Le bureau de poste d’Iqaluit, l’un des plus achalandés du Canada
Iqaluit n’a ni facteurs ni boîtes aux lettres. Pour récupérer leur courrier et leurs colis, les quelque 8000 résidents de la capitale du Nunavut n’ont d’autres choix que de se rendre à son seul bureau de poste, qui arrive toujours, année après année, au palmarès des plus achalandés au pays.
Vendredi, 17 h 40.
Une quinzaine de personnes font le pied de grue dans le bureau de Postes Canada. Il ne leur reste que 20 minutes avant la fermeture de l’établissement.
Après quoi, certains devront attendre jusqu’à lundi avant de récupérer leur colis contenant des denrées non périssables ou leur dernière aubaine dénichée sur Amazon.
À Iqaluit, peu de sujets font autant l’unanimité que la grogne suscitée par l’achalandage au bureau de poste.
Mission impossible
Elle explique qu’il n’est pas rare de devoir faire la file pendant 45 minutes.
Certains décident de s’armer de patience, d’autres encore usent d’ingéniosité pour diminuer leur temps d’attente : « Les pauses et l’heure du dîner, moi, j’évite », lance Chantal Dion, qui habite à Iqaluit depuis une douzaine d’années.
La majorité des résidents d’Iqaluit disposent d’une boîte postale. Ils peuvent ainsi récupérer leur courrier, en semaine, durant les heures d’ouverture du bureau de poste. Ceux qui viennent d’élire domicile dans la capitale territoriale doivent en faire la demande.
Premier arrivé, premier servi : lorsqu’aucune boîte postale n’est vacante, leur courrier doit passer par la livraison générale. Dans ce cas, ils doivent faire la file pour le récupérer.
Amazon : le roi des colis
Postes Canada confirme que l’établissement a « toujours été l’un des bureaux les plus occupés au Canada. »
Postes Canada est au courant de la situation au bureau de poste et de la pression que peuvent ressentir nos employés et nos clients, a indiqué la société, dans un échange de courriels.
Cette situation s’explique, entre autres, par la popularité grandissante du commerce en ligne, une solution avantageuse pour s’approvisionner à moindres coûts.
« Avec Amazon, c’est plus occupé que jamais », assure Malaya Noah, originaire d’Iqaluit.
Postes Canada admet que la hausse fulgurante du nombre de colis « a mis en évidence [ses] problèmes de capacité ». Mais elle pointe aussi du doigt la croissance de la population d’Iqaluit, le manque d’espace et la pandémie de COVID-19.
Cette année, entre les mois de mai et de juillet, le nombre de colis a presque doublé comparativement à la même période, en 2019. À lui seul, le mois de juillet de 2020 a enregistré une hausse de 78% par rapport à celui de l’année précédente, selon Postes Canada.
Manque d’espace
La société n’est par ailleurs pas épargnée par la pénurie d’infrastructures qui sévit dans la capitale territoriale depuis de nombreuses années.
La même année, Postes Canada a aussi ouvert un deuxième établissement destiné au ramassage de colis.
« Des fois, il faut attendre aux deux emplacements… et les files d’attente sont longues », dit le maire en soupirant.
Occasion d’affaires
L’entreprise Nunavut Marketing, qui se spécialise en production vidéo, a récemment vu dans la saga du bureau de poste le potentiel de faire d’excellentes affaires.
Ainsi, mercredi, l’entreprise a annoncé qu’elle offrirait dès le mois d’octobre des services de livraison de colis à domicile à tous ceux qui désireraient s’y abonner.
Il dit rester ouvert à l’idée d’étendre ses services dans d’autres communautés du territoire.
« Pour l’instant, nous nous concentrons sur Iqaluit, mais si l’occasion se présente, c’est certain que nous étudierons cette option plus en détail à l’avenir. »