Langues officielles dans le Grand Nord canadien : les organismes francophones se disent satisfaits
Les organismes porte-parole de la francophonie au Yukon, aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut sont satisfaits du document de réforme déposé par la ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
Le document déposé vendredi a été bien accueilli par de nombreux organismes francophones à travers le pays, dont la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), mais critiqué par des membres de l’opposition qui continuent d’attendre le projet de loi.
La ministre y propose, entre autres, l’obligation pour les juges de la Cour suprême d’être bilingues, le renforcement des pouvoirs du commissaire aux langues officielles et l’élargissement des pouvoirs du Conseil du trésor pour qu’il surveille mieux l’épanouissement des communautés linguistiques en situation minoritaire.
« Agréablement surpris »
À l’Association franco-yukonnaise (AFY), la présidente Jeanne Beaudoin affirme d’emblée réagir « très positivement ». « On est agréablement surpris de ce que contient le document de réforme d’Ottawa sur les langues officielles. »
La Franco-Yukonnaise de longue date retrouve dans le document la plupart des demandes faites ces dernières années telles que celle de confier au Conseil du Trésor la responsabilité du respect de la Loi dans toutes les institutions fédérales, ou encore l’inscription dans la Loi du programme de contestation judiciaire auquel l’organisme francophone a fait appel dans le passé. « On a été entendus », souligne-t-elle.
La présidente souligne que tout repose maintenant sur l’adoption d’un projet de loi en la matière dans un contexte de possibles élections.
Le document prévoit entre autres la reconnaissance des différentes dynamiques linguistiques dans les provinces et les territoires, notamment le fait que le français, l’anglais et des langues autochtones sont reconnus officiellement aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut.
Contrairement aux deux autres territoires toutefois, la Loi sur les langues du Yukon(Nouvelle fenêtre) stipule non pas textuellement que le territoire est bilingue, mais plutôt qu’il tend vers le bilinguisme.
« Une petite nuance », dit Jeanne Beaudoin qui souligne toutefois que des jugements ont permis au fil des ans de raffermir la position du français.
La présidente espère qu’avec cette réforme, les ententes de financement fédérales territoriales contiendront des clauses pour forcer Whitehorse à rendre des comptes, comme doivent le faire les organismes auprès du territoire pour leur propre financement.
Un statut particulier
Les réactions sont similaires pour les organismes porte-parole aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Ils sont ravis que le document de travail reconnaisse le statut particulier du français comme une langue vulnérable dans certaines régions du pays.
Le membre du conseil d’administration de la Fédération franco-ténoise (FFT) et représentant de l’organisme à la FCFA, Étienne Croteau, a été convaincu en lisant le document que les demandes des francophones ont été entendues.
« La ministre Mélanie Joly a livré la marchandise », explique-t-il. « C’est important de donner des tapes dans le dos parfois à nos politiciens et elle nous a entendus. »
Il note notamment les nouveaux pouvoirs du commissaire aux langues officielles et les avancées à la Cour suprême comme des points forts.
Selon lui, jusqu’à 82 % des demandes de la FCFA sont reflétés dans le document de la ministre.
« Nous réitérons l’importance de la dualité linguistique au pays », a écrit le président de l’Association des francophones du Nunavut, Goump Djalogue, dans une déclaration.
« Nous espérons que ces orientations vers la modernisation de la Loi sur les langues officielles permettront une suite rapide et précise pour obtenir une législation en faveur des intérêts et des besoins des francophones du Nunavut et du Canada », conclut-t-il.