Une joueuse de hockey inuk du nord-ouest canadien insultée lors d’un match

Davina McLeod (en rouge) se dit choquée d’avoir été insultée en raison de ses origines et dit être très fière de celles-ci. (Courtoisie : Davina Mcleod)
Davina McLeod affirme qu’elle a été victime d’une insulte raciste proférée par une adversaire, alors que son équipe, les Trojans de Calgary, affrontait les Queens de Red Deer.

La jeune étudiante se dit choquée d’avoir entendu une joueuse de l’équipe adverse lui parler de cette façon. Mais, malgré l’émotion, elle n’a pas perdu son sang-froid et a tout de suite fait part de la situation à l’arbitre, dans l’espoir qu’il prenne des sanctions immédiates. « Il m’a dit qu’il ne pouvait rien faire, car il n’avait rien entendu », raconte Davina, déçue.

Originaire d‘Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest, Davina McLeod joue chez les Trojans de l’Institut de Technologie du sud de l’Alberta (SAIT) depuis bientôt deux ans. Elle affirme que c’est la première fois qu’elle vit une telle chose. « Je sais que cela arrive partout au pays, je l’ai lu, mais ça ne m’avait jamais atteint personnellement avant cette fois-là », confie-t-elle au micro de l’émission Eye Open, de CBC.

« Cela vient juste appuyer le fait que nous ne sommes pas vraiment les bienvenus au Canada, nous ne sommes pas respectés. »Davina McLeod, joueuse de hockey des Trojans

Consciente que les esprits peuvent parfois s’échauffer sur la glace, elle sait néanmoins qu’il y a des limites à ne pas franchir. « Jamais je ne proférerai des insultes racistes pendant un match, je n’en ai jamais ressenti le besoin », affirme-t-elle alors que l’équipe adverse l’accuse d’avoir insulté sa joueuse en retour, avec une insulte anti-blanche. La joueuse des Queens a par ailleurs refusé de faire tout commentaire.

Déstabiliser l’adversaire émotionnellement

Rob Schinke, chercheur à l’Université Laurentienne, n’est pas surpris par cet incident. Dans un contexte où la réconciliation avec les Autochtones est souvent évoquée en politique, pour certains, ce concept reste progressif. « Le monde du sport n’a peut-être pas encore assimilé ce concept entièrement », avance-t-il.

Selon le professeur, le fait que les sportifs perdent parfois leur concentration les pousse à aggraver la situation pour les joueurs en face d’eux. « Les athlètes devraient se concentrer sur la qualité de leur propre performance plutôt que tenter de rabaisser les joueurs de l’équipe opposée », affirme-t-il.

Il précise que c’est le genre d’insulte qui revêt la forme d’une « agression instrumentale, visant à provoquer des émotions, de la colère, un déclin de la performance… pour déstabiliser ». Une chose qui n’a pas fonctionné pour Davina McLeod. « La façon dont elle me l’a dit, c’était pour que je me sente inférieure à elle, ce que je n’ai vraiment pas apprécié, car je suis très fière de mes origines », dit la joueuse de hockey des Trojans.

Davina McLeod joue dans la ligue universitaire de hockey depuis quatre ans et c’est la première fois qu’elle fait l’objet d’insultes racistes. (Davina Mcleod – Facebook)

François Boucher, le vice-président de la Fédération du sport francophone de l’Alberta (FSFA), craint que le climat politique actuel, avec les nombreux blocages de trains en soutien aux chefs héréditaires Wet’suwet’en, n’ait amplifié le phénomène. « Je pense que les jeunes entendent des choses à la maison qu’ils répètent sur la glace. Il y a de la frustration mal placée qui continue à être là », analyse-t-il.

« Il y a longtemps, j’ai vu des équipes inuit se faire huer par des parents. C’était là, mais on n’en parlait pas. C’est encore un problème dans notre société aujourd’hui. »François Boucher, vice-président de la Fédération du sport francophone de l’Alberta

Lui-même entraîneur de hockey depuis trois décennies, il affirme avoir déjà entendu des entraîneurs, qui officient dans des niveaux plus élevés, essayer de déstabiliser émotionnellement des joueurs. « On dirait qu’on veut la victoire à tout prix. Donc, on utilise tous les moyens à notre disposition pour déranger l’adversaire », déplore-t-il.

Dépôt de plaintes

Selon l’établissement universitaire des Queens, le Collège de Red Deer, la joueuse mise en cause s’est excusée dans une lettre, que Davina McLeod a bien reçue, mais qu’elle a du mal à trouver « sincère ». Elle a aussi dû faire des heures de service communautaire. L’équipe a quant à elle reçu des cours sur l’inclusion et la diversité.

Le SAIT a déposé plainte auprès de la Conférence sportive des collèges de l’Alberta qui supervise le sport universitaire dans la province. En réponse, le Collège de Red Deer a également déposé plainte, arguant que des étudiants du SAIT avaient fait des remarques homophobes à l’issue de la rencontre, ce que l’établissement dément.

Avec les informations de Katie Toth

Radio-Canada

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Une réflexion sur “Une joueuse de hockey inuk du nord-ouest canadien insultée lors d’un match

  • dimanche 1 mars 2020 à 00:31
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    le racisme est partout dans le monde ,pas toujours par races mais aussi par pays

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