Les bouleversements climatiques pourraient favoriser l’hybridation entre l’ours polaire et le grizzli
On le prénomme l’ours pizzly ou bien l’ours grolar. Cette espèce hybride issue de la rencontre entre un ours polaire et un grizzli pourrait augmenter en nombre en raison de la crise climatique qui touche de plein fouet les régions arctiques du globe.
« Nous connaissons les pizzlys depuis un certain nombre d’années, mais leur apparition pourrait être plus fréquente avec le réchauffement continu de l’Arctique », a déclaré dans une vidéo disponible en ligne Larisa DeSantis, paléontologue et professeur de biologie à l’Université Vanderbilt située à Nashville dans l’État du Tennessee.
C’est en 2006 qu’a été découvert pour la première fois un pizzly à l’état sauvage. L’animal avait été tué par un chasseur américain sur l’île Banks dans les Territoires du Nord-Ouest au Canada. Il avait alors remarqué des différences physiques notables comme une fourrure blanche sur le corps et des taches brunes au-dessous des yeux. Des tests ADN avaient plus tard confirmé que cet ours était en fait le résultat d’une hybridation.
Des observations dans la nature de pizzly sont ensuite devenues plus fréquentes. À ce titre, une étude publiée dans la revue Arctic expliquait en 2017 que des chercheurs avaient réussi à localiser une femelle ours polaire dont la progéniture était le fruit d’accouplements avec deux grizzlis mâles.
Selon les propos de Larisa DeSantis, les grizzlis se déplacent plus au nord à mesure que les températures augmentent. Pendant ce temps, « les ours polaires doivent de plus en plus chercher d’autres sources de nourriture, lorsque la chasse aux phoques sur la glace de mer devient impossible. »
Car les ours polaires ont besoin de la glace de mer pour chasser les phoques qui représentent une grande part de leur régime alimentaire. Plusieurs rapports scientifiques ont d’ailleurs mis en corrélation la fonte accélérée de la banquise et le réchauffement climatique.
La paléontologue explique que des ours polaires et des grizzlis ont été observés près de carcasses de baleines, ce qui favorise les accouplements « opportuniste ». Comme les ours polaires et les grizzlis partagent un ancêtre commun vieux seulement de 500 000 à 600 000 ans, les progénitures sont donc capables d’engendrer des descendants.
Toutefois, il faudra du temps et des recherches supplémentaires pour savoir si ces hybrides sont bien adaptés à la survie, ajoute Mme DeSantis. « La plupart du temps, les hybrides ne sont pas plus vigoureux que l’une ou l’autre des deux espèces. », a déclaré Mme DeSantis tout en précisant que les espèces individuelles ont généralement les adaptations les mieux adaptées à leur habitat. « Il y a eu des cas où les hybrides étaient plus vigoureux, en particulier si l’environnement s’éloigne de ce qu’il était auparavant. »