoir et revitaliser l’inuttitut », a déclaré Johanne Lampes, le président du Nunatsiavut, une région inuit située dans le Canada atlantique.

Lever les barrières entre les Inuit

À l’heure actuelle, l’alphabet utilisé à l’écrit varie d’une région inuit à une autre; certaines optant pour l’alphabet romain et d’autres pour l’alphabet syllabique. L’ITK recommande l’utilisation de l’alphabet romain, notamment parce qu’il permet d’inclure des sons qui ne disposent pas de symboles particuliers dans l’alphabet syllabique.

Selon l’organisme national, l’idée n’est pas de favoriser un dialecte plutôt qu’un autre, mais plutôt de permettre aux différents locuteurs inuit – qu’ils parlent l’inuktitut, l’inuinnaqtun ou encore l’inuvialuktun – de mieux se faire comprendre à l’écrit.

Certains écrivent l’inuktitut avec des lettres romaines, d’autres utilisent les caractères syllabiques. (Marie-Laure Josselin/Radio-Canada)

Selon l’ITK, il existe neuf systèmes d’écriture de la langue inuit au pays, ce qui crée des barrières entre les Inuit. S’il est vrai que certains parviennent à se faire comprendre oralement dans d’autres dialectes, il est plus difficile de lire un dialecte qui se base sur un alphabet différent.

L’objectif, à terme, est de faciliter l’emploi de la langue inuit dans le système d’éducation supérieur et à des fins commerciales.

Des discussions de longue date

« L’inuktut Qaliujaaqpait [l’écriture romaine de l’inuktut, NDLR] est simple à apprendre et à utiliser, permettant à ceux qui ont déjà appris un autre système d’écriture inuit de s’adapter facilement tout en fournissant une base solide aux nouveaux apprenants de la langue inuktut », a mentionné l’ITK.

L’organisme national inuit a indiqué qu’un sous-comité formé de représentants des organismes régionaux inuit allait élaborer un plan de mise en œuvre propre à chaque région.

L’ITK représente quelque 65 000 Inuit au pays, dont la majorité est répartie dans quatre régions distinctes : le Nunatsiavut (nord de Terre-Neuve-et-Labrador), le Nunavik (Nord québécois), le Nunavut (Nord canadien) et la région désignée des Inuvialuit (nord-ouest du pays).

L’Inuit Tapiriit Kanatami représente environ 65 000 Inuit au Canada, dont la majorité réside dans l’une des quatre régions inuit du pays. (Inuit Tapiriit Kanatami)

En 2012, l’organisme a rassemblé des experts inuit en linguistique au sein du groupe de travail Atausiq Inuktut Titirausiq pour qu’ils se penchent sur la question, mais les discussions sur le sujet remontent aux années 1970.

Selon l’ITK, ce choix fait suite à l’une des recommandations de la Stratégie nationale sur l’éducation des Inuit de 2011, qui soulignait l’importance d’unifier l’écriture de la langue inuit dans les ressources pédagogiques et linguistiques.

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