La pollution au mercure, une épée de Damoclès sur l’Arctique

Le groupe de travail du Programme d’action contre les contaminants dans l’Arctique a mis dans ses priorités la lutte contre la pollution au mercure. (Denis Sinyakov/Reuters)

La pollution au mercure liée à l’activité humaine de plus en plus importante dans l’Arctique et au dégel annoncé du pergélisol qui renferme d’importantes quantités de ce métal lourd hautement toxique sont considérés comme l’une des plus grandes menaces écologiques dans la région.

Les experts du cercle polaire connaissent bien la nocivité du mercure aussi bien sur l’homme que sur les écosystèmes. Même si l’on sait que sous le pergélisol existe des réserves du métal lourd, dont la forme organique toxique est connue sous l’appellation méthylmercure, sa production aujourd’hui est en majorité d’origine anthropique comme l’extraction minière, la production d’électricité au charbon ou l’activité industrielle.

À ce titre, le Conseil de l’Arctique rappelle que la propagation dans la nature du mercure représente un enjeu de santé publique à l’échelle planétaire.

« L’Arctique est devenu un destinataire malheureux du mercure provenant d’autres régions du monde, transporté sur de longues distances par les courants éoliens, en particulier des centrales à charbon d’Asie. »Conseil de l'Arctique

Le Conseil de l’Arctique est un forum intergouvernemental qui se compose de huit États arctiques (Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Suède, Russie) et six organisations internationales de peuples autochtones à titre de participants permanents.

Malgré la réglementation, le mercure toujours aussi présent

Un certain nombre de réglementations internationales ont été adoptées sous l’égide des Nations-Unies comme la Convention de Minamata sur le mercure qui vise à protéger la santé humaine et l’environnement contre les effets néfastes du métal lourd. Elle a été adoptée en 2013 au Japon par 128 pays du globe incluant les huit nations membres du Conseil de l’Arctique.

« L’exposition au mercure constitue une menace pour la santé humaine, en particulier pour les femmes enceintes et les nourrissons, et entraîne de graves problèmes de santé, notamment des modifications du système nerveux, ainsi que des lésions cérébrales. »Conseil de l'Arctique
Selon une étude menée dans l’Arctique, des contaminants comme le mercure continuent de menacer les ours polaires et les baleines malgré les tentatives internationales de les contrôler. (Jonathan Hayward/La Presse canadienne)

Plusieurs projets pilotes ont été mis en place ces dernières années, notamment celui du Conseil de l’Arctique baptisé Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (AMAP). Dans un rapport publié en 2018, l’AMAP indiquait que la faune (ours polaires, orques, oiseaux, etc.) et les poissons de l’Arctique sont toujours exposés à un cocktail complexe de contaminants environnementaux incluant le mercure.

« De nombreuses communautés autochtones de l’Arctique comptent sur les poissons, les oiseaux et les mammifères sauvages pour leur alimentation traditionnelle. Certaines de ces espèces nordiques contiennent des niveaux de mercure suffisants pour exposer les populations à un risque accru sur leur santé.. »Rapport du Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique

En septembre dernier, l’organisation réunissait par le biais de son Programme d’action contre les contaminants (ACAP) une soixantaine de spécialistes issus des pays nordiques pour proposer des pistes de solution afin de prévenir la pollution au mercure. Mais sept ans après la Convention de Minamata, les défis demeurent énormes.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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