Le Canada financera des refuges pour des femmes et des enfants inuit
Le gouvernement canadien promet de financer la construction et les activités de cinq refuges destinés à des femmes inuit et à leurs enfants.
Le ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller, en a fait l’annonce mardi en fin de journée avec le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Ahmed Hussen.
« Cet engagement important offrira la protection et les services de soutien nécessaires pour aider les survivants et mettre fin à la violence », a dit Marc Miller, par voie de communiqué.
Quatre refuges seront construits dans les différentes régions inuit au pays, regroupé sous l’appellation « Inuit Nunangat », en inuktitut. Cette région regroupe la région désignée des Inuvialuit, aux Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, le Nunavik et la Nunatsiavut, dans le nord de Terre-Neuve-et-Labrador.
Un cinquième refuge verra aussi le jour à Ottawa, où se trouve l’une des plus importantes populations inuit en milieu urbain dans le sud du pays.
La construction de tels établissements faisait par ailleurs l’objet d’une des recommandations formulées dans le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, paru en mai 2019.
Des demandes « enfin » entendues
Cette annonce est un grand soulagement pour l’organisme national pour femmes inuit Pauktuutit et sa présidente, Rebecca Kudloo, qui militent depuis de nombreuses années pour la construction de refuges pour femmes dans le Nord.
« Nous nous sommes battues pendant des années et nous avons fait preuve de force, affirme-t-elle, en entrevue téléphonique depuis Baker Lake, au Nunavut. Enfin, nous avons été entendues. »
Elle estime à environ 20 millions de dollars le budget nécessaire à la construction des cinq refuges. Cette somme sera issue de l’enveloppe fédérale d’environ 724 millions de dollars annoncée à l’automne 2020 pour mettre en œuvre une stratégie globale de prévention de la violence.
L’emplacement des cinq établissements sera déterminé après une concertation entre les différents organismes inuit de la région, selon Rebecca Kudloo.
Des violences qui persistent
En 2017, une analyse de Statistique Canada concluait que les femmes de moins de 24 ans vivant dans le Nord représentaient 17 % des victimes de crimes violents au pays, alors qu’elles représentent moins de 7 % de la population féminine de cet âge à l’échelle nationale.
Rebecca Kudloo ajoute que la pandémie de COVID-19 a augmenté la vulnérabilité des femmes et des enfants inuit en raison « du stress et du fait que beaucoup d’hommes restent à la maison », croit-elle.
Elle admet que ces cinq refuges seront insuffisants pour combler « les écarts importants qui persistent dans le Nord ». Environ 70 % des 51 communautés de l’Inuit Nunangat n’ont pas accès à des refuges d’urgence.
La présidente de l’organisme Pauktuutit assure toutefois que cela représentera un pas dans la bonne direction : « Voici ce dont ont l’air des actions concrètes vers une réconciliation significative pour les femmes inuit. »