7600 km du Nord au Sud du Canada : la traversée historique de deux aventuriers de Québec

Nicolas Roulx et Guillaume Moreau. (Jean-Sébastien Chartier-Plante)
La plus longue traversée du Canada du nord au sud de l’histoire. C’est le défi que se lancent Guillaume Moreau et Nicolas Roulx qui s’envoleront pour l’île Ellesmere, le 15 mars, pour entamer un périple de sept mois. Incursion dans l’extraordinaire expédition de 7600 kilomètres, de la banquise du Nunavut aux routes du sud de l’Ontario.

Guillaume Moreau et Nicolas Roulx ne devaient pas se lancer dans une nouvelle aventure si rapidement. Arrivés à la communauté inuit de Nain, au Labrador, à la fin de l’été 2018, ils venaient de terminer avec quelques acolytes un périple de soixante-cinq jours de canot à travers les monts Torngat.

« On a rencontré un dénommé Noah Noggasak, un Inuk de la communauté qui avait un projet depuis très longtemps d’une traversée du Canada dans un axe absolument non conventionnel, du nord au sud », relate Nicolas, 27 ans.

Un des canots de l’expédition AKOR 2018. (Expédition Akor/Facebook)

« Je me souviens qu’on s’est regardé et ça y est, le rêve était lancé. Nous, on est des rêveurs professionnels », ajoute en souriant Guillaume, 29 ans.

Deux ans et demi plus tard, les deux amis d’enfance poseront bel et bien le pied sur la banquise du nord du Nunavut pour entamer une traversée historique, le projet AKOR 2021.

Une longue préparation

« Tu n’as pas idée à quel point c’est complexe d’un point de vue logistique, sans compter la préparation physique et mentale. On parcourt 7600 kilomètres en ski, canot et vélo. Juste rassembler le matériel, c’est très long », lance Nicolas, qui a gagné une trentaine de livres dans la dernière année en prévision de sa perte de poids durant le périple.

La préparation minutieuse des 24 derniers mois a été une aventure en soi, dit-il, mais le véritable plaisir est sur le point de commencer.

Guillaume Moreau, Nicolas Roulx et Jacob Racine sur le réservoir Manicouagan, l’hiver dernier. (Expédition Akor/Facebook)

Parce que c’est bel et bien avec plaisir que les deux aventuriers se couperont de la civilisation pour entamer, d’abord, un itinéraire de trois mois sur la banquise du Nunavut où ils tireront chaque jour des traîneaux de près de 300 livres.

Seuls sur la banquise

Joints pour cette portion de l’expédition par un équipier d’expérience, Jacob Racine, ils devront constamment évaluer la glace sous leurs skis et gérer le froid mordant du Grand Nord canadien.

« La marge d’erreur est vraiment mince. Il suffit d’un mouvement, un 20 secondes avec la main à l’air libre dans un vent à – 40°C et tu peux faire des engelures. »Nicolas Roulx

Sans compter les possibles rencontres avec le grand prédateur de l’Arctique, l’ours polaire. Un réel danger pour le trio.

La première portion de l’expédition mènera Nicolas Roulx, Guillaume Moreau et Jacob Racine de Eureka à Gjoa Haven, 1600 kilomètres avec un seul ravitaillement à la baie Resolute. (Marianne Vezeau/Radio-Canada)

« C’est l’art de la gestion du risque. Malgré la fatigue, la faim et le froid, il ne faut jamais faire de geste précipité, il faut constamment réévaluer le risque et ça, c’est beaucoup basé sur notre expérience », détaille Guillaume.

Chaque mouvement pour monter et démonter le campement a été visualisé et pratiqué pendant quelques semaines, l’hiver dernier, sur la glace du réservoir Manicouagan. L’horaire des repas et le menu devront également être soigneusement respectés de manière à engloutir 7000 calories par jour.

Un menu gargantuesque
  • Les trois aventuriers mangeront pratiquement la même chose chaque jour lors des trois mois passés sur la banquise.
  • Déjeuner : gruau ou céréales avec des arachides des fruits séchés
  • Une fois par heure : barre tendre ou gâteau
  • Dîner : soupe ramen avec du fromage et du saucisson
  • Une fois par heure : barre tendre ou gâteau
  • Souper : croustilles, chocolat, repas déshydraté, fromage, saucisson
  • Avant de se coucher : chocolat
2000 kilomètres de canot

Après 1600 km sur la banquise, Nicolas et Guillaume profiteront de leur passage dans la communauté inuite de Gjoa Haven pour se ravitailler et troquer leurs traîneaux pour deux canots.

Deux nouveaux équipiers, Étienne Desbois et Philippe Voghel-Robert prendront la place de Jacob Racine alors que le groupe amorcera un tracé d’environ 2000 km sur de grandes rivières à travers la toundra jusqu’au nord de la Saskatchewan.

Les membres de l’expédition AKOR en 2018, à la tête de la rivière George. (Expédition Akor/Facebook)

« On va partir en tirant nos canots comme si c’était des traîneaux, mais on n’aura plus de skis dans les pieds. Éventuellement, on va trouver de l’eau libre et on va pouvoir pagayer comme une expédition de canot normal environ deux mois », décrit Nicolas.

Libérée de la menace d’une rencontre avec un ours polaire, la petite équipe fera face à de nouveaux dangers.

« On va remonter des rivières en pleine débâcle. Des rivières à relativement gros débit. Il a beaucoup de risques associés au canot aussi. »

Deux volets scientifiques
  • Durant toute l’expédition, Guillaume et Nicolas prendront des notes sur leur appétit, leur sommeil et leur transformation physique destinées à des chercheurs universitaires en santé désireux d’étudier l’effet du périple sur leur corps.
  • Doctorant en biologie forestière, Guillaume Moreau profitera aussi du périple pour effectuer des prélèvements sur des arbres qui alimenteront déjà entamés sur l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes nordiques.
Une exploration de soi

Ce n’est donc qu’en arrivant à la communauté de Black Lake, au nord de la Saskatchewan, que les aventuriers pourront pousser un réel soupir de soulagement. Puis ils se lanceront dans le dernier droit, 4000 km de vélo jusqu’au parc national de Pointe-Pelé, au sud de l’Ontario.

Un mois à pédaler où Guillaume Moreau et Nicolas Roulx pourront retrouver en douceur la civilisation en complétant leur traversée historique.

Une sortie d’entraînement sur le réservoir Manicouagan. (Expédition Akor/Facebook)

Un exploit qu’ils désirent réaliser pour eux-mêmes, sans revendiquer quelconque titre d’explorateurs.

« On ne part pas explorer le territoire. C’est déjà fait. C’était fait depuis l’occupation autochtone, depuis des milliers d’années en réalité. Nous, on fait juste voyager à travers ce territoire-là et la seule exploration qu’on fait, c’est celle de nos propres limites en tant qu’humain », conclut Nicolas.

Radio-Canada

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