Les comportements sexuels non désirés dans le Nord canadien enfin quantifiés

Une première étude de Statistique Canada sur les comportements sexuels non désirés dans les territoires permet aux organismes de sensibilisation d’obtenir des données jusqu’ici inexistantes.
L’étude menée en 2018 démontre que 48% des femmes et 32% des hommes sondés au Yukon, aux Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) et au Nunavut ont subi des comportements sexuels non désirés dans un lieu public, au travail ou encore en ligne.
L’étude définit ces comportements comme étant par exemple des sifflements, des regards, des interpellations, un langage corporel suggestif, mais s’est surtout penchée aussi sur des attouchements non désirés.
Le quart des femmes ont par ailleurs affirmé avoir subi ce type de comportement plus de deux fois dans la même année, généralement de la part d’un homme inconnu.
Les groupes minoritaires davantage visés
Les répondants appartenant à des groupes minoritaires étaient plus susceptibles de rencontrer des comportements non désirés, tels que 24% chez les femmes LGBTQ2+, 15% chez les femmes célibataires ou 13% chez les femmes ayant une incapacité physique ou mentale.
Des trois territoires, c’est le Yukon qui affiche la plus forte prévalence suivi des T. N.-O. et du Nunavut, un classement que l’auteur, Samuel Perreault, explique par le fait que le phénomène soit plutôt urbain.
Pas de surprise chez les organismes communautaires
La directrice de la Direction de la condition féminine du Yukon, Hillary Aitken, n’est pas étonnée des conclusions du rapport.
Elle se réjouit toutefois d’avoir ces nouvelles statistiques précises pour les territoires en main.
La directrice du refuge pour femmes Kaushee’s à Whitehorse, Ketsia Houde, salue également l’initiative.
Ketsia Houde ajoute que cette étude met au jour une culture encore présente dans la société, mais elle a bon espoir, après plus d’une décennie dans le milieu de la représentation féminine, que ces tendances vont s’améliorer.
Une première étude, mais peut-être pas la dernière
L’analyste Samuel Perreault explique que cette étude est d’intérêt puisqu’elle ne s’attarde pas aux études cycliques des comportements de nature criminelle.
Samuel Perreault ne peut affirmer avec certitude si une autre étude du genre sera tenue dans l’avenir, mais qu’il s’agit d’une possibilité.
- La police canadienne raconte comment un policier a tué un Autochtone en février
- Fusillade mortelle au Nunavut : la police fédérale a agi de manière adéquate, conclut une enquête
- L’identification des Autochtones dans les communiqués de la police fédérale suscite l’inquiétude
- Des leaders autochtones réclament des changements systémiques dans la police canadienne