La présence d’algues rouges et vertes en Antarctique augmente la fonte des neiges, selon une étude
Le phénomène observé dans la zone australe provoque un cercle vicieux qui inquiète les scientifiques. Depuis quelques années, des glaciologues ont remarqué que le réchauffement climatique en Antarctique encourage la propagation de micro-algues colorées sur les glaciers du pôle Sud. Elles favorisent, d’après les chercheurs, l’absorption du rayonnement solaire qui accélère à son tour la fonte des glaces.
Les algues rouges et vertes qui poussent dans la péninsule Antarctique provoquent une fonte importante de la neige, comparable à celle de la poussière sur la neige dans les montagnes Rocheuses, selon une étude menée par Alia Khan, chercheuse au Centre national de données sur la neige et la glace (NSIDC) et professeure adjointe à l’Université Western Washington.
« Le dépôt des algues va probablement augmenter en Antarctique à mesure que la planète continue de se réchauffer, ce qui va encore aggraver la fonte saisonnière des neiges et contribuer à l’expansion des zones libres de glace dans la région », indique l’étude publiée le 13 janvier dans The Cryosphere de l’Union européenne des géosciences.
Pour les scientifiques, cela pourrait avoir de graves répercussions sur les écosystèmes de la planète puisque le réchauffement le long de la péninsule Antarctique entraîne déjà des changements radicaux dans la fonte de la neige et de la glace.
« Nous voyons ces proliférations d’algues se propager sur de larges zones le long de la côte », explique dans l’étude la chercheuse Alia Khan. « Les proliférations peuvent être si intenses et sombres, qu’elles réchauffent la surface et provoquent une fonte plus sévère. »
Les scientifiques ont étudié l’impact des algues rouges et vertes sur l’« albédo », une valeur qui représente le pouvoir réfléchissant d’une surface, en l’occurrence celle de la neige. Les surfaces plus sombres diminuent l’albédo, ce qui provoque le réchauffement de la planète.
Comme la croissance des algues est liée aux déchets biologiques des animaux qui produisent les nutriments dont les algues ont besoin pour se développer, les chercheurs ont choisi des sites fréquentés par les phoques, les pingouins et d’autres oiseaux. Ils ont constaté que les plaques d’algues vertes réduisent l’albédo de la neige de 40 %, et les plaques d’algues rouges de 20 %.
Dans l’Antarctique, les proliférations d’algues entraînent la fonte supplémentaire d’environ 3700 mètres cubes de glace par an. « Nous constatons que ces nouvelles floraisons plus sombres et plus étendues ont pour effet d’accélérer la fonte, une rétroaction qui fait que la glace se retire un peu plus vite », a précisé Ted Scambos, chercheur à l’Université du Colorado Boulder et co-auteur de l’étude. « Mais comme d’autres systèmes naturels, le changement climatique pousse les choses vers de nouveaux extrêmes, avec des conséquences non désirées. »
Les conclusions de l’étude démontrent que les algues jouent un rôle important dans la fonte des neiges dans les régions où elles sont présentes, et devraient donc être prises en compte dans les futures estimations de l’expansion de la zone libre de glace dans l’Antarctique. À ce titre, les prochaines recherches se concentreront sur une cartographie plus large de la propagation des algues et les raisons de leur prolifération.