Les Gwich’in ne baissent pas les bras dans la protection des caribous en Alaska
Les leaders gwich’In entendent poursuivre leur lutte auprès des politiciens de Washington pour la protection de la réserve faunique nationale de l’Arctique, dans le nord de l’Alaska.
L’administration américaine a annoncé lundi que des permis d’exploration pétrolière pourraient être octroyés dans la réserve dès cette année, maintenant que l’évaluation environnementale est terminée.
Avec 75 000 km2, il s’agit de la plus importante zone naturelle protégée aux États-Unis. Celle-ci est convoitée par l’industrie pétrolière pour ses réserves présumées de gaz et de pétrole.
Le coeur de la nation gwich’in
Les différentes nations gwich’in de l’Alaska, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest militent activement depuis de nombreuses décennies pour la protection de la région, puisque c’est là que mettent bas les caribous de la harde Porcupine, dont les Autochtones dépendent entre autres pour leur alimentation.
Le chef de la Première Nation Vuntut Gwitchin d’Old Crow, Dana Tizya-Tramm, affirme que cette nouvelle annonce est la preuve que le gouvernement américain passe à côté de la réalité d’aujourd’hui
.
C’est un train qui se dirige directement vers la destruction écologique d’un système qui a donné naissance à l’humanité comme les Gwich’in, qui vivent avec les caribous depuis toujours.
La grande chef Bobbie Jo Greenland, du conseil tribal gwich’in, soutient que l’évaluation environnementale du gouvernement américain a été précipitée et insuffisante omettant de reconnaître ces terres comme le coeur de la nation gwich’in
, souligne-t-elle dans un communiqué.
La lutte se poursuit
Dana Tizya-Tramm affirme que la cause a déjà le soutien de nombreux membres du Congrès et du Sénat américains, mais voit dans cette nouvelle annonce la nécessité de reprendre le travail, que ce soit par des activités de sensibilisation, les tribunaux ou le lobbying auprès des politiciens et des investisseurs.
Nous avons reçu en 1988 le mandat de nos aînés de sensibiliser et de militer pour la protection ces terres qui n’appartiennent pas qu’à l’Alaska, mais à tous les Américains.
Ces derniers mois, plusieurs grandes banques américaines comme Goldman Sachs et Wells Fargo ont annoncé qu’elles ne financeraient pas de projets d’exploration pétrolière dans la région.
Une annonce politique
L’expert pétrolier Doug Matthews, qui a fait carrière dans les Territoires du Nord-Ouest, affirme que l’octroi possible de permis dans la réserve est avant tout une annonce politique, puisque le contexte économique actuel de l’industrie n’est pas favorable au forage dans une région aussi isolée.
Considérant le prix du baril ces jours-ci et la possibilité d’une baisse de la demande pour le pétrole, je serais très étonné qu’une pétrolière présente une offre sur ces parcelles.
Et puis, avec toute la controverse entourant le dossier, toute entreprise aurait à l’oeil de possibles poursuites en justice entourant des travaux de forage, ajoute-t-il.
– Avec les informations de David Croft et Paul Tukker