Pêche de subsistance autochtone compromise sur le fleuve Yukon

Le saumon quinnat est la seule espèce de saumon à atteindre Whitehorse sur le fleuve Yukon, photographié ici à la passe migratoire du barrage hydroélectrique. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Les saumons quinnats en provenance de l’Alaska ne sont pas au rendez-vous cette année et les Premières Nations du Yukon riveraines du fleuve pourraient devoir restreindre la pêche de subsistance.

Le 2 août, 22 418 saumons quinnat avaient atteint la frontière canado-américaine en aval de Dawson, soit moins que le minimum historique enregistré de 24 409 saumons.

Or, selon une entente bilatérale internationale, les Américains ont l’obligation de laisser au minimum 42 500 saumons atteindre les eaux canadiennes.

Le saumon entame sa longue montaison dans le fleuve Yukon à partir de la mer de Béring en Alaska et poursuit sa route à travers le Yukon jusqu’au nord de la Colombie-Britannique, son aire de reproduction. (Sous-comité du saumon du Yukon)

Al von Finster, président du Sous-comité du saumon du Yukon, un organisme consultatif dérivant des ententes de revendications territoriales et rassemblant les communautés riveraines, affirme que la recommandation émise aux Premières Nations lundi en est une de dernier recours.

« Toutes les autres pêches : commerciale, domestique ou récréative, ont été annulées. Il ne reste que la pêche de subsistance autochtone. Nous demandons aux Premières Nations de mettre en oeuvre des mesures de conservation, mais nous ne dictons pas lesquelles. »Al von Finster, président du Sous-comité du saumon du Yukon
Un véritable mystère

Si la question fait l’objet de débats depuis des décennies, cette année, personne ne s’explique encore l’état de la situation.

« Les hypothèses sont nombreuses, mais il n’y a aucune explication. Peut-être le niveau élevé de l’eau qui a ralenti les poissons ou l’incidence d’une maladie parasitaire […] ou la présence de bélugas à l’embouchure du fleuve en début de saison », énumère Al von Finster.

Du côté des autorités de l’Alaska, c’est le mystère total.

Holly Carroll, directrice régionale du Département de la Chasse et de la Pêche, admet d’emblée ne pas comprendre ce qui se passe, d’autant que les premières estimations près de l’embouchure du fleuve suggéraient une montaison de 77 000 saumons.

Holly Carroll, photographiée avec un saumon quinnat, est directrice saisonnière de la région du fleuve Yukon au Département de la Chasse et de la Pêche de l’Alaska. (Département de la Chasse et de la Pêche de l’Alaska)
« J’aimerais pouvoir expliquer ces faibles nombres. Je suis excessivement surprise par cette montaison à la hauteur du sonar d’Eagle [près de la frontière]. Nous avons pris une approche très conservatrice et même les pêcheurs de subsistance [de l’Alaska] nous ont rapporté avoir beaucoup de mal à répondre à leurs besoins. » Holly Carroll, directrice régionale, Département de la Chasse et de la Pêche de l'Alaska

Holly Carroll s’attend à ce que tous les facteurs soient remis en question. « Certains supposeront que nos estimations clochaient ou supposeront qu’il y a eu de la mortalité le long du fleuve, et certains iront à présumer qu’il y a eu de la surpêche du côté de l’Alaska», affirme la biologiste.

« Je suis très familière avec tous ces différents scénarios et aucun ne peut vraiment expliquer ce que nous observons présentement et il ne sera pas possible d’en savoir plus jusqu’à ce que toutes les données soient disponibles une fois la saison terminée », conclut-elle.

Entre Pilot Station et Eagle

Al von Finster rappelle qu’il n’y a aucun sonar entre celui du Pilot Station près de l’embouchure du fleuve Yukon dans la mer de Bering et celui d’Eagle à la frontière canado-américaine.

« C’est près de 2000 miles [3218 kms] de distance! » affirme-t-il.

La station de décompte au sonar d’Eagle en Alaska se trouve près de la frontière entre l’état américain et le Yukon.
(Département de la Chasse et de la Pêche de l’Alaska)

Holly Carroll admet de la question d’ajouter une autre station sonar a souvent été soulevée, mais que la réalité financière de l’état américain à l’heure actuelle ne le permet pas.

« Ce genre de projets peut coûter jusqu’à 300 000 $ par année et il faut généralement s’engager pour un financement d’au moins trois ans pour pouvoir déterminer s’il s’agit d’un projet qui en vaut la peine pour une estimation des stocks », explique Holly Carroll.

Les responsables s’attendent donc à ce que les discussions cet automne entre les représentants du Yukon et ceux de l’Alaska entourant les stocks de saumons quinnats soient de nouveau animées à moins d’un revirement exceptionnel de la montaison d’ici les prochains jours.

« Je prie [qu’ils arrivent] et je prie de pouvoir me délecter d’oeufs », lance Al von Finster.

Avec les informations de Mike Rudyk

Claudiane Samson, Radio-Canada

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