Dans le Grand Nord canadien, la culture maraîchère s’installe à Inukjuak, au Nunavik
Il y a quelques semaines, le projet Pirursiivik, qui réalise des projets de jardinage dans le Grand Nord québécois, a dévoilé sa dernière initiative : une ferme hydroponique en conteneurs dans la communauté d’Inukjuak, une ville de 1800 habitants sur la rive est de la baie d’Hudson.
Le plan est de fournir un approvisionnement régulier en légumes frais, dont une grande partie sera donnée à cette communauté du Nunavik. Le reste de la récolte sera vendu dans des magasins locaux.
« Nous avons réalisé plusieurs projets de jardinage et notre dernier ajout est un conteneur hydroponique », a déclaré à la radio de CBC Karin Kettler, qui dirige le projet Pirursiivik, un mot en inuktitut signifiant « un endroit pour grandir ». Celui-ci est une initiative de quatre ans financée conjointement par la Fondation One Drop, la Société Makivik et la Fondation RBC.
« C’est très similaire à ce que vous appelez l’oseille des montagnes. Il s’agit d’un légume à feuilles vertes, avec un goûte citronné s’approchant de celui de la lime. »
L’équipe de Madame Kettler avait au préalable mené un sondage dans la communauté pour déterminer ses plus grands besoins.
« De nombreux répondants voulaient avoir des fruits et légumes cultivés localement, principalement pour leur fraîcheur », a-t-elle déclaré.
Un exercice linguistique
En plus de proposer des moyens novateurs et inventifs pour atteindre un certain niveau de souveraineté alimentaire, le plan visant à fournir aux communautés éloignées des produits frais toute l’année est également un exercice linguistique et anthropologique.
Car en plus des défis intrinsèques à la pousse de légumes verts tout au long de l’année dans un climat subarctique, il en existe plusieurs autres. L’un d’eux, et non le moindre : l’inuktitut n’a qu’une poignée de mots pour désigner les légumes. « Nous espérons que dans les années à venir, une nouvelle terminologie sera créée », a confié Karin Kettler.
Du bok choy du Nunavik?
La communauté locale expérimente déjà depuis quelque temps des légumes venus d’ailleurs. « On ne peut bien sûr pas trouver de bok choy sur les terres autour de la ville », a souligné Karin Kettler avec humour.
À l’été 2019, Pirursiivik a introduit des « boîtes froides », des caissons surélevés munis de couvercles en plastique qui permettent la culture de légumes pendant les mois les plus chauds de l’année.
« Ils ont été installés [à différents endroits] de la communauté et nous avons encouragé [les gens] à cultiver leurs propres épinards, leurs propres herbes et différents légumes », a expliqué Madame Kettler.
Les gens ont déjà développé un goût pour le chou frisé, qui semble se délecter des longues heures de soleil direct du nord.
Une récolte tout au long de l’année
La communauté vient de terminer sa deuxième saison de croissance dans ces boîtes, et le succès a été retentissant. La principale demande des habitants est maintenant d’avoir une serre utilisable tout au long de l’année.
Le conteneur hydroponique est donc la première phase vers la construction d’une installation permanente, qui, selon Karin Kettler, devrait se produire d’ici « un an ou deux ». Elle permettra éventuellement de contourner en partie l’obstacle à la consommation de légumes frais locaux que représente un climat subarctique.
Le nouveau conteneur devrait être opérationnel d’ici janvier, date à laquelle les premières cultures seront plantées.
D’après un texte de Sean Gordon et les informations de Julia Page de CBC News