Un objectif, un concept, une photo : mille mots en pixels pour sauver la nature polaire

La photographe Françoise Gervais aime se retouver dans les régions polaires, où elle se sent « dans un endroit où c’est la nature qui décide ». (Françoise Gervais)
Françoise Gervais a lu à plusieurs reprises le message lui annonçant qu’elle faisait partie des 100 photographes sélectionnés par le prestigieux concours international Wildlife Photographer of the Year. « C’était difficile d’y croire », dit en riant la Québécoise qui vit à Victoria, en Colombie-Britannique.

Dans la mer de 48 000 images soumises au concours organisé depuis plus de 50 ans par le Musée d’histoire naturelle de Londres, sa photo intitulée The Challenge (Le défi) a attiré l’attention du jury.

Le défi
Si l’on voit souvent des photographies d’ours polaire sur la banquise, c’est qu’il est, après tout, forcé de passer plus de temps sur la terre ferme, rappelle Françoise Gervais. Photo : The Challenge (Françoise Gervais/Wildlife Photographer of the Year)

Au-delà de la reconnaissance et des honneurs, Mme Gervais se réjouit de la visibilité que le prix lui offre aujourd’hui et qui l’aidera à sensibiliser le public aux concepts de conservation de la nature. La photographie est un outil permettant de toucher les gens, de leur faire découvrir des lieux et une faune qui leur sont peut-être inconnus, croit-elle.

Le sentiment d’empathie que peuvent ressentir les gens en regardant des photographies, qu’elles présentent la beauté du monde animal ou qu’elles soient provocantes, comme la sienne, peut « mener à une prise de conscience, voire mener à des actions et à des sacrifices », soutient-elle.

Françoise Gervais a commencé sa carrière dans le milieu de la conservation, en créant des réserves naturelles dans des milieux privés. Elle est maintenant chef d’expédition dans les régions polaires. Comme elles ne sont pas accessibles et que peu de gens ont la chance de les voir, Mme Gervais dit ressentir une responsabilité sociale de faire connaître ses photos au public.

À l’affût
Les caribous de la population de la toundra est une espèce menacée au Canada, rappelle Françoise Gervais. Photo : À l’affût (Françoise Gervais)

« C’était un rêve de jeune fille d’aller dans le Nord », dit-elle. « Toute jeune, j’ai trouvé un certain refuge dans la nature. » Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est de se retrouver au coeur d’un paysage qui n’est « pas contrôlé », qui « n’a pas été transformé ».

« Tu peux faire un 360 degrés et ne voir aucun changement fait par l’être humain. »

Françoise Gervais, photographe

Malheureusement, si le paysage des régions polaires n’est pas directement touché par le développement humain, il change de façon indirecte avec le changement climatique. « Les glaciers changent, la banquise change », observe-t-elle.

Les causes de ces changements ne sont pas locales, elles viennent de loin « dans les milieux urbains où se tiendront les expositions », dit-elle non sans une pointe d’ironie.

Équilibre
Pour la suite de sa carrière de photographe, Françoise Gervais souhaite se servir de son art pour faire avancer les concepts de conservation de la nature. « C’est ce qui m’intéresse, et c’est là où est mon coeur », dit-elle. Photo : équilibre (Fournie par Françoise Gervais)

La photo The Challenge « n’était pas technique », dit-elle. « Je n’ai pas eu recours à un appareil photo de 30 000 $ pour la prendre. Ici, c’est le concept qui importe. » Elle cite le photographe américain Ansel Adams : « Il n’y a rien de pire qu’une image claire et un concept flou. »

Libre comme le vent
« J’ai toujours aimé la nature sauvage. Elle m’inspire. Je sors ma caméra et j’oublie le temps », dit la photographe Françoise Gervais. Photo : Libre comme le vent (Fournie par Françoise Gervais)

L’ours polaire est un grand prédateur, alors le voir aussi vulnérable dans l’immensité du territoire nous rappelle « notre propre insignifiance, notre propre vulnérabilité », dit-elle. Celle qu’on ressent en milieu extrême et sauvage.

« Et c’est parfois lorsqu’on se sent le plus vulnérable qu’on se sent le plus en vie », conclut la photographe.

Geneviève Lasalle, Radio-Canada

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