L’annulation de croisières en Alaska secoue l’activité économique dans le nord-ouest canadien

Le port de Skagway accueille environ 1 million de croisiéristes chaque été. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
L’industrie touristique du Yukon se prépare à traverser une saison difficile, voire inexistante pour certains organisateurs de voyages.

Mardi, le croisiériste Holland America a annoncé l’annulation de ses voyages vers l’Alaska sur ses principaux paquebots ainsi que ses déplacements vers l’intérieur de l’Alaska et du Yukon, notamment Dawson. Le croisiériste Princess en fera de même fermant du même coup ses complexes hôteliers de l’État américain.

Dawson City, au Yukon, dans le nord-ouest du Canada. (Michael Edwards)

Avec des trajets touristiques proposés qui suivent le passage des prospecteurs de la ruée vers l’or , les collectivités de Skagway à Dawson en passant par Carcross et Whitehorse seront touchées de près par la décision.

L’Association touristique du Yukon estime que Holland America génère chaque année entre 40 et 60 millions de dollars.

Le port de Skagway déserté

La petite ville de Skagway sera toutefois la localité frappée de plein fouet. Elle a accueilli plus de 1 million de croisiéristes l’an dernier et le maire de la ville, Andrew Cremata, affirme que ce petit port de l’Alaska sera méconnaissable cet été.

« La principale industrie ici est le tourisme. Avec cette annonce, c’est plus de 50 % du nombre de passagers attendus qui ne passeront pas par Skagway alors nous ne savons pas encore comment les choses évolueront. »Andrew Cremata, maire de Skagway
L’économie de la petite ville de Skagway en Alaska dépend presque en totalité du tourisme généré par les bateaux de croisière. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Le maire, qui doit encore s’entretenir avec d’autres croisiéristes, n’écarte pas non plus la possibilité que certains secteurs de l’industrie soient obligés de déclarer faillite en raison de cette crise : « C’est une possibilité qu’il nous faut envisager. »

Dawson : destination fétiche de Holland America

Le directeur du marketing de la Klondike Visitors Association, Paul Robitaille, ne nie pas que l’annulation de la saison par Holland America fera mal à l’économie de la petite ville yukonnaise. Il estime que le promoteur touristique amène entre 15 000 et 17 000 visiteurs chaque année.

L’hôtel Westmark de Dawson accueille tous les clients de Holland America et emploie chaque été des dizaines de travailleurs saisonniers. (Radio-Canada)
« À Dawson on est débrouillards on a déjà traversé des crises économiques. La pandémie c’est différent, mais la nouvelle que Holland America ne viendra pas c’est une des mauvaises nouvelles qu’on a reçues parmi plusieurs mauvaises nouvelles, alors on essaie de rester optimistes. »Paul Robitaille, responsable du marketing, Klondike Visitors Association

Il ne fait aucun doute selon M. Robitaille que de nombreuses entreprises et travailleurs saisonniers seront directement touchés par la décision, à commencer par l’hôtel Westmark qui accueillait tous les clients du croisiériste et certains circuits touristiques tels que le bateau Klondike Spirit.

« Long chemin à venir »

La ministre du Tourisme, Jeanie Dendys, affirme que la nouvelle est décevante, mais pas étonnante. « Holland America est un incontournable pour le tourisme au Yukon et certaines communautés seront plus affectées que d’autres  », dit-elle

Selon Mme Dendys, le territoire a des programmes d’aide pour les entreprises touchées par la crise et son gouvernement souhaite ajuster son offre en fonction des besoins qui lui sont signalés.

Le tourisme en français a aussi sa place au Yukon, selon le RDÉE Canada. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

« Il y aura certainement un impact à long terme dans l’industrie touristique. […] Nous sommes présentement en mode réaction afin d’évaluer ces différents impacts. »

Le Yukon, croit la ministre, arrivera toutefois à se remettre éventuellement de la situation, d’autant que les trois dernières années étaient particulièrement positives pour l’industrie touristique.

Voyagez localement… ainsi qu’à Skagway

Paul Robitaille et la ministre Jeanie Dendys croient tous les deux qu’il y a aura de belles opportunités pour les Yukonnais ou leurs proches voisins d’encourager localement l’industrie.

« Le tourisme local a toujours été plus important parce que les gens viennent plusieurs fois dans l’année, plus longtemps, et dépensent plus d’argent. »

Le village de Carcross au sud de Whitehorse attire de plus en plus de visiteurs, étrangers comme Yukonnais. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

« L’industrie culturelle et touristique du Yukon sera un pivot dans la réhabilitation de la société yukonnaise » dit Jeanie Dendys qui réalise combien ses responsabilités dépendent de rassemblements sociaux. « C’est certainement une période de réflexion sur notre façon de faire les choses. »

Andrew Cremata rappelle que sa priorité demeure toutefois la santé de ses concitoyens, mais l’impact économique anticipé force une réflexion dit-il.

« Une des problématiques avec l’industrie des croisières était que la croissance n’était pas durable et difficile à accommoder pour une petite municipalité comme la nôtre. »Andrew Cremata, maire de Skagway

Le maire rappelle que Skagway a toujours été « la porte du Yukon » et qu’il faut commencer à en développer le potentiel comme avec les installations portuaires industrielles en place. C’est à cause de la proximité au Yukon que j’ai décidé d’emménager à Skagway » conclut-il.

Le Ruby Princess a inauguré la saison 2019 à Skagway avec plus de 3000 passagers à bord. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Avec les entrevues de Leonard Linklater et Jane Sponagle

Claudiane Samson, Radio-Canada

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