Des scientifiques mesurent les conséquences des changements climatiques sur les profondeurs de l’océan Arctique

Les effets de la pollution lumineuse pourraient se produire à grande échelle à cause notamment de la fonte de la glace de mer et de la présence accrue de l’homme. (Natalie Thomas/Reuters)
Ces dernières années, les scientifiques observent davantage de lumière dans l’océan Arctique à cause de la fonte des glaces. Un phénomène qui a déjà des conséquences sur les espèces marines de la région.

Tous les étés, la glace de mer de l’extrême Nord fond. Les bouleversements climatiques accélèrent cette fonte toujours un peu plus. On sait d’ailleurs que l’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste de la planète.

En septembre 2020, la glace couvrait 3,74 millions de kilomètres carrés dans l’Arctique, ce qui représente la deuxième plus petite mesure jamais réalisée par les scientifiques et environ la moitié de ce qui a été mesuré en 1980.

Des scientifiques étudient les impacts du changement climatique sur les différentes espèces qui vivent dans l’océan Arctique. Ils s’intéressent notamment à la lumière, car plus la glace de mer diminue, plus la lumière peut atteindre les profondeurs.

À ce titre, Karen Filbee-Dexter, chargée de recherche à l’école des sciences biologiques de l’Université d’Australie-Occidentale, a indiqué en entrevue sur le site d’analyse de l’actualité The Conversation que l’augmentation de la lumière du soleil modifiait les forêts de laminaires sous-marines de l’Arctique.

« Le long des côtes arctiques, on peut déjà voir les transformations produites par la hausse des températures », a-t-elle dit. « Il n’est donc pas surprenant que nos écosystèmes réagissent, puisque ces changements sont vraiment spectaculaires et perceptibles. »

Avec un peu plus de 14 millions de kilomètres carrés, l’océan Arctique est le plus petit et le moins profond des océans du monde. C’est aussi le plus froid. Une « plateforme » de glace de mer flotte non loin de son centre, prenant de la surface pendant la saison hivernale et se contractant en été sous l’effet du soleil.

« Ce qui se passe présentement dans l’Arctique, c’est que nous avons cette perte massive et dramatique de la glace de mer. Cela signifie qu’une grande partie de la côte arctique, qui est normalement couverte de glace et qui ne reçoit pas beaucoup de lumière, est maintenant soudainement ouverte au soleil. »Karen Filbee-Dexter, chargée de recherche à l'école des sciences biologiques de l'Université d'Australie-Occidentale

Même la nuit polaire n’est jamais totalement sombre, a précisé Jørgen Berge, cité par The Conversation. Le professeur d’écologie marine arctique à l’Université de Tromsø en Norvège ajoute qu’il existe différents types de lumière provenant à la fois de l’éclairage du soleil, des aurores boréales, de la lune, mais aussi des lumières biologiques.

Les chercheurs tentent de comprendre les effets de la pollution lumineuse sur les espèces marines de l’Arctique. (STR/AFP/Getty Images)

Et puis la fonte de la glace de mer permet aux navires de traverser les eaux du Grand Nord, apportant avec eux de la lumière artificielle. Selon Jørgen Berge, même pendant la nuit polaire, lorsque le soleil ne se lève pas pendant des mois, la lumière joue un rôle important.

« Le recul de la glace de mer, l’industrie de la pêche, l’exploration pétrolière et gazière, la navigation, et surtout la présence humaine de plus en plus importante dans l’Arctique pendant la nuit polaire, entraînent également des lumières artificielles. Pour l’instant, nous ne sommes pas capables de dire dans quelle mesure cela constitue un problème, mais c’est l’une des choses que nous commençons à examiner. »Jørgen Berge, professeur d'écologie marine arctique à l'Université de Tromsø

Le professeur explique que ses récentes recherches ont permis de découvrir à quel point la lumière artificielle peut perturber les créatures qui vivent dans les écosystèmes nordiques.

Dans une étude récente publiée dans la revue Nature et menée dans l’archipel arctique de Svalbard, entre la Norvège continentale et le Pôle Nord, des chercheurs ont constaté que les lumières d’un navire perturbaient les poissons et le zooplancton à au moins 200 mètres de profondeur.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *