La créativité de jeunes du Nunavut pour briser l’isolement dans le nord-est canadien
Privés d’école depuis près de deux mois, des jeunes du Nunavut usent de créativité pour tuer l’ennui en cette période de pandémie.
« Je suis triste de ne plus aller à l’école et de ne plus voir mes amis », lâche Kaniq Allerton, un jeune de 11 ans qui étudie à l’école Aqsarniit d’Iqaluit. Sa sœur Béatrice, de quatre ans sa cadette, tend l’oreille vers le combiné de téléphone: « Moi aussi, je ne peux plus voir mes amies ».
La fermeture des écoles et des garderies du territoire le 17 mars a bousculé la routine de leurs parents, devenus soudainement enseignants par procuration.
« Ça a été très difficile de structurer [la routine] parce qu’on a réalisé qu’on devait passer beaucoup plus de temps dehors », explique leur mère, Laura Thompson.
Pourtant, depuis quelques semaines, Kaniq et Béatrice n’ont pas eu le temps de tourner en rond à la maison.
En plus de compléter chaque semaine les trousses d’apprentissage fournies par leurs enseignants, ils prennent part à une panoplie de concours lancés par des organismes régionaux.
« Pour moi, on n’apprend pas forcément mieux en faisant 40 feuilles de travail, affirme Laura Thompson. En participant à des concours […] les enfants peuvent très bien travailler ensemble sans l’intervention des parents. »
Leurs enfants ont récemment soumis plusieurs vidéos sur leur quotidien à des organismes régionaux, en plus d’avoir participé aux défis culinaires de Skills Canada Nunavut, qui fait la promotion de métiers spécialisés chez les jeunes du territoire.
Rendre l’utile à l’agréable
Aubrey Sheppard, une jeune de 11 ans qui étudie à l’école Joamie d’Iqaluit, a elle aussi choisi d’être proactive malgré l’accalmie des dernières semaines.
Elle a mis à profit ses talents en couture pour confectionner des masques non médicaux en tissu.
« Le Conseil d’alphabétisation du Nunavut a lancé un concours de masques créatifs et je me suis dit que j’allais continuer à en fabriquer plus pour pouvoir les vendre », mentionne-t-elle.
Elle en a fabriqué 36, ce qui lui a permis d’amasser une somme de 165 $. Elle a par la suite fait don des profits amassés à une initiative citoyenne de petits déjeuners à Iqaluit.
« Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas suffisamment d’argent pour acheter des petits déjeuners à leurs enfants le matin, alors j’ai décidé de donner l’argent pour que certains de mes amis et d’autres enfants d’ici puissent déjeuner », explique Aubrey Sheppard.
Le gouvernement territorial a récemment fait appel à des couturières du territoire pour concevoir des masques non médicaux destinés à des centres de santé, aux municipalités et aux transporteurs aériens.
Même si elle admet s’ennuyer de ses camarades de classe, Aubrey Sheppard affirme que sa nouvelle vocation la tient bien occupée.
« Beaucoup d’autres masques sont en cours de fabrication », lance-t-elle.