Répondre aux besoins en santé et en petite enfance des francophones du nord-ouest canadien

La Garderie Plein Soleil, à Yellowknife, compte quatre groupes d’âge dont la pouponnière qui accueille deux catégories d’enfants âgés de 8 à 18 mois et de 18 à 24 mois. (Noémie Moukanda/Radio-Canada)
Les parents francophones des Territoires du Nord-Ouest déplorent le manque de places en garderie et souhaitent davantage de services de santé en français, tant pour les adultes que pour les enfants.

Il a fallu un sondage en ligne et une consultation publique le 20 janvier pour mettre en lumière plusieurs préoccupations des parents franco-ténois.

Ces derniers souhaitent, par exemple, pouvoir recevoir des services de vaccination dans leur langue maternelle ou encore avoir plus de places dans les garderies.

Ces initiatives entrent dans le cadre de la Stratégie nationale pour la petite enfance mise au point par des organismes nationaux francophones, explique Audrey Fournier, la coordonnatrice de Réseau TNO Santé.

« On voit qu’il y a énormément de travail qui reste à faire. »Audrey Fournier, coordonnatrice de Réseau TNO Santé

Les discussions ont aussi fait ressortir la nécessité pour les parents ainsi que pour les enfants d’avoir accès à des services de santé mentale dans la langue de Molière.

De plus, les mères aimeraient avoir un programme d’allaitement en français. Et, dans l’ensemble, les parents veulent savoir si leurs enfants sont réceptifs à l’apprentissage qui leur est offert.

Plus de places en garderie

La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO) est au centre des services offerts en petite enfance. Elle possède une garderie à Yellowknife, la Garderie Plein Soleil, mais aussi des programmes dès la prématernelle dans ses deux établissements, l’École Allain-St-Cyr et l’École Boréale.

La Garderie Plein Soleil existe depuis 26 ans. (Noémie Moukanda/Radio-Canada)

Audrey Fournier précise néanmoins que le service de garde Plein Soleil compte 42 enfants sur la liste d’attente et que la ville de Hay River, où se trouve la deuxième population francophone en importance, ne possède toujours pas de garderie publique. Deux réalités qui démontrent à quel point il est important d’agir, croit-elle.

Un premier projet financé

La première phase de financement de la Stratégie nationale pour la petite enfance couvre les années 2019 à 2022. La CSFTNO a soumis un projet en trois volets (évaluation précoce, test orthophonique et ergothérapie) qui a été retenu.

Mathieu Gagnon, le coordonnateur de l’inclusion scolaire des programmes et de l’évaluation à la CSFTNO, porte ce projet tripartite à bout de bras. « Il est critique d’avoir ce genre de vision, car la recherche l’a démontré, plus on intervient tôt, plus on a de chances d’avoir un impact dans la vie d’un enfant pour qu’il s’améliore à un jeune âge », affirme-t-il.

L’École Allain-St-Cyr est l’école francophone de Yellowknife. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)
« Si on intervient tôt, on diminue le risque de difficultés scolaires. C’est un avantage pour nous, car ces enfants francophones viennent ensuite dans notre système. »Mathieu Gagnon, coordonnateur de l’inclusion scolaire des programmes et de l’évaluation à la CSFTNO

Pour lui, l’évaluation précoce chez les tout-petits est importante, car elle permet de dresser « un profil qui servira aux parents, aux enseignants et aux professionnels ».

« Nous proposons de faire de l’évaluation précoce chez les enfants de 2, 3, 4, 5 ans afin de pouvoir recommander les parents plus rapidement aux services professionnels. »Mathieu Gagnon, coordonnateur de l’inclusion scolaire des programmes et de l’évaluation à la CSFTNO

Pour ce faire, la commission scolaire a acheté des programmes de tests en petite enfance qui vont permettre d’évaluer quatre domaines liés à la réceptivité à l’apprentissage, explique M. Gagnon.

  1. La conscience de soi et de son environnement
  2. Les habiletés cognitives
  3. La langue et la communication
  4. Le développement physique

Par ailleurs, « les jeunes qui sont ciblés avec des difficultés langagières passeront un test de dépistage en orthophonie », précise le coordonnateur. Une fois de plus, ce test est mené à un jeune âge pour que l’enfant soit rapidement pris en charge.

Le troisième volet du projet de la CSFTNO se traduit par la présence d’une ergothérapeute. Cette spécialiste viendra du Yukon et se rendra à Hay River. Son travail sera notamment facilité par l’évaluation précoce qui aura été faite au préalable, estime Mathieu Gagnon.

« Les enfants qui ont des difficultés motrices ou d’autres difficultés qui pourraient être traitées par une ergothérapeute, eh bien, il n’y a aucun système qui existe là-bas [à Hay River]. »Mathieu Gagnon, coordonnateur de l’inclusion scolaire des programmes et de l’évaluation à la CSFTNO

L’ergothérapeute aura pour mission « d’établir des évaluations et prodiguer des traitements aux enfants de la prématernelle ».

Elle sera aussi disponible à Yellowknife où les ergothérapeutes sont fortement sollicités, observe M. Gagnon. Par conséquent, la commission scolaire francophone « profite de ce projet pour combler des besoins » qui se font également sentir depuis des années dans la capitale ténoise.

Des partenariats indispensables

Audrey Fournier rappelle que les besoins de la communauté francophone des T.N.-O. peuvent sembler similaires à celles des autres communautés, mais qu’il y a ici des particularités dont il faut tenir compte. Elle estime que, pour répondre à ces besoins, les organismes francophones doivent apprendre à mieux collaborer.

« On a vraiment besoin de trouver une façon de relier tous les promoteurs de services pour donner des services intégrés aux familles et qui soient aiguillés facilement. »Audrey Fournier, coordonnatrice de Réseau TNO Santé

Par ailleurs, la communauté franco-ténoise espère que les travailleurs en petite enfance seront dorénavant « mieux valorisés », notamment grâce à de meilleurs salaires.

La deuxième phase de financement des projets sera ouverte en février. Les organismes pourront alors déposer leur candidature. « La suite est de déterminer qui fait quoi dans la communauté, quel organisme va offrir quel service », conclut Mme Fournier.

Noémie Moukanda, Radio-Canada

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