La rivière sans repos: un long-métrage sur la vie d’une Inuk du Nord québécois

Le long-métrage La rivière sans repos, réalisé par Marie-Hélène Cousineau, en collaboration avec Madeline Ivalu, est inspiré du roman du même titre, de l’écrivaine canadienne Gabrielle Roy. (Isuma /Courtoisie de Henry Welsh)
Les pages de l’écrivaine canadienne Gabrielle Roy s’apprêtent à reprendre vie dans le film La rivière sans repos, qui réunit des acteurs inuit du Nord canadien.

Le long-métrage relate l’histoire d’Elsa (Malaya Qaunirq Chapman), une jeune Inuk du Nord québécois devenue mère après avoir été violée par un soldat américain durant la Seconde Guerre mondiale.

« L’histoire se passe à Fort Chimo [l’ancien nom de Kuujjuaq, NDLR], un ancien poste de traite où les Américains avaient construit une base militaire », explique la productrice et cinéaste Marie-Hélène Cousineau, qui assure la réalisation du long-métrage en collaboration avec la cinéaste inuk Madeline Ivalu.

Lors de la sélection des acteurs, Marie-Hélène Cousineau explique avoir rapidement arrêté son choix sur Malaya Qaurniq Chapman, une Inuk d’une trentaine d’années dont le parcours de vie a tout pour éveiller la curiosité. « Elle a un éclat dans les yeux [et] une présence que j’aimais beaucoup », décrit-elle.

Née à Iqaluit, la capitale du Nunavut, un territoire de l’Arctique canadien, puis élevée à Pangnirtung, sur l’île de Baffin, Malaya Qaurniq Chapman a quitté sa région natale pour Los Angeles, après avoir été adoptée par un couple d’Américains au début de son adolescence. « Mais quand je suis arrivée à l’âge adulte, je suis retournée chez moi », explique-t-elle, en ajoutant qu’elle sentait le besoin de renouer avec sa culture. Elle anime actuellement une émission de télévision à l’APTN, un média autochtone au Canada, qui l’amène à voyager dans plusieurs communautés du Nunavut.

Le personnage d’Elsa, dans La rivière sans repos, est son premier rôle dans un long-métrage. « Le personnage d’Elsa est tellement différent de ma personnalité », lance-t-elle. C’est une femme plus calme, forte et dévouée. » Elsa est tiraillée malgré elle entre tradition et modernité, entre son identité et l’assimilation forcée à une société qui ne lui ressemble pas. Elle se bat aussi pour que son fils forge son identité inuit.

La force de la nature

Tout au long du long-métrage, le rôle d’Elsa est illustré à travers une rivière dont la résistance l’aide à tracer son chemin dans l’adversité. « La rivière est un peu sa force intérieure », souligne Marie-Hélène Cousineau. Ses différents stades, explique-t-elle, sont à l’image des états émotifs du personnage principal.

« Le lit de la rivière est toujours là, mais ce n’est jamais la même eau qui la traverse. Dans le cas d’Elsa, même si elle reste la même personne physiquement, elle n’est pas la même à l’intérieur. »

Marie-Hélène Cousineau, réalisatrice et productrice

Mais la rivière est aussi le reflet de la colonisation : elle s’impose dans son environnement et y laisse une marque quasi indélébile. « Rien ne peut l’arrêter, un peu comme l’eau d’une rivière », précise-t-elle.

La réalisatrice explique aussi avoir posé un regard contemplatif sur ses plans pour faire ressentir au public la singularité de l’environnement nordique.

« Il y a beaucoup de moments dans le film où on regarde la glace se fendre lentement », décrit Malaya Qaurniq Chapman. On prend vraiment le temps d’apprécier la beauté de chaque plan. »

La rivière sans repos met en vedette l’actrice inuk Malaya Qaurniq Chapman, dans le rôle d’Elsa, et Matthew York, interprétant son fils Jimmy. (Isuma/Courtoisie de Henry Welsh)

Derrière les caméras, les défis du tournage ont toutefois été de taille, puisque l’équipe de production a dû filmer dans des conditions extrêmes. « Tourner dans le Nord est extrêmement difficile, surtout parce qu’il faut se battre contre les éléments, affirme l’actrice inuk. Comme il faisait très froid, les caméras se déchargeaient rapidement. »

La production a aussi dû user de créativité pour imaginer des décors adéquats malgré un budget assez restreint. « Même si c’est un film historique, Kuujjuaq est une ville qui ressemble aujourd’hui un peu à une banlieue, explique la réalisatrice. On tournait dans de vieilles maisons, mais elles étaient elles-mêmes entourées de maisons modernes. »

Une production pour le Nord

La rivière sans repos est une production d’Arnait Video Productions, un collectif de production de films formé exclusivement de femmes, et des Productions MH Cousineau. La distribution est assurée par le collectif d’artistes inuit Isuma, situé à Igloolik, au Nunavut.

« Comme il n’y a pas de cinémas dans le Nord, ça fait peur à des distributeurs plus conventionnels, tandis qu’[Isuma] a une grande expérience pour distribuer des films dans le Nord », mentionne Marie-Hélène Cousineau.

La distribution réunit des acteurs inuit et non inuit, dont Malaya Qaunirq Chapman, Etua Snowball, Matthew York, Madeline Ivalu, Magalie Lépine-Blondeau, Patrick Hivon et Geneviève Rioux.

La rivière sans repos sera présenté les 12 et 14 octobre dans le cadre du Festival du nouveau cinéma, puis dans les cinémas montréalais à compter du 21 octobre.

Le long-métrage sera diffusé au mois de novembre à Kuujjuaq, dans le Nord québécois, puis en décembre à Iqaluit, au Nunavut. Il entreprendra par la suite une tournée dans plusieurs communautés du territoire.

Une réflexion sur “<em>La rivière sans repos</em>: un long-métrage sur la vie d’une Inuk du Nord québécois

  • mardi 15 octobre 2019 à 22:27
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    Européens parlant surtout des Hommes, l,endroit convoité auparavant congelé est maintenant gràce aux technologie moderne de détection , celle de prospection, mais, stratégiquement et minérale , les buccôliques croisière est que pour l’archivisme, le ralentissement de la propulsion et de la traction, comme la gravité?, éternel, le recommencement est la seule solution, l’adaptation?, faudra voir.

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