Des concerts virtuels d’artistes du nord-est canadien pour garder le moral
Pour égayer le quotidien des personnes en confinement, le Festival des arts Alianait d’Iqaluit invite chaque semaine des Nunavutois d’un peu partout au territoire à s’installer devant leur écran pour visionner des concerts virtuels.
« On se rend compte que la musique est essentielle parce qu’elle rassemble les gens », dit la codirectrice du festival, Victoria Perron.
Elle affirme avoir lancé cette initiative un peu à l’improviste dans le tourbillon de la crise sanitaire, après avoir obtenu un financement du ministère territorial du Développement économique et des Transports.
Ainsi, tous les vendredis, un à deux artistes sont invités à offrir une performance devant leur caméra, en direct de leur salon. La scène est pour eux assez inhabituelle, puisqu’il leur faut oublier l’absence de public, mais sa portée est bien accueillie en cette période de confinement.
« Tout le monde est enfermé chez soi, donc c’est positif de réussir à divertir les gens », affirme l’auteur-compositeur-interprète Joshua Qamauriaq, qui a donné une performance musicale vendredi.
Un gagne-pain compromis par la pandémie
Victoria Perron souligne qu’en participant à la série de concerts virtuels, les artistes, durement touchés par la pandémie, pourront ainsi recevoir un cachet.
« Comme notre programmation était déjà rodée, de nombreuses personnes qui gagnent leur vie comme musiciens au Nunavut ont soudainement perdu tous leurs contrats », indique-t-elle.
La fermeture récente des bars a d’ailleurs été un coup dur pour les musiciens qui font déjà face à un manque d’infrastructures destinées aux performances artistiques.
Pour être artiste, au Nunavut, il faut développer un moral à rude épreuve, croit Joshua Qamauriaq. « Je suis habitué de ne pas rouler sur l’or », dit-il en riant. L’isolement et le coût élevé des déplacements entre les communautés sont d’autres facteurs qui complexifient le quotidien des artistes.
Des ateliers à venir
Pour le moment, la série de concerts virtuels est diffusée sur les pages Facebook et YouTube du Festival des arts Alianait, mais la direction du festival reste ouverte à tester d’autres plateformes web.
Victoria Perron admet qu’une connexion Internet stable et fonctionnelle n’est pas donnée à tous, au Nunavut. « Ce n’est pas l’idéal, mais je me dis que c’est mieux que rien », affirme-t-elle.
La direction du festival envisage par ailleurs de mettre sur pied des ateliers gratuits où les artistes pourront parler de leur discipline et répondre à des questions des internautes.
Depuis quinze ans, le Festival des arts Alianait rassemble chaque été des artistes issus de différents domaines artistiques, dont la danse, le théâtre, les arts visuels et le cirque.
L’événement devait avoir lieu du 26 au 29 juin, mais sa tenue, bien qu’officiellement reportée, demeure toujours incertaine. « Nous avons dû annuler tous nos concerts prévus ce printemps et reporter au mois d’août le festival en raison de la pandémie », explique Victoria Perron.