Une association inuit s’oppose au projet d’expansion de la mine Mary River dans le Grand Nord canadien
L’Association inuit de Qikiqtani (QIA), qui représente les Inuit de l’est du Nunavut, change son fusil d’épaule en se rangeant du côté des communautés de l’île de Baffin qui s’opposent au projet d’expansion de la mine Mary River.
L’organisme qui œuvre dans la région de Qikiqtaaluk en a fait l’annonce vendredi au terme d’une rencontre des membres de son conseil d’administration.
Ces derniers s’opposent maintenant à la deuxième phase du projet d’expansion de l’entreprise Baffinland, jugeant que les voix des Inuit n’ont pas été suffisamment entendues.
« Les Inuit n’ont pas pris part à l’élaboration de la proposition et les informations clés sur les conséquences du projet demeurent floues », a déclaré le président de QIA, P.J. Akeeagok.
L’organisme s’inquiète aussi des conséquences incertaines du projet sur l’environnement, surtout sur les populations de caribous, de phoques et de narvals.
La mine Mary River est située à quelque 176 kilomètres au sud-ouest de la communauté de Pond Inlet, sur l’île de Baffin.
La compagnie qui l’exploite souhaite doubler sa production de minerai de fer en passant de 6 à 12 millions de tonnes par an.
L’expansion de la mine implique la construction d’un chemin de fer d’environ 110 km pour transporter d’importantes quantités de minerai de fer. Elle entraînerait aussi une hausse du trafic maritime dans la région.
Ce projet cause toujours d’importantes divisions dans la région. Au mois de février, des chasseurs inuit ont bloqué l’accès à la piste d’atterrissage et à une route de la mine de fer Mary River pendant environ une semaine pour exprimer leur désaccord.
QIA, qui était auparavant en faveur du projet d’expansion, reçoit d’importantes redevances minières de l’entreprise Baffinland.
En juillet, les deux entités ont annoncé une entente qui confère aux Inuit davantage de responsabilités en matière de surveillance environnementale dans le projet d’expansion, dont la mise en place d’un programme inuit d’intendance dans toutes les communautés touchées par la mine.
Or, en janvier, durant la dernière série d’audiences publiques, plusieurs associations de chasseurs et de trappeurs ont demandé qu’un plan de gestion environnementale soit mis en place avant que le projet d’expansion ne soit approuvé, plutôt que l’inverse.
« La consultation est un processus continu important tout au long du développement et de l’exploitation de [la mine] Mary River », a affirmé l’entreprise dans un communiqué samedi soir.
Cette dernière espère rencontrer les représentants de QIA pour trouver un terrain d’entente.
Les dernières audiences publiques sur le projet d’expansion se tiendront à Iqaluit du 12 au 21 avril.