Le blocage d’une mine de fer au Nunavut dans le Grand Nord canadien prend de l’ampleur

Des habitants d’Iqaluit manifestent pour dénoncer le projet d’expansion de la mine de Mary River. (Beth Brown/Radio-Canada)
L’entreprise minière Baffinland Iron Mines Corporation soutient que 700 travailleurs sont bloqués sur place et que la suspension des vols de ravitaillement pourrait avoir rapidement des effets néfastes. Pour l’instant, les négociations achoppent avec les chasseurs protestataires.

Des membres des communautés du Nunavut sont venus manifester pacifiquement lundi, en solidarité avec un groupe de chasseurs qui bloque la mine de fer de la rivière Mary, au nord de l’île de Baffin, sur des terres qui appartiennent aux Inuit.

À Pond Inlet, Igloolik ou Arctic Bay, ils soutiennent que les droits d’exploitation du territoire des Inuit sont ignorés dans l’offre de la compagnie Baffinland Iron Mines Corporations d’agrandir la mine.

Annie Nattaq est une des organisatrices de la manifestation dans la capitale du Nunavut. Une trentaine de personnes se sont rassemblées au centre pour personnes âgées d’Iqaluit. « Bien que Pond Inlet soit loin d’ici, je ne reçois plus de poisson ni de viande de baleine de là-bas. J’en subi les effets. Et j’appuie les gens de Pond Inlet », clame-t-elle. Les chasseurs estiment que le blocus des mines se poursuivra jusqu’à ce que les problèmes soient résolus.

Doubler la mise : un danger pour la faune

La Baffinland Iron Mines Corporation veut doubler sa production minière annuelle pour la porter à 12 millions de tonnes. Pour ce faire, elle construirait un chemin de fer et augmenterait le transport maritime par son port de Milne Inlet.

Mais les manifestants dénoncent le fait que ce projet s’ancre notamment dans les eaux entourant le port, qui sont essentielles pour le narval dans l’Arctique canadien.

Mekai Popoff, originaire de Pond Inlet, souligne que les fondateurs du Nunavut se sont battus avec acharnement pour que les Inuit aient leur mot à dire sur leurs terres. « Je soutiens le développement économique. Mais souvenez-vous juste de ce à quoi nos anciens dirigeants ont renoncé pour que nous puissions avoir le Nunavut, nous ne pouvons pas abandonner ça. Nous pensons à nos jeunes générations. »

Annie Nattaq et Ooresie Unahah, réunies en soutien aux chasseurs de Pond Inlet. (Radio-Canada)

Étant donné qu’il faut des jours entiers depuis Pond Inlet pour se rendre en motoneige jusqu’à la mine isolée, il n’y a qu’une dizaine de personnes qui bloquent la mine. Donat Milortuk, l’organisateur de la manifestation de Naujaat, souhaite que les chasseurs qui participent au blocus sachent qu’ils ne sont pas seuls.

« Nous pensons à nos jeunes générations. Nous voulons un environnement propre et une nourriture saine. C’est la responsabilité de chacun. Nous ne voulons pas que notre faune et nos terres soient contaminées. »

Les hommes se disent pacifiques. Ils portent certes des armes à feu, mais elles font partie de leur équipement de sécurité pour voyager dans une zone où il pourrait y avoir des ours polaires. Ils disent qu’ils ne partiront pas tant que les préoccupations des communautés n’auront pas été prises en compte lors des consultations environnementales organisées pour discuter de l’expansion.

Des travailleurs coincés sur place

Baffinland dit respecter le droit de manifester, mais soutient que le blocage pose des problèmes de sécurité.

Comme la piste d’atterrissage est fermée, environ 700 personnes sont bloquées sur le site de la mine. Les vols de ravitaillement sont suspendus, et la piste ne peut être utilisée pour des vols de recherche et de sauvetage ou des vols médicaux tant que la maintenance n’est pas terminée. L’entreprise dit avoir rencontré les chasseurs plusieurs fois pour leur demander de mettre fin au blocage.

Selon l’accord du Nunavut, la mine doit négocier avec l’association des Inuit de Qikiqtani les avantages qui reviennent aux Inuit. Baffinland soutient que les manifestants veulent que les communautés les plus proches de la mine reçoivent directement des redevances minières et affirme qu’elle n’a pas le pouvoir d’accepter ces requêtes. Elle promet plus de 2 milliards de dollars de redevances aux Inuit et soutient qu’elle a besoin de s’agrandir pour être rentable.

Vers une solution en mars?

Mardi l’entreprise a publié un communiqué dans lequel elle affirme qu’il y a un accord entre les différentes parties pour que la situation évolue, mais que la négociation bute pour l’instant pour rouvrir la piste d’atterrissage.

Avant même que le blocage soit levé, une autre manifestation est prévue en mars pour réunir toutes les communautés touchées à Iqaluit. À ce moment-là, la Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions (CNER) doit faire ses recommandations sur le projet minier au gouvernement fédéral, qui a le dernier mot sur l’expansion.

Avec les informations de CBC

Radio-Canada

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