Protéger l’habitat du caribou n’améliore pas la conservation des oiseaux aux T.N.-O.

La population de gros-bec errant aurait diminué de plus de 75 % en 40 ans, selon la Boreal Songbird Initiative. (Getty images/Istockphoto/Davealan)

Est-ce que la protection de l’habitat naturel du caribou forestier aux Territoires du Nord-Ouest pourrait favoriser davantage la conservation des espèces d’oiseaux terrestres au territoire? Une équipe de chercheurs dans le cadre d’une enquête plus vaste sur le caribou forestier du territoire s’est penchée sur cette question.

La population d’oiseaux terrestres est en déclin au pays, dont aux Territoires du Nord-Ouest. Par exemple, depuis les années 1970, les populations de quiscale rouilleux et de paruline rayée, qui se reproduisent dans les milieux humides de la forêt boréale, ont diminué de plus de 90 % et de 75 % respectivement, selon la Boreal Songbird Initiative.

Pour le biologiste Samuel Haché, du Service canadien de la faune, l’étude et la conservation des oiseaux terrestres sont une passion depuis très longtemps.

Il a récemment participé à une étude multidisciplinaire portant sur l’habitat du caribou et sur les changements climatiques.

Au cours de l’étude, les chercheurs, provenant entre autres d’Environnement et Changement climatique Canada, du Service canadien de la faune et du Service canadien des forêts, se sont demandé si la protection de vastes territoires, comme celui du caribou forestier couvrant près de 440 000 kilomètres carrés aux T.N.-O., pourrait favoriser aussi la conservation d’environ 70 espèces d’oiseaux terrestres.

Les résultats de leur recherche ont été publiés le mois dernier (en anglais) dans la revue Conservation Science and Practice.

Samuel Haché, biologiste au Service canadien de la faune, est l’un des coauteurs d’une étude portant sur la conservation des oiseaux forestiers des Territoires du Nord-Ouest. (Photo : Samuel Haché)

Le caribou, une espèce parapluie

Ce concept, en biologie, s’appelle parapluie. C’est une analogie assez intéressante, explique Samuel Haché. Le parapluie est une espèce avec une grande aire de distribution pour laquelle il y a des défis de conservation, comme le caribou forestier.

« On peut imaginer qu’en dessous du parapluie, il y a une panoplie d’oiseaux, de mammifères et de plantes […] qui pourraient aussi bénéficier de la conservation [du caribou forestier] », dit M Haché.

La conclusion des chercheurs? Le caribou est un parapluie plutôt inefficace pour la protection des oiseaux terrestres. « Les habitats de haute qualité pour le caribou forestier sont différents des habitats [où on trouverait] une plus grande richesse en espèces d’oiseaux terrestres. Autrement dit, les endroits où il y a beaucoup d’oiseaux ne sont pas nécessairement les mêmes où on trouverait beaucoup de caribou forestier », indique Samuel Haché.

Le quiscale rouilleux est l’une des espèces étudiées par le biologiste des oiseaux terrestres Samuel Haché. (Radio-Canada)

La forêt boréale, pouponnière des oiseaux migrateurs

Malgré cette conclusion, les chercheurs sont quand même d’avis que de protéger de grandes zones pour le caribou forestier assurerait quand même une protection indirecte des oiseaux terrestres aux Territoires du Nord-Ouest.

La conservation des oiseaux terrestres n’est toutefois pas chose facile.

Tout comme pour les caribous forestiers, les changements climatiques représentent une menace pour les oiseaux terrestres. Selon Samuel Haché, toute une gamme de réponses est envisagée, dans laquelle il y aura des gagnants et des perdants. On s’attend clairement à des changements qui vont aller dans toutes les directions, dit-il.

Le défi de conservation, avec des oiseaux qui passent la majeure partie de l’année à l’extérieur du territoire, c’est de comprendre les menaces durant leur hivernage et leur migration. Et leur habitat aux Territoires du Nord-Ouest, la forêt boréale, est essentiel à leur conservation.

« C’est un habitat extrêmement important pour nos oiseaux, car c’est pratiquement la pouponnière des oiseaux migrateurs en Amérique du Nord. Tous les oiseaux viennent dans nos forêts qui sont pratiquement intactes. Il y a une richesse de nourriture et les prédateurs ne sont pas trop abondants », conclut le biologiste.

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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