Dans le Grand Nord canadien, un projet pilote vise à transformer du carton en granulés

Ces granulés sont fabriqués à partir de carton et peuvent être mélangés à des granulés de bois, pour être utilisés dans des poêles et chaudières à granulés de bois. (Patrick Gall)
L’Institut Aurora pour la recherche développe depuis 2017 un projet pilote de transformation du carton en granulés, à Inuvik, aux Territoires du Nord-Ouest. De récents tests ont donné des résultats prometteurs pour la transformation de cette matière difficile à recycler dans cette région éloignée du territoire.

Patrick Gall, technicien de recherche à l’Institut Aurora, tente de donner une seconde vie aux déchets de carton pour les transformer en combustible pour les poêles et les chaudières à granulés de bois.

Si ce projet pilote atteint ses objectifs, il pourrait créer de l’emploi, réduire les émissions de gaz à effet de serre et permettre de réduire la quantité de carton qui se retrouve à la décharge d’Inuvik. Selon Patrick Gall, le transport du carton vers le Sud pour son recyclage n’est pas possible en raison de l’éloignement géographique d’Inuvik.

Une entreprise locale se réjouit déjà du potentiel de ce projet. « Nous avons énormément de déchets de carton », dit Shyla Traer, gérante de Bob’s Welding. « Nos étagères sont remplies tous les jours de produits qui nous sont livrés dans des boîtes de carton. »

« Ce serait super si nous pouvions faire quelque chose pour recycler [ce carton]. Ce serait mieux que de l’envoyer à la décharge », ajoute-t-elle.

Toutefois, le projet n’est pas encore déployé à grande échelle.

Pour pouvoir brûler les granulés de carton de façon sécuritaire, il faut les mélanger à des granulés de bois. Patrick Gall explique que le carton contient beaucoup d’additifs provenant de sa fabrication qui ne se retrouvent pas dans les granulés de bois.

Ces additifs peuvent laisser des dépôts dans les chambres de combustion des poêles à granulés de bois. C’est pour cette raison que la combustion du carton crée beaucoup plus de cendres.

Patrick Gall se tient à côté d’une machine qui peut transformer du carton en granulés à chauffage. (Patrick Gall)

De récents tests de combustion ont confirmé la thèse de Patrick Gall, à savoir qu’un ratio de 5 à 10 % de granulés de carton mélangés à des granulés de bois donne de très bons résultats. « Les résultats n’étaient peut-être pas surprenants, mais cela a été également un soulagement », dit-il. « On a validé notre produit […] Maintenant, il est temps d’augmenter la production. »

Le coût élevé

Il y a encore beaucoup à faire avant de pouvoir se chauffer aux granulés de carton à Inuvik.

Patrick Gall dit que le coût d’une petite presse à granulés, qui est d’environ 90 000 $, plus 10 000 $ pour les modifications électriques, est « irrécupérable ». Il espère que ceux qui veulent acheter leur propre usine pourront trouver du financement.

Et, bien que Patrick Gall ait lui-même récupéré le carton en faisant le tour des entreprises pour le projet pilote, il estime que ce ne serait pas rentable d’embaucher quelqu’un pour faire ça. Il faut des ententes avec des épiceries ou la décharge municipale afin de récupérer du carton en quantité.

Patrick Gall croit que ces partenariats aideront à s’assurer que le coût des granulés de carton est comparable au coût des granulés de bois. Il dit que l’Institut Aurora pour la recherche devra aussi établir ces ententes pour mettre la main sur les 450 kilogrammes de carton par jour qui seront nécessaires pour augmenter la production de granulés de carton cette année.

« En ce moment, on peut faire fonctionner la presse à granulés de deux à trois heures par jour. Ce serait bien de pouvoir la faire fonctionner huit heures par jour, pendant une semaine, pour voir à quelle rapidité nous pouvons nous mettre au rythme », dit-il.

Prochaines étapes

Il faudra d’abord augmenter la production de granulés de carton pour évaluer la performance de la presse à granulés.

Or, pour le moment, l’Institut Aurora se concentre sur d’autres travaux, selon Patrick Gall. Le projet pilote est donc au ralenti, mais pourrait reprendre à la fin de l’été, selon le financement et la disponibilité de la main-d’œuvre.

Patrick Gall espère aussi qu’une entreprise, une communauté ou même une épicerie dans une autre communauté des Territoires du Nord-Ouest lanceront un projet similaire.

Avec les informations de Liny Lamberink

Radio-Canada

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