Légalisation du cannabis : la situation un an plus tard au Yukon, dans le Nord canadien
La boutique de vente de cannabis du gouvernement du territoire du Yukon, dans le nord-ouest du Canada, ferme ses portes jeudi, un an jour pour jour après son ouverture officielle au moment de la légalisation au Canada.
Le ministre responsable John Streicker rappelle qu’il n’avait jamais été question pour le territoire de s’occuper de la vente au détail à long terme. Le Yukon demeure toutefois l’unique fournisseur de cannabis récréatif, et continuera la vente au détail en ligne.
À Triple J’s Canna Space, la première boutique privée licenciée, Jordi Mikeli-Jones et son partenaire Jeremy Jones prennent quelques minutes pour prendre du recul.
Le couple affirme que les ventes vont bon train, la demande bel et bien présente, mais l’approvisionnement demeure insuffisant et la sélection de produits encore trop faible.
« J’irais jusqu’à dire qu’il y a de l’hypocrisie quand on compare la gestion de l’alcool et celle du cannabis. Il y a tellement de restrictions que les gens ne savent même pas qu’on existe! »
Jeremy Jones dénonce ne pas pouvoir faire de publicité ou d’offres promotionnelles, et surtout, ne pas pouvoir acheter directement des producteurs. Les deux commerçants sont d’avis que les gouvernements doivent assouplir les règles.
Le couple attend par ailleurs impatiemment que des producteurs locaux puissent obtenir du gouvernement fédéral leur licence et commencer à fournir le marché.
Le marché noir, l’ennemi commun
Le ministre John Streicker et les commerçants s’entendent pour dire que l’objectif premier à atteindre demeure celui d’enrayer ou à tout le moins affaiblir le marché noir.
Et le principal obstacle est le prix de revente. « Le marché noir est meilleur marché et avec le modèle de distribution en place, les taxes et le prix de revente font monter les prix. »
Mais le ministre John Streicker est plutôt d’avis que la première année de vente a permis de retirer au marché noir 2 millions de dollars en vente, soit 137 kilos de cannabis, en date du 31 mars 2019.
Le ministre admet que tout n’est pas parfait, il aimerait par exemple voir des producteurs locaux pouvoir réutiliser l’empaquetage pour des raisons environnementales, mais somme toute se réjouit du travail accompli.
Quant aux travailleurs de la boutique publique? « Je leur ai tous écrit une lettre de recommandation », dit le ministre qui ira saluer leur départ jeudi.
Les propriétaires de la boutique de leur côté cherchent à diversifier l’offre de services dans l’édifice avec des consultations et la vente de produits pour la pousse de plants de marijuana et bientôt, un salon de massage aux produits dérivés du cannabis.