Les scientifiques canadiens veulent leur place à bord des nouveaux brise-glaces
Si la Garde côtière canadienne tarde à dévoiler l’échéancier du renouvellement de sa flotte de brise-glaces, elle tarde aussi à s’engager auprès des scientifiques qui demandent d’y avoir accès. Ces derniers réclament la création d’un partenariat afin d’assurer le maintien de la recherche de pointe dans l’Arctique.
Une telle collaboration existe déjà pour le NGCC Amundsen. Elle permet aux chercheurs de monter à bord du navire durant l’été et de mener des travaux dans l’Arctique. En hiver, le brise-glace retourne à ses activités conventionnelles de déglaçage et d’escorte dans les eaux canadiennes.
La recherche scientifique est coordonnée par Amundsen Science, un consortium regroupant 11 universités du pays et basé à l’Université Laval. Son partenariat avec la Garde côtière canadienne, propriétaire du brise-glace, lui offre un accès dédié et une fenêtre d’un peu plus d’une centaine de jours en mer annuellement.
Or le navire est vieillissant et sera à terme remplacé par l’un des six brise-glaces promis l’an dernier par le gouvernement fédéral. Amundsen Science demande à la Garde côtière de s’engager à maintenir cet accès et à impliquer la communauté scientifique dans sa stratégie de renouvellement de la flotte.
En plus de réclamer une voix pour éclairer la Garde côtière sur les spécificités techniques à considérer lors de la construction des brise-glaces, les scientifiques demandent qu’on leur assure l’accès à au moins un navire.
Échéancier flou
L’entente actuelle d’Amundsen Science pour le NGCC Amundsen est valide jusqu’en 2024 et pourra ensuite être renouvelée. Des travaux de réfection doivent quant à eux prolonger la vie du brise-glace pour au moins une dizaine d’années.
Si cela peut sembler laisser du temps pour s’entendre avec la Garde côtière, Alexandre Forest ne le voit pas de cet œil.
« Une décennie, en construction navale, ça passe très très vite », dit-il.
Il prend pour exemple la saga du NGCC John Diefenbaker. La construction du brise-glace polaire avait été annoncée pour la première fois en août 2008 par l’ancien premier ministre Stephen Harper. Le projet n’a pas encore vu le jour et est toujours analysé à la Garde côtière canadienne (GCC).
Aucun échéancier n’a encore été établi pour la construction des six futurs brise-glaces annoncés l’an dernier. L’une des craintes des chercheurs est que le remplacement du NGCC Amundsen n’arrive qu’en toute fin de parcours. D’où l’intérêt d’une prise de position dès maintenant par les autorités fédérales en faveur de la science.
La Garde côtière rassurante
Alexandre Forest précise que la Garde côtière a une réelle sensibilité pour la recherche scientifique, comme en fait foi son entente avec Amundsen Science. Toutefois, son mandat est d’offrir des services essentiels de déglaçage, d’escorte, de ravitaillement et de sauvetage. Dans ce contexte, il reste difficile de s’imposer.
Invitée à commenter, la GCC a voulu se faire rassurante quant au futur de la recherche scientifique à bord de ses navires.
« Les nouveaux brise-glaces et le brise-glace polaire seront tous capables de fournir des programmes et des services scientifiques essentiels dans l’Arctique », a-t-elle indiqué par courriel.
Elle ne s’est cependant pas prononcé sur le mode de gestion préconisé et sur une éventuelle entente avec la communauté scientifique.